« Sessùn se développe loin des modèles standardisés », Emma François, fondatrice de la marque
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Un an après l’entrée d’Experienced Capital Partners à son capital, FashionUnited fait le point avec Emma François sur les derniers développements de Sessùn.
Que s’est t-il passé depuis juin 2017 et l’arrivée du fonds ECP ?
Nous n’avons pas arrêté, nous sommes une véritable machine mais restée à taille humaine ! La marque s’est dotée de nouveaux points de vente à Nice, Lyon, Nantes, Toulouse ou Biarritz et nous avons ou allons déménager des boutiques historiques, comme à Aix en Provence et Lille (ouverture en octobre), pour des emplacements de dernière catégorie plus grands. Soit 80 mètres carrés, ce qui est énorme pour nous. De même qu’à Paris, nous allons ouvrir la toute première boutique Sessùn « Oui », rue des Saints-Pères (6ème), où l’offre, au départ éphémère, sera disponible toute l’année.
Quels sont vos rapports avec vos investisseurs ?
Tout est dans « le laisser faire » et dans « le faire confiance ». C’est assez unique car contrairement à nos concurrents, nous ne sommes pas dans la standardisation. Chacune de nos boutiques est différente de l'autre. C’est une démarche qui coûte chère mais comme Sessùn marche bien, nous pouvons nous permettre ses outils. Nous nous développons de façon différente et avec respect des lieux que nous occupons dans une démarche de responsabilité et de conservation du patrimoine. Pour toutes nos équipes, c’est une grande satisfaction et du bonheur.
Être différent, c’est une force ?
Je dirai même plus : c’est possible ! Même si Sessùn est une marque de mode, nous ne faisons pas que cela. Nous offrons un univers, une façon de voir les choses. C’est une expression à part entière et pour moi c’est l’avenir. Cela me rappelle la thèse que j’avais soutenue étudiante parlant de « capitalisme à visage humain ». Cela peu paraître antinomique, mais c’est surtout pour moi un développement intelligent et harmonieux de mon entreprise.
Comment a évolué le style ?
Je pense que nos propositions sont plus audacieuses ; les looks ont gagné en volume. Nos clientes n'ont pas d'âge particulier et notre cible s'est élargie. Après 22 années d'activité, Sessùn a été adoptée, les clientes se la sont appropriée et l'interprètent à leur façon. Nous avons gagné en maturité.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur la marque ?
Au total, nous comptons 34 points de vente et corners dont 16 boutiques. Quatre nouvelles ouvriront encore d’ici la fin de l’année. Quant au chiffre d’affaires, il connaît une croissance à deux chiffres. C’est un rythme raisonnable et surtout humain. Nous avons toujours les mêmes équipes (147 employés dont 35 au siège de Marseille) et je ne tiens pas à ce qu’il y ait de grands bouleversements.
Quelles sont les prochaines étapes pour la marque ?
2018 est l’année des grands chantiers. Déjà, Sessùn a intégré toutes ses filiales. Avant il y avait une sarl par boutique, maintenant elles ont toute fusionné. Donc pour la première fois, au 31 décembre nous aurons un vrai bilan consolidé. Enfin, d’ici 2020, j’aimerai prendre de vrais engagements sociétaux (patrimoine, artisanat) car cela me tient à cœur. Concernant l’international (aujourd’hui 25 pour cent des ventes), nous avons encore des étapes à franchir. Nos fondations doivent se renforcer pour attaquer des marchés comme les Etats-Unis où nous sommes très attendus. Pour ce faire, il faudra intégrer des cadres et une nouvelle direction financière pour l’export. Tout cela change le visage d’une entreprise. C’est passionnant, mais je veille à avoir une croissance qualitative plus que quantitative. L’un n’ira pas sans l’autre, c’est mon leitmotiv !
Photos : Portrait Emma François – Boutique Sessùn Toulouse – Collection Automne-Hiver 2018.