Commerces "non essentiels" : le casse-tête de la réouverture le 11 mai
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Paris - Les commerces actuellement fermés en raison de la crise sanitaire ne pourront rouvrir à partir du 11 mai que s'ils font respecter les "gestes barrières" et prennent des mesures de "distanciation sociale". Un défi qu'il sera compliqué de relever, prévient le secteur.
Entre les enseignes de l'habillement et de la chaussure, celles qui proposent des soins esthétiques ou les salons de coiffure, c'est tout le problème du contact entre le commerçant et son client qui se pose. Or "quel que soit le commerce en question", le Premier ministre Édouard Philippe a appelé dimanche à "multiplier les gestes barrières pour diminuer au maximum la circulation du virus et sa vitesse".
"Nous travaillons déjà depuis quelque temps aux conditions de cette réouverture", afin de voir quelles mesures seraient prises pour "garantir cette sécurité sanitaire à nos clients et à nos salariés", a affirmé lundi Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), sur BFM Business.
Ces mesures, a-t-il ajouté, seront "largement inspirées de ce que nous avons pu faire dans l'alimentaire", où plusieurs dispositions ont été rapidement généralisées pour protéger salariés et clients: vitres de plexiglas aux caisses, distribution de masques chirurgicaux au personnel, désinfection régulière des caisses et des paniers, réduction du nombre de personnes dans le magasin, files d'attente respectant un mètre de distance, mise à disposition de gel hydroalcoolique à l'entrée ou aux caisses...
Spécialiste du secteur mode et distribution au sein du cabinet Kea & Partners, Céline Choain affirme à l'AFP que les enseignes, à moins de trois semaines de cette échéance, sont "globalement dans une situation critique avec des scénarios de reprise d'activité qui vont pour la plupart osciller entre mi-mai et fin mai".
Cette réouverture "va poser des tas de questions opérationnelles pour les équipes magasins et logistique", estime-t-elle, évoquant entre autres les "flux clients et de marchandises en magasin, la file d'attente en caisse, le droit ou non de toucher ou d'essayer les produits, l'augmentation des activités liées à la vente en ligne (notamment la gestion des retours pendant la période de confinement), etc."
"Juste équilibre"
A l'Alliance du Commerce, qui rassemble l'Union du grand commerce de centre-ville, la Fédération des enseignes de l'habillement et celle des enseignes de la chaussure, "on se donne cette semaine pour mettre au point un plan avec le Conseil du commerce de France (CdCf) afin que les enseignes aient ensuite quinze jours pour l'appliquer".
Il faut trouver "un juste équilibre entre des règles de sécurité sanitaire nécessaires et un niveau de contraintes qui n'entrave pas l'activité" du magasin ni sa rentabilité, explique à l'AFP Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce. Pour lui, le problème de l'absentéisme des salariés du secteur -aux deux tiers des femmes- risque de se poser en plus si les écoles ne rouvrent pas toutes le 11 mai.
De son coté, la Confédération nationale de l'esthétique et de la parfumerie (CNEP) s'interroge sur les prestations qui pourront être proposées. "L'épilation ne devrait pas poser de problème puisque la praticienne et le client peuvent être masqués et cela peut être fait en portant des gants", relève par exemple Régine Ferrère, présidente de l'organisation. En revanche, d'autres soins vont être problématiques, comme ceux au visage, pendant lesquels "l'on est très proche du client".
Son homologue de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté et spa (CNAIB Spa), Martine Berenguel, explique pour sa part à l'AFP avoir "travaillé sur les gestes barrières", afin de "protéger les salariés et [les] clientes" et "les rassurer", tout en soulignant que "dans ([a] profession, on s'est toujours lavé les mains, désinfecté".
L'organisme prépare également des consignes pour les esthéticiennes qui travaillent à domicile.
Du côté des coiffeurs, "le mot d'ordre doit être: sécurité d'abord" souligne à l'AFP Luc Hery, secrétaire général du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), qui s'inquiète notamment pour la disponibilité des masques de protection, encore difficiles à obtenir pour certaines entreprises. (AFP)
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