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Mode et RSE : où en est-on en France ?

By Céline Vautard

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Les consommateurs réclament de plus en plus de transparence dans la mode. Une étude réalisée par le cabinet Vigeo pour la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin avec le soutien du DEFI dresse un état des lieux.

« L’étude découle d’un constat qui se vérifie depuis plusieurs années : le sujet sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la sécurité des produits et la protection de l’environnement en lien avec la mode montent dans la conscience des consommateurs, confie François-Marie Grau, Délégué général de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin (FFPAPF). Sans compter que depuis, des obligations réglementaires sont arrivées. » Ainsi, la loi « Grenelle 2 » impose un rapport annuel RSE pour les entreprises françaises qui dépassent les 500 salariés et depuis février 2017, la loi sur le devoir de vigilance des entreprises donneuses d'ordre, qui s’applique également aux sous traitants étrangers, a été adoptée. « Pour cela, il nous semblait justifié de faire un point sur le sujet », souligne François-Marie Grau.

Une prise en compte du cycle de vie complet

« Dans l’ensemble, le constat est satisfaisant mais certaines démarches sont encore peu ou pas structurées sur ce sujet », poursuit le Délégué général. Parmi les enjeux figure l’éco-conception des produits. Cela passe par l’identification et l’intégration des impacts sur l’environnement dans la conception des articles de mode et des services en s’appuyant sur le cycle de vie complet de ceux-ci. Soit de la fabrication à la destruction. Parmi les bonnes pratiques identifiées auprès des marques cela recouvre :
-Les matières (biologiques, équitables, recyclées, certifiées).
-La production assistée d’un système de management environnemental approprié, un contrôle ainsi qu’un suivi des performances environnementales.
-La distribution et les transports avec une optimisation des flux de ces derniers (maritime, rail, véhicule électrique…).
-La durée de vie allongée grâce au choix de la qualité du produit et à son entretien. Cela comprend la sensibilisation des clients à un entretien moins consommateur d’eau et d’énergie.
-La réutilisation par la collecte avec par exemple des opérations de recyclage avec containers.

Des consommateurs plus attentifs

De fait, au–delà de se mettre en conformité, l’enjeu pour une marque ou une enseigne est de créer de la valeur tout le long de sa chaîne : du fournisseur, au sous-traitant en passant par ses collaborateurs et surtout jusqu’au client final. Si cela signifie plus de contraintes, une fois mise en place, le nouveau process devient au final pour les sociétés engagées une carte à jouer pour séduire davantage les consommateurs. Des consommateurs qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à accorder de l’attention à leurs achats et à l’éthique des marques. En effet, en 2016, 51 pour cent des Français déclaraient vouloir consommer autrement (produits éco-labellisés, certifiés éthiques, locaux, moins polluants), source : Étude Ethicity-GreenFlex 2016. Dernièrement, c’est l’enseigne Camaïeu qui s’est lancée dans une opération de recyclage d’envergure nationale. « Sur nos 600 magasins, 450 ont participé à l’opération et l’adhésion a été forte aussi bien en interne qu’auprès de nos clientes », confirme Emmanuelle Bach Donnard, directeur digital & marketing de l’enseigne. La collecte de vêtement qui s’est tenue du 27 mars au 2 avril en partenariat avec l’association Tissons la solidarité a ainsi permis de récolter 30 tonnes de vêtements ! « Au total, 12 000 clientes ont participé et chacune a en moyenne rapporté 10 vêtements, poursuit Emmanuelle Bach Donnard. Outre le fait de faire du rangement, elles ont eu le sentiment de participer à une bonne action, c’est ce que nous appelons un cercle vertueux ! » Le plus, en magasin, elles ont reçu une offre immédiate de -25 pour cent sur un article.

« La partie fin de vie d’un vêtement et le recyclage de ceux-ci sont un sujet qui progresse bien et vite, assure François-Marie Grau. C’est un enjeux important car si la consommatrice revient en boutique faire un geste responsable, elle y reste et c’est une opération gagnant/gagnant pour les deux parties. »

Impulser une prise de conscience

Ainsi donc pour les entreprises qui souhaitent véritablement intégrer des enjeux RSE, les valeurs ajoutées sont nombreuses : maîtrise des coûts, confiance en la marque, mobilisation en interne et innovation. « Les équipes ont été très fières de porter ce thème du recyclage en boutiques, confirme Emmanuelle Bach chez Camaïeu. Au sein du siège, elles ont même contribué à récupérer 1800 vêtements. En outre, la société a aussi embauché en 2016 trois femmes issues de l’association Tissons la solidarité qui étaient en réinsertion professionnelle. En tant qu’acteur économique majeur, nous nous devons d’être engagés dans les enjeux RSE. Nos actions sont toujours aux bénéfices des femmes car elles ont au cœur de notre ADN, et nous allons continuer à pousser ce sujet de réflexion. »

Si le social est à l’heure actuel mieux traité que l’environnemental dans les enjeux RSE en France, la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin compte bien pallier au problème. « Cette étude a pour but d’être diffusée un maximum et va s’accompagner d’initiatives collectives (type ateliers) pour engager les marques de mode dans ses démarches, conclue François-Marie Grau. Notre objectif est de pousser les entreprises (de la TPE/PME aux grosses enseignes) à construire une chaîne d’approvisionnement responsable, la traçabilité demande beaucoup de travail mais ça vaut le coup ! »

Photos : Bonobo jeans – Collecte de vêtements au siège de Camaïeu.

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