Pharrell Williams signe un défilé-manifeste pour le multiculturalisme
loading...
Paris - Mannequins noirs vêtus de noir, blancs en blanc et une planète pour tous: le créateur star du groupe LVMH, Pharrell Williams, a donné mardi soir le top départ de la Fashion Week de Paris avec un show audacieux sur le thème de l'universalisme et de la diversité, à l'Unesco.
Une collection qui "célèbre les humains qui cohabitent sur terre" et "l'esprit d'union " que veut porter la marque française, selon son communiqué. Un certain universalisme fait d'humains de "la même chair et du même sang". Singulièrement, les mannequins ont défilé sur la musique d'un orchestre symphonique, d'abord par couleur de peau, avec des silhouettes dans tes tons assortis: des modèles noirs en noir, métisses en teintes de marron et caucasiens en beige ou blanc, avant une grande réunion multicolore pour le final.
Côté silhouette, les dandys Vuitton de l'été 2025 passent du costume de diplomate à sage mallette au voyageur pressé, allure de pilote en bombers en cuir XXL capuche, casquette et lunettes. Le costume noir va chercher "la nuance la plus noire" jamais créée par Vuitton, dit encore le communiqué comme un clin d'oeil, à propos de ces velours d'encre, brodé aux fils d'argent qui prennent la lumière.
Il restera certainement de la troisième collection signée Pharrell Williams pour Vuitton, un an après le légendaire défilé du Pont-Neuf, un nouveau damier en bleu et vert, comme les couleurs d'une mappemonde, décliné en costumes et accessoires.
'All Black'
Ce défilé fort en message s'est déroulé sous le symbole fort des drapeaux des Nations, sous un ciel capricieux, dans ce lieu haut lieu du multilatéralisme qu'est le palais de l'Unesco, l'agence onusienne en charge de l'éducation, la science et la culture.
Le défilé baptisé "Le monde est à vous" voulait aussi symboliser l'union des "LVERS" les amis de la marque venus des quatre coins du monde, mais significativement moins de têtes d'affiche qu'avant, malgré la présence de l'acteur Omar Sy, de l'ex-international de football Didier Drogba, du chanteur nigérian Burna Boy ou du nouveau prodige du basket, le Français Victor Wembanyama.
Le message, le premier de cette intensité dans un contexte politique lourd en France, marquée par un score inédit du parti de Marine Le Pen, a raisonné particulièrement auprès de ce premier rang composé presque exclusivement de personnalités noires.
"On vit dans une période très tendue, la France s'ouvre sur le monde comme jamais, avec ce défilé, avec les JO et on se retrouve avec la possibilité d'un gouvernement d'extrême droite qui nous terrifie", a déclaré à l'AFP le réalisateur Djiby Kebe, du collectif Kourtrajmé, badge "nous on vote" sur le costume Vuitton. Une vidéo du collectif Air Afrique avait annoncé la couleur: des enfants représentant la future génération de diplomates, écoutant un discours de l'écrivain Aimé Césaire sur l'identité et l'universalisme.
Régressif
La Fashion week masculine a été formellement lancée mardi après-midi par le défilé des élèves de l'Institut français de la Mode, qui ont fait souffler un vent régressif, avec des silhouettes en couche culottes brodées, des peluches humaines, du fluo... La semaine de la mode masculine, qui présente les collections printemps/été de 2025 sera marquée dimanche par le "Vogue World", un défilé-spectacle sur le modèle du Gala du Met organisé place Vendôme par le magazine Vogue, sur le thème de Paris et du sport. Les JO de Paris (à partir du 26 juillet) ont bousculé le calendrier des maisons de couture, sommées de boucler leurs tenues avec deux semaines d'avance.
Dans ce calendrier resserré, Balmain, Givenchy et Valentino ont jeté l'éponge. Mais Dior Homme, Hermès, Kenzo ou encore AMI seront de la partie. Enfin, cette Fashion Week sera marquée par le départ du Belge Dries Van Noten qui présentera son dernier défilé samedi avant de se mettre en retrait de sa marque. Elle doit durer jusqu'à dimanche et sera suivie d'une semaine de la haute couture, jusqu'au 27 juin. (AFP)