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Téhéran-Berlin: la double identité de Nobi Talai

By Herve Dewintre

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Des lignes claires et sobres, des tissus amples, fluides, légers, un jeu savant de volumes obtenu par des techniques d’enroulement sophistiquées : la femme Nobi Talai fonde sa personnalité sur une dualité singulière. Elle semble à la fois s’être inspirée des tenues nomades perses, des éléments traditionnels de la culture du Proche-Orient ; et d’un autre coté, elle paraît s’intéresser de près à tout ce que la mode contemporaine propose de minimaliste et de sculptural. Un mélange original qui confère un caractère hybride - et malgré tout délicieusement féminin - aux vêtements proposés par cette jeune marque au croisement des cultures.

Nobi Talai est un label berlinois qui propose une mode ouverte sur le monde. Sa fondatrice Nobieh Talaei est née à Téhéran en 1978. Le fil directeur de son travail se caractérise par un amour évident de l’artisanat traditionnel (elle parle volontiers des tenues que portait sa grand-mère nomade) et par une recherche approfondie sur ce que doit constituer la garde robe contemporaine d’une femme en phase avec son époque. Ce mélange s’ épanouit avec maestria au sein de collections simples mais puissantes, des robes, des boléros, des pantalons larges, des capes, en somme des vêtements destinés à toutes les occasions, qui flattent la silhouette et dans lesquels on se sent bien.

L’Allemagne, nouveau pays de la mode?

Nobieh Talaei quitta son Iran natal à l’âge de 11 ans pour accompagner sa famille en Allemagne. La jeune fille aima immédiatement ce pays féru de design, qui, par son héritage de protestantisme, rejette instinctivement l’ostentation au profit d’un désir de fonctionnalité. Elle sentit immédiatement que les consommatrices allemandes se tournaient en priorité vers des tenues discrètes et confortables, vers le « Funktionskleidung », tout en fuyant spontanément tout ce qui pouvait sembler ouvertement trop sexy. Pour rien au monde, Nobieh Talaei ne voulut, lorsque l’occasion se présenta, quitter sa terre adoptive pour d’aller étudier la mode ailleurs.

L’Allemagne, nouveau pays de la mode?

Dans la droite ligne du Bauhaus, le vestiaire sobre, pratique et de qualité créé par Nobieh Talaei, entre aussi en résonnance avec sa culture iranienne. Cette double identité, la créatrice n’a pas voulu l’aplanir ou la gommer pour la faire rentrer dans un moule. Elle a voulu au contraire l’exalter comme un fil conducteur, comme l’essence de son futur label.

Créée en 2015, la marque Nobi Talai fut présentée à la Berlin Fashion Week, avant d’être repérée par le Fashion Council Germany qui organise notamment à Paris, pendant les semaines de la mode, un salon de la mode berlinoise (Berliner Mode Salon) avec le soutien de Condé Nast. Grace à cet appui, la marque a pu être présentée à la presse et aux acheteurs lors de la dernière Fashion Week parisienne, parmi d’autres labels berlinois prometteurs. Et ce en présence de Suzy Menkes et de Karl Lagerfeld.

A l’image de Jil Sander qui a su en son temps mixer l’influence de la contre-culture avec les manifestations d’un artisanat européen plus traditionnel, le label Nobi Talai – trois collections à son actif – semble naturellement amener à prendre la tête d’une nouvelle génération de créateurs allemands qui s’émanciperont peu à peu du poids de la tradition pour l’enrichir de nouveaux horizons esthétiques et culturelles. Il y a fort à parier que la mode allemande risque de nous surprendre bientôt.

Crédit photo: Nobitalai.com

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