Après s'être dotée d'une nouvelle fédération, la Tunisie se met à industrialiser une collection locale
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Le textile et l’habillement demeurent un secteur stratégique pour l’économie tunisienne. Il est même le principal secteur de l’industrie manufacturière en termes d’exportation, d’emploi et de valeur ajoutée, indique un rapport de l’Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation en Tunisie (API). Reste à ce que ses principales institutions se mettent d’accord sur son devenir.
Naissance d’une nouvelle fédération « FTTH »
À ce propos, il y a du nouveau depuis le 11 mars dernier. La Fédération Nationale du Textile (FENATEX) s’est séparée de l’Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) à la suite de l’accord conclu entre l'Union Générale Tunisienne duTravail (UGTT) et l’UTICA, le 10 mars, concernant l’augmentation des salaires dans le secteur privé. Une augmentation de 6 pour cent pour l’année en cours en plus de primes fixes « qui ne peut être supportée par le secteur qui traverse actuellement une crise », précise le FENATEX.
Le président de la fédération, Belhassen Gherab, a précisé au journal local Businessnews, que cette scission avec l’organisation patronale est la conséquence d’accumulation de problèmes constatés depuis des années, ajoutant que l’accord d’augmentation des salaires dans le secteur privé n’est que « la goutte qui a fait déborder le vase ». Pour lui, cet accord est « « un désastre pour l’économie tunisienne qui souffre d’une inflation persistante, d’une productivité en régression et d’une perte de compétitivité qui pourrait faire perdre au secteur du textile 100.000 emplois et causer la faillite de plusieurs entreprises ». En chiffres, cet accord se traduirait par une augmentation de la masse salariale de 12,36 pour cent, depuis mai 2017, après celle de 6 pour cent devant être servie avec un effet rétroactif à partir du mois d’août 2016. « L’UTICA est devenue le porte-drapeau des importateurs, des commerçants et du business », ajoute-t-il, le secteur industriel ne faisant plus partie de ses préoccupations.
Néanmoins, la scission de la FENATEX avec l’UTICA a permi de créer la Fédération Tunisienne de Textile et Habillement (FTTH): un rassemblement industriel historique pour protéger la créativité et le tissu industriel tunisien. « Celle-ci fédère les professionnels du secteur autour d’une animation participative pour défendre les intérêts du secteur et créer des entreprises plus fortes à l’échelle régionale et nationale », explique Anis Montacer, Président de la Fashion Week de Tunis, à FashionUnited.
Pour sa 9ème édition, la Fashion Week de Tunis maintient le cap. « Nous avons besoin d’une plateforme qui continue à faire le lien entre les stylistes créatifs et les industriels », a t-il commenté. L’évènement va même plus loin cette année avec le thème « The New Norm ». Mais de quelle nouvelle norme s’agit-il ? « Justement il n’y en a pas...La nouvelle norme c’est vous, c’est nous, c’est tout le monde », soutient Montacer, avide d’expressions artistiques multiples.
« Collection Nationale » x Braim Klei
Sur trois jours, du 17 au 20 mai, l’Amphithéâtre de Carthage a rassemblé ses meilleurs talents créatifs, l’élite tunisienne et la presse internationale. Le premier jours a été consacré à la présentation des nouvelles donnes de l’industrie textile tunisienne et aux déflés de leurs marques. Les jours suivants étaient dédiés aux collections de prêt-à-porter haut-de-gamme et couture, tunisienne et internationales et parmi les plus connues, Ludovic Winstertan, Mademoiselle Hecy, Maha el Moudir, Mouna Ben Braham ou encore Seyf Dean Loualty.
Cette année, Tunis Fashion Week accompagnait l’éclosion d’une « Collection Nationale », destinée à être diffusée sur le marché international. « Cette capsule mode saisonnière, dessinée par Braim Klei, fait le lien entre une mode contemporaine et une industrie textile à la solide réputation. Elle prouve son dynamisme et sa capacité à s’adapter aux nouveaux enjeux et rythmes de la mode. En fait, l’idée est de proposer une collection mode, commerciale, made in and by Tunisie. Les Tunisiens ne se reconnaissent pas dans la mode internationale. Nous répondons à une forte demande du marché local pour une mode tunisifiée. C’est une première dans notre pays que la collection d’un créateur tunisien soit industrialisée », ajoute Anis Montacer. Peut-être le début d’une nouvelle ère tunisienne ?
Photos : Collection Nationale" x Braim Klei de Rock Raven / Aisha de Femmes de Tunisie.