Les dernières actus sur l'affaire Shein
L'ouverture d'un corner Shein au sein du BHV Marais, à Paris, a agité le secteur de la mode et bien au-delà. Outre la question environnementale soulevée par la production de ses produits, la plateforme de fast fashion a suscité l'émoi après la vente en ligne d'armes et de poupées sexuelles ressemblant à des fillettes. Retour sur les dernières actualités de l'affaire Shein.
50 000 visiteurs
Frédéric Merlin, le patron du BHV s'est félicité de la fréquentation de la boutique Shein dans un post sur Instagram dimanche. "En quelques jours, plus de 50 000 visiteurs sont venus découvrir la première capsule Shein au BHV", a déclaré Frédéric Merlin sur le réseau social. Il a fait état d'"un panier moyen de 45 euros" pour les clients, et affirmé que "près de 15% d'entre eux ont poursuivi leurs achats dans les autres rayons" du grand magasin.
Le dirigeant a également dit vouloir "élargir la capsule avec une offre homme plus complète, un espace enfant, une gamme de robes plus large et des basiques plus accessibles pour répondre à tous les styles de vie". La plateforme, fondée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour, a ouvert mercredi son premier magasin physique au monde dans le célèbre grand magasin situé juste en face de l'Hôtel de Ville de Paris.
Le site de Shein n'est pas suspendu
Shein échappe pour l'heure à une suspension en France après avoir supprimé de son site tous les produits illicites mais reste "sous surveillance rapprochée" du gouvernement et toujours sous le coup de procédures judiciaires.
Les pouvoirs publics avaient donné mercredi 48h à la plateforme asiatique de vente en ligne pour se mettre en conformité avec la loi après la découverte sur son site de poupées sexuelles d'apparence enfantine et d'armes de catégorie A.
Dans un communiqué vendredi, le gouvernement annonce avoir "obtenu la suppression par Shein de tous les produits illicites vendus sur sa plateforme". Ce résultat découle de la décision de Shein de suspendre sa "marketplace" où sont proposées les produits de vendeurs tiers.
La Répression des fraudes a constaté qu'il n'y avait "plus aucun produit illicite (objets à caractère pédopornographique, armes blanches, médicaments...etc.) en vente sur Shein", selon le gouvernement, qui y voit une "victoire fondamentale" pour les consommateurs et l'ordre public.
Mais Shein n'est pas sortie d'affaires. Un nouveau point de situation est prévu la semaine prochaine à la demande du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui "confirme" sur X "le maintien des procédures judiciaires aux fins d'obtenir la suspension de la plateforme".
Le ministère de l'Intérieur a saisi vendredi le tribunal judiciaire de Paris pour "faire cesser les graves dommages à l'ordre public causés par les défaillances répétées de Shein", dit le gouvernement.
"Nouvelles procédures"
En outre, le parquet de Paris a annoncé lundi avoir confié quatre enquêtes à l'Office des mineurs (Ofmin), sur quatre plateformes (Shein, AliExpress, Temu et Wish). Ces investigations portent sur la "diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur", mais aussi, pour Shein et AliExpress, sur la "diffusion de l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique".
"Nous prenons note de la décision du gouvernement aujourd'hui", a indiqué à l'AFP le porte-parole de Shein en France, Quentin Ruffat. "Shein reste engagée dans le dialogue avec les autorités françaises afin de répondre aux préoccupations exprimées et de présenter les mesures que nous avons mises en place pour continuer à nous améliorer".
Au-delà, le gouvernement a constaté la vente de produits illicites sur d'autres plateformes, non nommées, et "engagera dans les prochains jours de nouvelles procédures à leur encontre".
Comme l'a constaté l'équipe de l'Investigation numérique de l'AFP, il semble toujours possible pour un acheteur français de se procurer facilement une poupée sexuelle à l'apparence enfantine sur internet, sans passer par le darkweb.
La recherche d'une des poupées précédemment vendues par Shein a permis vendredi d'atterrir sur un site chinois en proposant. Shein montre désormais patte blanche. "Le Shein d'aujourd'hui n'est pas du tout celui de mercredi", avait reconnu vendredi le ministre du Commerce Serge Papin.
Opération de contrôle à l'aéroport Roissy-CDG
Jeudi à l'aéroport Roissy-CDG, lors d'une opération de contrôle de 100% des colis Shein, des produits "pas aux normes" voire "destinés à un trafic illicite" ont été découverts, selon le ministre.
Pas de rencontre avec le patron de Shein
M. Papin a par ailleurs refusé la possibilité d'une rencontre avec Donald Tang, le patron de Shein, qui s'engageait dans une lettre à "respecter toutes les lois françaises" et proposait une entrevue.
Vendredi, par la voix du ministre du Commerce extérieur Nicolas Forissier, en déplacement à Shanghai, la France a fait savoir à la Chine, où la marque de mode ultra-éphémère fabrique majoritairement ses produits, que la vente par Shein de ces poupées était "inacceptable".
"Il était important d'expliquer cela aux autorités chinoises dans un souci de coopération", a-t-il souligné auprès des journalistes. "J'étais là pour dire : attention, on est très inquiets parce que sur la plateforme Shein, on trouve des produits qui ne sont pas acceptables... Ça crée une émotion, vous devez en être conscients, très forte. Ça n'est pas acceptable.", a-t-il ajouté. Selon le ministre, l'entretien avec le responsable chinois "s'est très bien passé". "Je pense que notre interlocuteur a parfaitement compris le sens de la démarche qui était la mienne".
Plus tard, le ministre français a estimé que "Shein doit garantir la sécurité de ses produits et la protection des mineurs", dans un message sur X. Interrogée sur le sujet, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a refusé de commenter spécifiquement le dossier.
"Par principe, le gouvernement chinois exige toujours des entreprises qu'elles opèrent conformément aux lois et réglementations et qu'elles assument leurs responsabilités sociales", a dit Mao Ning aux journalistes lors d'un point presse.
Sanctionner Shein
La France a également interpellé la Commission européenne pour sanctionner Shein. La ministre déléguée au Numérique, Anne Le Hénanff, s'est entretenue jeudi avec la vice-présidente de la Commission chargée du numérique, Henna Virkkunen. Cette dernière "considère l'affaire des poupées pédopornographiques comme extrêmement grave et ne compte pas en rester là", a assuré la ministre au Parisien.
Des magasins Shein vont ouvrir à Dijon, Reims et ailleurs
Après le BHV à Paris mercredi, des ouvertures sont prévues le 18 novembre à Dijon et Reims et le 21 novembre à Grenoble, puis début décembre à Angers et Limoges, selon la Société des grands magasins (SGM), propriétaire des structures qui accueilleront la marque.
2 milliards de dollars
Le groupe asiatique a annoncé à ses investisseurs tabler sur un bénéfice net de 2 milliards de dollars en 2025 au niveau mondial, soit presque le double de l'an dernier, selon l'agence Bloomberg, qui s'appuie sur des sources proches du dossier.
D'après Bloomberg, grâce à des hausses de prix et des réductions de coûts, Shein a réussi à compenser la baisse de la fréquentation en ligne liée aux droits de douane imposés par Donald Trump aux Etats-Unis - en l'occurrence la suppression de l'exemption de droits de douane pour les colis postaux d'une valeur égale ou inférieure à 800 dollars, soit 686 euros. Shein a atteint au premier trimestre 400 millions de dollars de bénéfice net et près de 10 milliards de chiffre d'affaires, selon Bloomberg.
Cet article a été réalisé à partir de plusieurs dépêches AFP transmises à FashionUnited.