Plusieurs pistes face au mystère autour des actions d'un héritier d'Hermès
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Un des héritiers du groupe de luxe Hermès, dont la fortune aurait disparu, avait-il cédé une partie de ses actions à LVMH ou les avait-il placées dans un "trust"? Le mystère reste entier, d'après une enquête de Tamedia, qui identifie plusieurs pistes possibles.
Le groupe de presse suisse, propriétaire notamment de la Tribune de Genève, a publié dimanche une longue enquête sur une affaire à rebondissements concernant les actions de Nicolas Puech, un arrière-petit-fils du fondateur de la maison française de maroquinerie, qui avait hérité de plus de 6 millions d'actions, soit 5,76% du capital, représentant au cours actuel un montant d'environ 13 milliards de francs suisses (13,8 milliards d'euros), et qui affirme qu'elles lui ont été dérobées.
L'enquête de Tamedia explique avoir analysé "des centaines de pages de documents judiciaires et financiers" qui "ne révèlent pas où se trouvent ses actions aujourd'hui, mais dessinent, comme un jeu de piste, la séquence des événements qui ont mené à leur disparition".
L'octogénaire installé en Suisse, le plus gros actionnaire individuel de l'entreprise, avait affirmé que ses actions avaient "disparu" à l'aide "stratagèmes" non identifiés, ont rappelé les journaux de Tamedia.
Dans une plainte déposée à Genève en 2023, il avait accusé son ancien gestionnaire de fortune, l'homme d'affaires suisse Eric Freymond, ainsi que le président du bureau de gestion de patrimoine Phidias Gestion, d'avoir "astucieusement détourné" ses avoirs, sans expliquer comment, rapporte l'enquête. Sa plainte contre son ancien gestionnaire de fortune avait cependant été rejetée.
La première piste autour de la disparition de "ce trésor" avancée par Tamedia tourne autour de la participation qu'avait discrètement constitué le géant du luxe LVMH, qui avait fini par détenir 23% d'Hermès.
Selon cette enquête, des comptes genevois appartenant à M. Puech avait été utilisés pour "des montages subtils" afin d'alimenter l'empire de Bernard Arnault "en millions d'actions Hermès", ce qui pose la question de savoir si M. Puech avait alors vendu une partie de ses titres, peut-être même "sans qu"il en ait forcément conscience, puisqu'il ne gérait pas lui-même ces comptes", écrivent les journaux de Tamedia.
"Cette théorie a le mérite de la simplicité", mais "plusieurs éléments la contredisent et suggèrent que le milliardaire a pu cacher ses actions ailleurs", estiment-ils toutefois.
Compte aux Bahamas
Car pris en étau entre "les convoitises de LVMH et les pressions de sa famille", avec qui "il est en froid", M. Puech aurait "très tôt cherché à mettre ses actions à l'abri", poursuit l'auteur de l'enquête, qui envisage aussi la piste d'un "trust".
Il évoque un message adressé à son gestionnaire de fortune, dans lequel M.
Puech dit avoir transféré ses titres dans un "trust", ainsi qu'un voyage aux Bahamas en 2013 en sa compagnie durant lequel un compte en banque avait été ouvert. L'objectif était de mettre une partie de son patrimoine hors de Suisse pour abaisser son forfait fiscal, selon une personne "au fait de ce voyage", précise l'enquête, sans la nommer. Mais ce transfert ne concernait pas ses actions, selon cette source.
A ce stade, il est "impossible" de savoir si ces titres ont été transférés "loin de Genève", ni si M. Puech a vraiment créé ce "trust", reconnaît cependant l'auteur de l'enquête, qui ne peut pour l'instant procéder que par recoupement de sources et documents.
Mais une troisième piste est également explorée, qui serait celle de "l'oubli". L'enquête relève notamment des propos fluctuants de son avocat, qui a assuré que l'octogénaire n'est pas ruiné. "Mon client ne sait rien, il ne s'occupait de rien, il a oublié", aurait affirmé son avocat lors de discussions avec son ancien gestionnaire et une fondation à qui il avait initialement promis de léguer sa fortune.
L'énigme autour des actions de M. Puech a fait l'objet de nombreuses enquêtes de presse, sans être résolue pour l'instant.
"Les avocats de Nicolas Puech ont interpellé banques, avocats et gestionnaires", dont Phidias Gestion, et "on devrait donc en savoir plus dans les mois à venir", affirment les journaux de Tamedia.
Contacté par l'AFP, Phidias Gestion n'a pas souhaité faire de commentaires.(AFP)