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Pouvoir d'achat, stocks, date... Une période de soldes à nouveau incertaine

By AFP

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Unsplash, Artem Beliaikin

Paris - Depuis 2020, la même interrogation pour les commerçants: comment vont se dérouler les soldes, traditionnel temps fort de la consommation en France, bousculé consécutivement par le Covid-19, les préoccupations écologiques, les difficultés d'approvisionnement et aujourd'hui une inflation galopante.

Le directeur de l'observatoire économique de l'Institut Français de la Mode (IFM), Gildas Minvielle, connaît parfaitement le secteur, mais ne peut que constater qu'il est "difficile de savoir exactement" comment les consommateurs vont se comporter lors des soldes d'été, qui débutent mercredi et se poursuivront jusqu'au 19 juillet, dans un contexte d'inflation inédit depuis plus de 30 ans.

Biens "discrétionnaires" menacés

En Bourse en tout cas, les poids lourds de la "fast fashion", comme Boohoo, Asos, Zalando, ou même Inditex, malgré les résultats financiers insolents du géant espagnol, font grise mine depuis le début de l'année: leurs cours reculent respectivement de 45 pour cent, 60 pour cent, 66 pour cent et 24 pour cent. Des performances à mettre en regard de l'indice européen Euro Stoxx 50, qui a perdu 20 pour cent de sa valeur. Les inquiétudes des marchés valent aussi pour les produits high tech ou d'ameublement. "On n'a encore jamais vu de période lors de laquelle le pouvoir d'achat baisse, où les ventes de biens discrétionnaires (non essentiels, ndlr) ne baissent pas", explique à l'AFP Clément Genelot, analyste financier spécialiste du secteur de la distribution chez Bryan, Garnier & Co.

Sandra Hoibian, directrice générale du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), estimait pour sa part récemment que si les consommateurs au pouvoir d'achat plus serré ne peuvent réduire significativement leurs dépenses alimentaires, ils vont "couper l'achat de plaisir".

Le moral des ménages, qui joue dans leur envie de consommer, a aussi été durement éprouvé depuis le début de l'année, qui a commencé avec le variant Omicron, rappelle Gildas Minvielle. S'y sont ajoutés le conflit en Ukraine et la hausse de l'inflation sur de nombreux postes de dépenses, l'énergie, les transports puis l'alimentation.

La question des stocks

Se pose en outre la question des stocks, que la période de soldes doit permettre d'écouler. Le spécialiste en la matière, le patron du site Veepee Jacques-Antoine Granjon, disait mercredi à l'AFP avoir "à sa disposition moins de stock que les années précédentes", les marques ayant pour certaines "remis en boutique celui des années précédentes".

Dans un contexte très incertain, les entreprises se sont aussi montrées plus prudentes dans leurs commandes et ont privilégié des sources d'approvisionnement plus proches, comme le Maroc, pour coller plus rapidement et plus efficacement à la demande.

Stéphane Rodier, patron de trois boutiques de prêt-à-porter haut de gamme à Granville, Saint-Malo et Avranches, dit avoir subi "des livraisons retardées d'un mois, de deux parfois" en raison de chaînes d'approvisionnement perturbées par le Covid-19, la guerre en Ukraine ou encore l'engorgement des ports chinois.

De fait, il a bien du stock à vendre... mais trouve "ahurissant de vendre les produits d'été en soldes, au moment où il faut les vendre plein pot", le lendemain du début de l'été. "On a certes besoin de trésorerie", qui se remplit grâce au surcroît d'activité pendant les soldes, "mais aussi de marges, alors que le remboursement des Prêts garantis par l'Etat (PGE) a commencé en avril!"

Dernier facteur d'incertitude : les préoccupations environnementales des consommateurs, qui se tournent massivement vers la seconde main. Stéphane Rodier, par ailleurs trésorier de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), estime que le principe même des soldes doit être repensé. "Produire en gros volumes qu'on doit ensuite brader pour se débarrasser, c'est quand même pas du tout écologique", regrette-t-il, appelant à une "réflexion globale" pour faire émerger des "solutions viables qui ne nous fassent pas consommer pour consommer". (AFP)

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