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Tenues chics, panneaux isolants ou raquettes de ping pong: que deviennent les tenues usagées de La Poste et de la SNCF ?

By AFP

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Credits: VINCENT KOEBEL / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Sous l'immense patio aux allures industrielles de La Poste du Louvre à Paris, se tient en ce jour de juin un curieux défilé de mode. Difficile d'imaginer que derrière cette robe grise minimaliste ou cette veste en cuir bordeaux se cachent d'anciennes tenues de La Poste.

C'est pourtant à partir de ces déchets qu'a travaillé Collectivo, un collectif de couturiers parisiens utilisant uniquement des habits abîmés ou abandonnés qui, pour cette collection nommée "Décarbonation", a inclus 30% de matériaux récupérés auprès de l'entreprise publique.

A partir de gilets et de jeans de postiers usagés, des designers ont imaginé toute une collection de mode.

Une proposition artistique qui place sous les projecteurs la problématique de la valorisation des tenues techniques usagées mais qui ne peut répondre à elle seule à la prise en charge des 80.000 tonnes annuelles produites par les entreprises concernées, selon les chiffres des professionnels.

Depuis le 1er janvier 2025, cette valorisation est obligatoire en France, au titre de la loi Agec.

Volumes "significatifs"

La SNCF a elle eu dès 2016 "l'idée d'une démarche collaborative" pour mettre en place une filière de tri, collecte et valorisation de tenues professionnelles usagées, alors qu'à l'époque, "les seules options" étaient "l'incinération ou l'enfouissement", témoigne l'entreprise auprès de l'AFP.

Ce projet, qu'elle pilote, regroupe plusieurs donneurs d'ordre outre la SNCF parmi lesquels La Poste, la Ville de Paris, GRDF, les ministères de l'Intérieur et des Armées, l'ONF (Office national des forêts) et ESF (Ecole du ski français).

Il s'appuie sur le maillage de Synergies TLC, un organisme qui fédère plusieurs acteurs du tri, de la collecte et de la valorisation textile. Dernier maillon de la chaîne, l'usine Nouvelles Fibres Textiles (NFT), inaugurée en 2023 dans le Rhône, prépare les vêtements au recyclage. Ses machines trient par matière puis ôtent les "points durs" (boutons, zips, etc.). Les matières sont ensuite envoyées à des entreprises capables de les transformer en isolant, en rembourrage, en bobines de fils destinés à l'habillement, etc.

Les "possibilités de recyclage" des vêtements professionnels sont "intéressantes", analyse Eric Boël, le président de NFT: ces vêtements sont "bien normés, avec des fiches techniques claires", plus standardisés que les vêtements grand public, et avec des volumes "significatifs".

Chaque année, la SNCF recycle ainsi 15 tonnes de vêtements. Et La Poste, 18 tonnes de matériaux transformés en nouvelles fibres, en panneaux d'isolation voire en revêtement pour raquettes de ping pong, détaille auprès de l'AFP Laure Mandaron, directrice RSE de l'entreprise.

Enjeu de sécurité

Désormais, la filiale Recygo de La Poste et Suez propose à d'autres entreprises (BTP, restauration collective, etc.) de faire collecter leurs anciennes tenues par les facteurs.

Ces vêtements sont ensuite acheminés par La Poste jusqu'à Synergies TLC puis au site industriel de Nouvelles Fibres Textiles.

Et les résultats sont "encourageants", estime M. Boël auprès de l'AFP. En 2024, trois millions de vêtements ont été pris en charge par l'usine, dont 20% de vêtements professionnels, chiffre l'expert.

A titre d'exemple, entre 2021 et 2024, plus de 620.000 nouvelles tenues ont été commandées par les 75.000 postiers et agents travaillant dans les centres de tri et de distribution du courrier et des colis, indique à l'AFP Philippe Dorge, responsable de la branche Services Courrier Colis de La Poste.

Avant la mise en place de cette filière, "les postiers (qui étaient propriétaires de leurs tenues, NDLR) les gardaient, pour jardiner, par exemple", se souvient M. Dorge.

Mais ensuite? Eric Boël alerte: ces vêtements "ne sont pas réemployables" car reconnaissables et souvent porteurs de logo. "Imaginez qu'une veste de contrôleur de la SNCF ou la tenue d'un gendarme se retrouvent dans la nature" et soient utilisées de manière frauduleuse. Il est donc nécessaire d'avoir "un espace sécurisé pour les traiter et une traçabilité", conclut-il.(AFP)

La Poste du Louvre à Paris
Sncf