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SIHH: la quête de l’équilibre

By Herve Dewintre

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Salons

Décidément, le SIHH a le vent en poupe. Le nombre de maisons qui délaissent Bâle pour le salon genevois le prouve. Il faut dire que le cadre laisse rêveur. Stands aérés et agréables, hall lumineux et spacieux, restauration de qualité. Tout est mis en oeuvre pour le confort des visiteurs. Initié en 1991 par Alain-Dominique Perrin qui souhaitait proposer aux clients un écrin conforme au standing des maisons exposantes, la salon a dépassé sa fonction d’origine - réunir les maisons du groupe Suisse Richemont - pour devenir la première grand-messe horlogère de l’année. 35 maisons participaient cette année. Le grand public était le bienvenu le dernier jour de la manifestation. Hermès a rejoint le salon pour la première fois, et il se murmure que Chanel et Chopard pourraient suivre prochainement.

Qui dit haute horlogerie, dit finesse d’exécution et noblesse des finitions. C’était précisément le sujet de cette 28eme édition. Certes, quelques manufactures n’ont pas résisté à l’envie de montrer leurs muscles mécaniques (comment faire autrement quand on s’appelle Richard Mille ou Roger Dubuis) mais l’essentiel cette année était ailleurs : il s’agissait avant tout, après quelques semestres de passage à vide lié à la chute de la consommation chinoise, d’exalter l’essence de la belle horlogerie auprès d’un public qui avait pris l’habitude de se sentir exclu. Une sorte de salutaire et indispensable clarification en quelque sorte.

Ce recentrage explique l’effort louable mis cette année sur le prix. Fini les envolées démonstratives et la quête du record pour le record. Pour redonner aux clients l’envie d’avoir envie, les manufactures d’exception ne négligent plus les propositions accessibles. C’est le cas notamment de Vacheron Constantin qui propose pour la première fois de son histoire une collection en or et acier – la Fiftysix - qui sera vendue en boutique à partir de 12000 euros. Une démocratisation spectaculaire quand on connaît les prix habituels des chefs d’œuvre prodigués par la vénérable et prestigieuse manufacture fondée en 1755. Plus conforme à sa vocation, la maison Baume & mercier proposait son tout premier mouvement manufacture à remontage automatique, le calibre Baumatic qui explore les vertus du silicium. Premier prix : 2450 euros.

En pleine forme

L’autre grande vedette du SIHH cette année, c’était le design. Les bolides surdimensionnés ont été laissés au placard pour faire place aux propositions subtiles qui mettent largement en lumière le patrimoine des maisons. On privilégie les complications poétiques ou délicates : Audemars Piguet a fait sensation avec son quantième perpétuel (une complication horlogère consistant à afficher le jour du mois, le mois et la position de l’année dans le cycle des années bissextiles de manière automatique) le plus fin du monde : une Royal Oak de toute beauté. C’est globalement l’année des montres de forme. Chez Piaget, on ressuscite l’âge d’or de la manufacture de La Côte-aux-Fées avec le modèle Extremely Piaget. Tout ici rappelle l’allure nonchalante et le chic insouciant des sixties : cadran ovale en pierre dure, bracelets en or merveilleusement texturisé.

Car l’artisanat se révèle aussi par le bracelet. Ce n’est pas Cartier qui dira le contraire : la Panthère féminine avec bracelet double ou triple tour concilie panache et caractère. La nouvelle montre Santos se caractérise quant à elle par son équilibre total : le dessin de la lunette exalte à la perfection l’harmonie des lignes entre la boite et le bracelet interchangeable. Notre coup de cœur du salon. Fidèle à son essence, la maison Hermes a fait de son coté l’apologie du carré avec une nouvelle version de la montre Carré H conçue par Marc Berthier en 2010. Le carré s’est agrandi, la typographie a évolué, l’équilibre est intact et le prix cohérent : 5900 euros.

Autre changement significatif : le tempo des livraisons. L’époque a changé, l’immédiateté est de mise. Le SIHH le sait et c’est bien la raison pour laquelle le salon a mis l’accent dans sa communication sur l’ouverture : ouverture aux amateurs, au grand public, en un mot : au digital. Notons au passage que les 400000 posts qui ont mentionné le #SIHH2018 sur tous les réseaux sociaux dans le monde, témoignent que le salon n’est effectivement plus une coterie réservée aux seuls initiés. Les maisons ont mis à profit ce changement de tempo pour revoir leur mode de distribution : il est loin le temps où il fallait attendre plusieurs mois avant de trouver les montres en boutique. Certains modèles exposés sont mis en vente dés maintenant : c’est le cas par exemple de la nouvelle collection Polaris de Jaeger Lecoultre : une collection aux accents délicieusement vintage qui s’inspire d’un modèle culte de 1968 : la Memovox Polaris. Les déclinaisons de cette icône étaient disponibles sur le site de la marque Le jour de leur présentation à la profession.

Crédit photo : SIHH, Cartier, dr

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