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Yves Saint Laurent 1971, quand la mode rétro faisait scandale

By AFP

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Jugée "hideuse" par la presse de l'époque en raison de son style rappelant les années d'Occupation, la collection 1971 d'Yves Saint Laurent, aujourd'hui estimée fondamentale dans la mode contemporaine, s'expose à la Fondation Pierre Bergé, à Paris, à partir de jeudi.

Inspirée des années 1940, avec des silhouettes aux épaules carrées, des jupes au genou, des semelles compensées, cette collection a scandalisé les clientes et les chroniqueuses, qui avaient vécu ces années de guerre, explique Olivier Saillard, commissaire de l'exposition. Influencé par l'allure de Paloma Picasso qui s'habillait aux Puces, portait turban et rouge à lèvres, le couturier a aussi choqué en faisant défiler des mannequins très maquillés, vêtus de couleurs criardes, aussitôt comparés par les commentateurs à des filles des rues. Vestes de tailleur gansées aux revers de col exagérés, manteau en renard vert, manteau de velours noir brodé de bouches en paillettes roses, robes de soir à imprimés grecs représentant des éphèbes: sur quelque 80 modèles présentés lors de ce défilé du 29 janvier 1971 dans la maison de couture, 28 sont exposés. Les autres sont représentés par des croquis grandeur nature sur les murs, accompagnés des échantillons de tissus utilisés et du nom du mannequin portant la tenue.

En bien ou en mal, la collection fait parler d'elle

Accueillie par des réactions extrêmement hostiles dans la presse, française comme anglo-saxonne, la collection est un échec commercial: elle fait chuter de moitié le nombre des clientes. Mais la rue donne finalement raison à Saint Laurent, puisque ce style des années 1940 influence toutes les années 1970, qui elles-mêmes reviennent aujourd'hui sur les podiums. "Saint Laurent est le premier qui acte l'avènement des modes rétro, avec lui les filles vont aller aux Puces, se tourner vers le vintage", commente Olivier Saillard. La collection provoque aussi l'effondrement des barrières entre prêt-à-porter et haute couture, "pour faire la mode que l'on connaît aujourd'hui", souligne-t-il.

Elle marque enfin un changement dans l'image du couturier, qui "jusqu'alors avait été le Saint Laurent de Dior ou le Saint Laurent de l'androgynie des années 1960. A partir de là, c'est le Saint Laurent qui veut bien habiller la bourgeoisie mais s'en moquer un peu aussi". Rares sont les collections depuis à avoir provoqué de tels scandales. Les derniers en date, note Olivier Saillard, sont les créateurs japonais dans les années 1980, dont les vêtements troués évoquant la fin du monde avaient suscité de virulentes réactions dans la presse. Autrement plus véhémentes que le buzz qui a entouré récemment la vue de sexes masculins au défilé de l'Américain Rick Owens, en janvier. (AFP)

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