À Faverolles, les Alumni de l’IFM accueillent pour la première fois le Forum de la Mode

Les Rencontres de Faverolles, organisées par l'IFM Alumni au Domaine des Oseraies, en Eure-et-Loir, ont franchi une nouvelle étape le samedi 13 septembre 2025 en organisant le Forum de la Mode.

Jusqu’alors, les Rencontres de Faverolles, qui se tiennent au Domaine des Oseraies*, réunissaient le réseau des anciens de l’Institut Français de la Mode (IFM Alumni). En proposant que s’y tienne, en même temps, le Forum de la Mode, elles ont réuni un plus large public de professionnels de la mode.

Ce samedi 13 septembre 2025, le Domaine des Oseraies revêtait une dimension spéciale avec 500 invités. « Nous avons proposé à la Fédération Française du Prêt-À-Porter et à la Fédération de la Haute Couture et de la Mode d’organiser le forum de la mode à l’occasion de la réunion des alumni, explique la présidente Catherine Jacquet au micro de FashionUnited. Elles ont tout de suite dit oui ».

De fait, et de manière inédite, ces rencontres ont bénéficié d’un soutien financier de la part du ministère de la Culture, du Défi et de la BPI (French Touch). « On n’est pas là pour faire de l’entre soi », a déclaré en ouverture Pascal Morand (FHCM) qui a animé la première conférence.

Celle-ci a réuni de jeunes marques créateurs : Jeanne Friot, 3 Paradis, Alain Paul, Germanier. Chacun d’entre eux a raconté son parcours et s’est positionné sur l’échiquier de la mode.

Émerger dans un monde en pleine mutation

Pour Emeric Tchatchoua (3 Paradis), la mode est amenée à séduire une nouvelle génération, un public de plus en plus jeune, à la recherche de marques qui matchent avec leurs propres valeurs. « En cela, nous sommes des influenceurs », explique-t-il.

Pour Kevin Germanier, « la mode doit être légère, drôle et ne doit pas se prendre trop au sérieux ». Enfin, Jeanne Friot a redit l’importance de son message politique dans ses créations.

Un court documentaire sur Didier Grumbach a suivi cette conférence. Pour mémo, Didier Grumbach a été président de la Fédération de la Couture. Son témoignage sur ses expériences chez le confectionneur Mendes, auprès d’Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ou Mugler était sans aucun doute le moment le plus touchant de cette réunion. Ce documentaire mériterait une suite.

De la Chine aux USA, une conjoncture qui ne sert pas les intérêts de la mode française

Après une pause déjeuner et une performance de musique lyrique par Jeanne Crousaud, les invités ont rejoint une conférence donnée par François Chimits, de l’Institut Montaigne (think tank français).

François Chimits a évoqué les perspectives du marché chinois à l’heure de Xi Jinping (crise économique, crise immobilière, chômage des jeunes) : « Il semblerait que le pouvoir chinois soit satisfait de la dynamique actuelle, souhaite investir dans de secteurs stratégiques qui rapportent et mettre la jeunesse au pas d’une Chine forte ».

« Dans ce contexte, quid de la mode ultra-express ? », questionne Pierre-François Le Louet, à l’origine de cette réunion et animateur de la conférence. « Ces plateformes baissent les coûts et rapportent des devises au pays, lui répond François Chimits. Cela convient au gouvernement chinois. »

Selon lui, les USA se comportent de moins en moins comme un allié et confrontent l'Europe à des divergences de valeurs (juridique, respect des médias, etc.).

« Les 15 % de droits de douane sont une humiliation, mais nous n’avons pas le choix, car les États-Unis nous fournissent leur capacité militaire, notre appareil numérique et la sécurité énergétique, explique-t-il. Dans ce contexte international, l’Europe sombre dans l’inertie, les marges budgétaires sont réduites et les perspectives difficiles. »

Piloter une marque de mode dans une situation géopolitique difficile

La dernière conférence a permis à Olivier Bron, CEO de Bloomingdales, filiale du groupe Macy’s, Inc. (40 grands magasins et 16 outlets aux USA, un tiers des activités en ligne, quatre milliards de dollars de chiffres d’affaires), d'expliquer pourquoi les departement stores américains traversent une passe difficile.

« Il y a une déconnexion entre la vision des marques et les grands magasins qui restent focalisés sur leur modèle. Cela entraîne une baisse du trafic au profit du développement des enseignes en propre. À cela, il faut ajouter une évolution de la consommation vers le digital, une productivité au mètre carré en berne, une surabondance de grands magasins et, au final, une expérience client pas optimum. »

Pour remonter la pente, Bloomingdales a engagé une nouvelle stratégie qui consiste à remettre l’expérience au cœur des préoccupations, à rénover le magasin et à engager de meilleurs partenariats avec les marques.

Delphine Bellini (Schiaparelli), Myriam Serrano (Alaïa) et Isabelle Allouch (Sandro) ont ensuite évoqué leur propre parcours au sein des marques. De même qu'Emmanuel Perrotin pour la Galerie Perrotin.

La journée, animée par un atelier de broderies (Lesage) et la visite de l’atelier de Daria Kolstova (artiste en résidence), s’est terminée par un cocktail au champagne (Ruinard).

*À propos du Domaine des Oseraies

Le domaine a été fondé par Didier Grumbach. Il a constitué la collection d’art contemporain et de design qui y est exposée. Ce lieu a été imaginé dès 1988 comme un espace de rencontres et d’apprentissage, mêlant mode, art contemporain, formation, publics locaux, étudiants, professionnels. La collection compte environ 300 œuvres (peinture, sculpture, photographie), réparties dans les maisons et le parc. Le domaine organise des résidences d’artistes, depuis 2022, pour des pratiques plastiques et photographiques. Le site sert aussi à accueillir des séminaires, ateliers, formations, workshops, notamment en lien avec l’IFM (Institut Français de la Mode) et ses Alumni.