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LVMH : Bernard Arnault assure ne pas avoir été "au courant" d'une opération de surveillance de Ruffin

By AFP

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Bernard Arnault, 2022. Credits: ERIC PIERMONT / AFP

Paris - "Je n'étais absolument pas au courant": le PDG de LVMH Bernard Arnault a assuré jeudi avoir ignoré toute opération de surveillance entre 2013 et 2016 de François Ruffin, qu'il a accusé, en perdant son calme, "d'instrumentaliser" le procès de l'ex-patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini.

"Je voudrais rappeler que je suis ici comme un témoin, simple témoin, et que ma mise en examen n'a jamais été envisagée par les juges d'instruction", déclare en préambule le milliardaire, qui se présente comme "ingénieur". Dès ses premiers mots, Bernard Arnault, 75 ans, fait référence à François Ruffin, partie civile, assis à quelques mètres derrière lui.

Ce sont ses avocats qui l'ont cité à comparaître pour être questionné sur l'opération de surveillance mise en place entre 2013 et 2016 par Bernard Squarcini et plusieurs autres prestataires de LVMH contre le journal Fakir, à l'époque du tournage du film "Merci Patron!"

Dans sa déclaration liminaire, Bernard Arnault dépeint son groupe, "premier de la zone euro" qui verse "8 milliards" d'euros à l'Etat par an et "recrute le plus en France". "C'est une contre-vérité de dire que nous étions les champions du licenciement et des délocalisations", estime-t-il. "Je pense que M. Ruffin essaie d'instrumentaliser ce procès pour des raisons personnelles, médiatiques, politiques, voire même commerciales, parce qu'en même temps il fait la promotion de son dernier film", poursuit-il, qualifiant cela de "choquant". Et de citer une "idéologie trotskiste" dont s'inspirerait d'après lui le député, selon laquelle "quand tu veux émerger politiquement, trouve un ennemi très connu et accroche-toi à lui pour progresser".

"Boire un café"

Dans ce dossier aux multiples ramifications, Bernard Arnault a été entendu par les juges d'instruction mais il n'a pas été renvoyé devant le tribunal aux côtés des dix prévenus.

LVMH a signé, en 2021, une Convention judiciaire d'intérêt publique (CJIP) de 10 millions d'euros pour éviter les poursuites. Bernard Arnault était-il au courant d'une tentative de chantage visant sa vie privée en 2008, pour laquelle la DCRI (devenue DGSI) a mobilisé ses agents afin d'identifier le maître-chanteur? "Absolument pas". Concernant la surveillance de François Ruffin et de Fakir, alors que Bernard Squarcini avait rejoint le privé, a-t-il été tenu informé par Pierre Godé, le vice-président du groupe, depuis décédé ? "Absolument pas".

Aux nombreuses questions du tribunal, il répète que c'était ce dernier, son bras droit, qui gérait la "sécurité": dans une entreprise de "220.000 personnes", les choses sont "réparties", Pierre Godé avait "les mêmes pouvoirs que moi" et "pleine autonomie", assure-t-il.

Le patron de LVMH, qui possède notamment Les Echos et Le Parisien, se présente aussi comme un "partisan de la liberté de la presse", disant avoir vu "Merci, patron !" à sa sortie et l'avoir trouvé "assez drôle". "Je n'ai jamais demandé à utiliser de barbouzes, je suis tout à fait contre", affirme-t-il, "je suis personnellement contre l'infiltration".

Le grand patron n'a donc pas d'antagonisme personnel avec François Ruffin ?, lui demande le président. "Non", répond Bernard Arnault, il est "très inventif", "je serais ravi de l'inviter à boire un café éventuellement avec un cornet de frites (...)".

"Imbécilités"

Plus tard, il s'étonne : "il est là?" et se retourne. "Bonjour, M. Arnault", le salue le député, qui lui lance avoir essayé "de nombreuses fois" de le rencontrer.

Mais il se crispe ensuite quand le conseil de François Ruffin, Me Benjamin Sarfati, le questionne sur des menaces envers le journaliste Tristan Waleckx et des pressions sur un autre, Benoît Duquesne, à l'occasion d'un reportage sur lui.

Des "élucubrations" qui "n'ont rien à voir", s'agace Bernard Arnault. "M. Ruffin essaie d'utiliser ma personne pour se faire mousser politiquement parce qu'actuellement il est au bord du gouffre", s'énerve-t-il.

"Vous lisez son comportement avec les lunettes qui sont les vôtres, celles de la prospérité commerciale", réplique Me Sarfati, qui l'interroge sur la délocalisation de l'usine de Poix-du-Nord (Nord), au cœur de "Merci, patron". "Sur la même période, j'ai crée combien d'emplois ? 190.000 ! Ça va à M. Ruffin ou il va continuer avec ses imbécilités ?", s'emporte le PDG, lâchant les mots "questions débiles".

"Est-ce que vous accepteriez de venir à Poix-du-Nord, pour partager une cassolette de moule-frites avec les salariés ?", demande finalement l'avocat. "Commençons par un rendez-vous à Paris avec M. Ruffin, et on verra la suite". En sortant de la salle, le député dénonce "des mensonges réitérés sous serment". (AFP)

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