Après une année faste, le luxe regarde avec gourmandise la réouverture de la Chine
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Après une année 2022 de bénéfices et ventes record malgré le ralentissement économique mondial, les sociétés du secteur du luxe lorgnent avec gourmandise sur la réouverture de la Chine en 2023. Le numéro un mondial LVMH avait ouvert le bal des résultats annonçant de nouveaux records avec près de 80 milliards d'euros de ventes et un bénéfice net de 14 milliards d'euros. Son PDG Bernard Arnault a annoncé vouloir continuer sur cette lancée en 2023, "au risque de lasser".
Les concurrents ne sont pas en reste: Hermès dépasse les 11,6 milliards d'euros de ventes avec un bénéfice net à 3,4 milliards d'euros. Kering, malgré une mauvaise fin d'année pour sa marque phare Gucci en Chine, a tout de même vu son chiffre d'affaires grimper à 20,4 milliards d'euros et son bénéfice net à 3,6 milliards d'euros.
Ferrari a annoncé un "nouveau record" avec des ventes atteignant 5 milliards d'euros. La prestigieuse marque de voitures a livré 13.221 véhicules dans le monde l'an dernier. Les résultats 2022 du secteur ont à peine été ternis par une mauvaise fin d'année en Chine à cause des restrictions sanitaires et un mois de décembre qualifié de "trou d'air" chez LVMH.
Seul Hermès n'a pas été touché: "il n'y a pas eu d'effet de baisse de trafic dans nos magasins", a assuré le gérant du groupe Axel Dumas, qui met en avant son "ancrage de clientèle locale" et annonce une hausse de 30,7 pour cent des ventes en Asie Pacifique (hors Japon).
La réouverture progressive de la Chine, qui a progressivement abandonné sa politique zéro-Covid, puis mis fin le 8 janvier aux quarantaines obligatoires à l'arrivée dans le pays, devrait permettre à la croissance chinoise d'atteindre 5,2 pour cent en 2023, a estimé le 31 janvier le Fonds monétaire international (FMI).
C'est justement vers cette réouverture après des mois de restrictions sanitaires, que les regards se tournent pour 2023. Ce sera "l'année du consommateur chinois", annonce une note des analystes de la banque UBS, qui estime que la clientèle chinoise n'a représenté qu'environ 17% des ventes de luxe mondial en 2022 contre 33 pour cent avant la pandémie, en 2019.
"Un volcan prêt à exploser"
"La clientèle chinoise est beaucoup plus importante qu'elle ne l'était en 2019", a assuré lors d'une interview avec les agences de presse Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH.
M. Guiony ne voit cependant pas le retour des touristes chinois en masse en Europe avant "l'année prochaine". C'est donc le marché local qui est scruté dans un premier temps par les groupes de luxe. "La Chine a besoin de croissance économique, ce n'est pas un secret", selon Bernard Arnault. "Les dirigeants chinois (...) vont sûrement utiliser la période qui s'ouvre pour redynamiser la croissance chinoise. Si tel est le cas -cela a commencé d'ailleurs au mois de janvier -on a toutes les raisons d'être confiants voire optimistes sur le marché chinois", a-t-il dit lors de la présentation des résultats de LVMH.
La Chine "est un volcan qui est prêt à exploser", selon Arnaud Cadart, gérant de portefeuille pour la société de gestion Flornoy Ferri. "Il y a une épargne incroyable qui a été accumulée, il y a une réserve incroyable disponible chez les classes aisées qui ont envie d'acheter des produits de luxe", souligne-t-il, en estimant qu'"on peut imaginer que le marché chinois en réouverture fasse 30 pour cent de croissance", en 2023.
Le PDG de Kering François-Henri Pinault, qui fin janvier s'est rendu en Chine, s'est étonné mercredi auprès de la presse du retour des Chinois dans les rues et les magasins, "comme s'il n'y avait jamais eu de virus en Chine". "Cela laisse augurer de bonnes choses", selon M. Pinault, qui a aussi été "très marqué par l'expression publique" du soutien des autorités à la consommation domestique.
"Quand on sait que la Chine se rouvre, quand on sait que le tourisme est en train de repartir et que derrière le gouvernement (chinois) va beaucoup appuyer sur ces éléments-là (...) c'est plutôt bon signe", a-t-il estimé.(AFP)