Rick Owens enrôle Paris dans un défilé de toutes les démesures

Paris - Rick Owens s'est surpassé jeudi, médusant des centaines de spectateurs avec un défilé monumental en plein air constitué d'une armée de silhouettes inquiétantes et fières, vêtues de sa collection monochrome, blanche.

La fumée se dissipe. Un premier bataillon en combinaison à capuche, épaulettes spatiales, descend les escaliers en pierre monumentaux du parvis du Palais de Tokyo. Ces douze silhouettes en combinaison de soie bougeant au vent sont juchées sur des bottes à plateforme, signature du créateur qui transporte immédiatement dans la science-fiction et Hollywood.

La bande-son qui résonne jusqu'à la tour Eiffel, la Symphonie numéro 7 de Beethoven devenue l'un des grands hymnes du cinéma, aide à parfaire le voyage. La collection printemps-été 2025 de Rick Owens, installé à Paris depuis des décennies, a été baptisée "Hollywood", d'après le "boulevard du vice" où s'est retrouvé le jeune créateur échappé de sa petite ville de Californie conservatrice dans les années 1970.

Une référence à l'époque glorieuse du cinéma muet, avec des visages peints en blanc, l'oeil inquiétant, intemporel comme dans "Metropolis", le film de Fritz Lang de 1927 devenu un classique. L'auréole dorée vient surmonter les looks en denim blanc, s'intégrant parfaitement à cette ambiance "art déco" du Hollywood des années 1920. Les vestes de motard à capuche en cuir se posent sur des robes conçues pour être portées par hommes ou femmes, en satin blanc comme un voile.

Après avoir présenté en petit comité dans son appartement parisien les deux dernières saisons, Rick Owens explique dans un communiqué avoir voulu inviter "tout le monde", des étudiants, des apprentis créateurs, des amis d'il y a 25 ans et des figures de la communauté trans.

Son équipe reconnaît que la petite maison indépendante, notamment louée pour son audace, a voulu voir les choses en grand pour ce dfilé. Le clou du spectacle, ponctué par les applaudissements des spectateurs, était l'arrivée d'une sorte de radeau soulevé par des porteurs et dont des femmes gymnastes formaient le mât. Il arborait un étendard pirate constitué d'une main blanche qui serrait une main noire.

"Exprimer notre individualité, c'est bien, mais parfois, exprimer notre unité et notre besoin de s'appuyer les uns aux autres, c'est aussi pas mal... surtout face à l'explosion d'intolérance que nous expérimentons dans le monde en ce moment", a écrit Rick Owens. (AFP)