Courreges enlève son vernis et se débarrasse de son vinyle
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Les années 60 regardaient volontiers dans le pare-brise et voyaient dans le progrès technique et industriel l’assurance d’un futur meilleur. Un havre de bonheur suprême symbolisé par le nouveau millénaire à venir. Par un effet miroir plutôt ironique, les années 2000, tourmentées par les effets environnementaux de la surconsommation, se retiennent difficilement de plonger leur regard dans le rétroviseur, vers un passé idyllique, sorte d’âge d’or des jours heureux délicieusement incarnés par le mythe des trente glorieuses.
La maison Courreges, née en pleine vague du futurisme (qu’elle a largement incarnée, au même titre que la maison Cardin puis la maison Paco Rabanne) symbolise ce paradoxe. Relancée par Jacques Bungert et Frédéric Torloting, cédée cette année à Artemis, la holding de la famille Pinault, la marque française fondée par André et Coqueline Courrèges en 1961 se cherche un futur en adéquation avec son passé et en phase avec le présent. Une nécessité absolue : l’année dernière, la marque affichait une perte nette de 18,4 millions d’euros.
Pour retrouver l’essence – et le succès - de la maison de la rue François 1er- une essence composée de modalités nouvelles, d’interactions inédites entre les sexes et les ages - la nouvelle directrice artistique de la griffe, Yolanda Zobel fait part de ses rêves. Des rêves pragmatiques, ancrés dans la réalité quotidienne. Pas d’optimisme béat – l’époque ne s’y prête plus – mais une bonne dose d’énergie positive destinée à marquer les esprits et à faire connaître la marque parisienne à une nouvelle génération.
Un espace éphémère célébrant « la fin du plastique »
Première étape de cette reconquête : un manifeste envoyé aux rédactions et dans lequel le label parisien clame sa bonne volonté. « Le vinyle demeure une de nos matières les plus iconiques. Quand il a fait son apparition dans les années 60, il incarnait un avenir démocratique, libérateur. Aujourd’hui, le monde se noie dans le plastique, et notre avenir dépend de son obsolescence. Comment dans un tel environnement post-plastique pouvons-nous honorer un maître de l’art plastique ? » s’interroge la marque qui possède encore en stock 6000 mètres de vinyle.
La solution s’impose d’elle-même: pour raviver sa relation avec l’avenir, Courrèges s’engage à travailler désormais à la conception de matière alternative. Le vinyle restant ? Il sera vendu par le biais d’une édition limitée et disparaitra de la maison une fois que les stocks seront épuisés. « Dès à présent, nous inscrirons sur chaque nouveau produit en vinyle le chiffre attestant du compte à rebours ainsi mis en place jusqu’au dernier centimètre de vinyle ».
Pour célébrer cette nouvelle ère, Courrèges inaugure ce 26 septembre un espace éphémère baptisé ‘La Fin du Plastique », adjacent à la boutique historique du 8ème arrondissement parisien. L’artiste plasticien Christophe Hamaide-Pierson a imaginé un environnement global, intégrant le vinyle Courrèges. Un espace immersif pour une collection capsule composée de pièces en éco-nylon, de mailles, de t-shirts en coton biologique avec des imprimés, des sous-vêtements seconde peau et des accessoires.
Crédit photos: Courrèges, dr