Suppression de jours fériés : Quel impact sur le commerce de mode ?
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Dans le cadre de son plan budgétaire, le gouvernement français entend augmenter la production et l’activité du pays en supprimant deux jours fériés. Deux dates sont concernées : le lundi de Pâques et le 8 mai. La proposition a été formulée par le Premier ministre, François Bayrou, le 15 juillet dernier et vise à rééquilibrer les comptes publics avec l'objectif de réaliser 43,8 milliards d'économies. Mais quelles conséquences cette décision aurait-elle sur le commerce de mode ?
Pour ou contre la suppression de deux jours fériés ?
Les jours fériés ont généralement une incidence sur la fréquentation des points de vente. Cela se reflète notamment dans les chiffres fournis par par l’Alliance du commerce. En mai 2025, par exemple, l'organisation a indiqué que les jours fériés et les ponts de mai ont eu un impact marqué sur la fréquentation des magasins, lesquels ont enregistré une baisse de -1,8%, comparé à 2024.
Moins de jours fériés, donc moins de « jours fermés », pourrait signifier la possibilité de vendre sur deux journées supplémentaires dans l’année et donc de générer un chiffre d'affaires additionnel. Cela pourrait aussi lisser la fréquentation et éviter les creux juste avant et après les jours fériés. Par ailleurs, les ouvertures exceptionnelles en jour férié impliquent souvent des surcoûts salariaux. Si le jour n’est plus férié, ces surcoûts disparaissent – mais cela reste un important désavantage pour les nombreuses personnes qui travaillent déjà les jours fériés.
Néanmoins, ces jours non ouvrés sont aussi des moments privilégiés où les consommateurs flânent et dépensent chez les enseignes de mode. Leur suppression pourrait donc réduire ces pics de trafic. Cet impact serait d'autant plus important dans les zones où le retail de mode dépend fortement du tourisme et où ces jours fériés sont des moteurs de fréquentation. Néansmoin, si l’effet « sortie shopping jour férié » disparaît, une partie de la dépense mode pourrait se déporter vers les achats en ligne.
Le gain pour les enseignes de mode est donc discutable. Il pourrait être positif pour les enseignes fermées habituellement ces jours-là, mais négatif pour celles qui profitaient des pics de trafic « loisir ».
La suppression de ces deux jours feriés et donc l'augmentation de jours ouvrables, rappelle les mesures prises concernant la réglementation de l'ouverture des commerces le dimanche. L’ouverture d’un commerce ce-jour est en principe interdite, le dimanche étant traditionnellement destiné au repos des salariés qui ne peuvent travailler plus de six jours par semaine, mais il existe un certain nombre de dérogations au repos dominical. Selon le site web du Ministère de l'Economie, un commerce, quelle que soit la nature de son activité et sa localisation, peut ouvrir le dimanche sans autorisation préalable si aucun salarié n’est requis pour cette ouverture.
Selon une enquête menée par le CRÉDOC (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) l'ouverture de commerce le dimanche a profité en grande majorité aux achats alimentaires (51 %) en 2019. Les achats de vêtements et de chaussures ne représentaient quant à eux que 15 %.
À l'instar de l'ouverture dominicale, la suppression de jours fériés, bien qu'elle augmente aussi mécaniquement le nombre de journées de vente, pourrait avoir un impact limité sur la consommation de mode. Tandis que le dimanche capte une clientèle spécifique et crée un flux additionnel, mais faible pour le secteur de l'habillement et des chaussures, la disparition d’un jour férié risque surtout de lisser la fréquentation et de déplacer les ventes sans générer un véritable surcroît d’activité.
Les jours fériés en France
En France, seul le 1er mai est obligatoirement chômé pour tous les salariés. Pour les autres jours fériés (le 1er janvier, le lundi de Pâques, le 8 mai, le 14 juillet, etc.), un accord d'entreprise ou d'établissement (ou, à défaut, une convention ou un accord de branche) définit les jours fériés qui seront chômés. Concernant la convention collective nationale du commerce de détail de l'habillement et des articles textiles : quatre jours fériés par an peuvent être travaillés au gré de l'employeur, au-delà, le travail d'un jour férié ne peut se faire que sur la base du volontariat.
François Bayrou laisse aux partenaires sociaux jusqu’au 30 septembre pour trouver des « marges de manœuvre », selon un rapport du syndicat de la CGT. Un appel à la mobilisation le 10 septembre a été lancé pour contrer les réformes budgétaires – dont fait partie la suppression des jours fériés – annoncées par le Premier ministre, François Bayrou.