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Spartoo : « Nous sommes aujourd’hui la plus grande marketplace d’Europe »

By Céline Vautard

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Mode|INTERVIEW

Avec 140 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2015, le site français de vente en ligne dédié à la chaussure est devenu leader sur son secteur en Europe. Depuis 2015, place également à des boutiques en propre. Rencontre avec Boris Saragaglia, PDG de la société même pas trentenaire.

Spartoo fête ses 10 ans cette année. Comment a démarré votre histoire ?

B.S : Nous sommes trois ingénieurs de formation et amis (Boris a étudié à Mines et HEC Entrepreneurs, Paul Lorne à Centrale et HEC Entrepreneurs et Jérémie Touchard à Mines), et nous avons démarré sur le campus de notre école avec l’envie de construire une aventure humaine. Pour nous, la chaussure était quelque chose de très rationnelle. Nous croyons en deux choses : une entreprise qui marche se développe et pour cela nous avons étudié des tas d’exemples de croissance de sociétés ; ensuite les fonds d’investissements sont primordiaux et nous avons regardé dès le début le portfolio de ceux qui investissent. A l’époque, nous nous sommes inspirés de l’Américain Zappos, site spécialisé dans la vente de chaussures, qui venait de lever 20 millions de dollars. Persuadés que ce modèle pouvait fonctionner en Europe, nous avons décidé de l’importer.

Qu’elles ont été les étapes de votre développement ?

B.S : Nous nous sommes concentrés sur le France durant les 4 à 5 premières années de notre existence afin d’amener la rentabilité et nous le sommes devenus dès 2009. L’accélération à l’international s’est faîte en 2010 (Spartoo est aujourd’hui présent dans 24 pays) ainsi que l’ouverture à la maroquinerie. En 2013, nous avons lancé notre activité textile. En 2014, nous avons créé la marketplace qui est aujourd’hui la plus grande d’Europe (3 500 marques et plus de 300 000 produits) et lancé nos marques propres. Enfin en 2015, nous avons ouvert nos premières boutiques physiques et créer notre propre filiale de transport (TooPost).

Se diversifier, n’est-ce pas le début d’un autre métier ?

B.S : Nous sommes toujours à fond dans la chaussure et nous utilisons le textile et la bagagerie comme un accessoire ! Et puis nous restons challenger sur notre secteur avec une offre qui regroupe environ 500 marques soit plus de 70 000 modèles. La chaussure représente plus de 80 pour cent de nos ventes contre 5 pour cent pour les sacs et 15 pour cent pour le textile.

Qu’est-ce qui vous différencie aujourd’hui de vos concurrents (Zalando et Sarenza) ?

B.S : Comme je le disais, notre offre est la plus importante actuellement et surtout nous développons nos marques propres (10 à ce jours dont les trois principales sont BT London, Moony Mood et Fericelli) qui proposent chacune plus de 260 modèles de chaussures, 120 sacs et 200 pièces textiles par saison. Elles viennent s’ajouter aux 3 000 marques déjà présentes sur le site.

Pourquoi vous ouvrir au cross-canal ?

B.S : Nous sommes une entreprise sur le long terme et outre notre volonté de nous industrialiser et de nous internationaliser (l’export représente la moitié du chiffre d’affaires), ce que nous faisons déjà, nous voulons aussi être au plus près des attentes de nos clientes. Grâce au Net, nous avons une largeur de gamme unique mais le relationnel manque toujours. Du coup, il nous semblait important d’allier le digital à l’humain. La première boutique a ouvert il y a un an à Grenoble et nous en comptons aujourd’hui 12. C’est un métier que nous allons densifier mais qui restera français. Nous regardons de près les acquisitions à la barre du Tribunal. Après les régions Rhône Alpes, Nord et Est, nous nous préparons pour arriver en Ile-de-France et à Paris.

Comment fonctionne une boutique Spartoo ?

B.S : Nous recherchons des emplacements en centres villes et centres commerciaux autour de 100 mètres carrés. Chaque point de vente se compose d’un grand écran pour surfer sur notre site et de vendeurs équipés de tablettes. Sur place, nous proposons les meilleurs produits observés sur le Net mais l’on peut aussi venir commander, essayer ou renvoyer une paire. Cinquante pour cent du trafic d’une boutique est ainsi lié au Click and Collect. Les boutiques sont un vrai défi de fidélisation.

Enfin, parlez-nous de votre siège et de vos équipes ? Vous êtes basés en France mais avez une équipe très internationale.

B.S : Oui, depuis nos débuts nous sommes à Grenoble et nos locaux se sont bien agrandis. Actuellement nous sommes sur 2 000 mètres carrés et nous venons de rapatrier notre service client sur place, soit plus de 400 personnes au total de 20 nationalités différentes. Concernant le call center il regroupe plus de 70 personnes natives des pays dans lesquels nous sommes présents afin de répondre au mieux et au plus vite aux demandes de nos clients (plus de 1 000 appels par jour). Quant aux réseaux sociaux, ils jouent également un rôle de proximité (300 chats par jour) toujours pour répondre en direct selon la langue de chacun. Aujourd’hui, bien que nous soyons une société internationale avec 14 millions de visiteurs uniques par mois, nous veillons à garder un esprit startup et une communication transparente. L’esprit d’équipe est très présent et pour cela nous organisons des soirées corporate chaque trimestre (sorties bowling, dégustation œnologique, spectacle) et chaque année tous nos salariés sont invités pour un voyage à l’étranger. C’est ça l’esprit Spartoo !

Photos : Portrait de Boris Saragaglia, PDG de Spartoo, Intérieur de la boutique Spartoo à Grenoble ©PierreJayet, Les locaux de Spartoo à Grenoble.


Boris Saragaglia
SPARTOO