Atelier Noboru : « L'UE et l’État ne devraient pas imposer des charges inutiles aux petites entreprises »

Noboru est un créatif qui a passé 15 ans dans l’industrie de la mode, en tant que directeur artistique notamment, avant de se lancer à son propre compte. En 2016, il crée l’Atelier Noboru et devient brodeur d'art. Il utilise pour cela une technique spéciale, la broderie au crochet de Lunéville, créée dans la ville du même nom, située en Meurthe-et-Moselle.

Huit ans après sa création, la jeune entreprise, dont les pièces sont vendues sur Etsy évolue à un bon rythme, selon son fondateur : « Mon chiffre d'affaires n'a cessé d'augmenter depuis la pandémie. Et encore plus depuis l'année dernière, lorsque j'ai décidé de recommencer à investir du temps dans les réseaux sociaux et également de privilégier les ventes sur Etsy. Mes revenus ont augmenté d'environ 35 % en un an », explique-t-il dans un e-mail adressé à Fashionunited. 

Noboru reste toutefois conscient de l’impact que pourrait avoir l'environnement politique et économique actuel sur son entreprise. Selon lui, la principale difficulté est liée aux réglementations qui peuvent entraver la capacité des micro-entrepreneurs à prospérer.

En début d’année, la loi de finances 2025 prévoyait une réforme du régime de franchise de TVA avec un plafond unique à 25 000 euros de chiffre d’affaires. Une réforme qui visait officiellement à réduire les distorsions de concurrence entre professionnels qui exercent en franchise de TVA et ceux qui y sont soumis pour une même prestation de service ou de travaux. Elle était aussi liée à l’évolution des règles européennes en matière de TVA appliquées depuis le 1er janvier 2025.

Mais pour Noboru, cette mesure représentait « un défi important pour la stabilité future d'une entreprise comme la mienne ». 

Le 30 avril 2025, le ministre de l'Économie Éric Lombard a annoncé la suspension de cette réforme sur la TVA des auto-entrepreneurs jusqu'à l'examen du budget 2026. « Je pense qu'il est important que les micro-entreprises et les petites entreprises continuent à s'opposer aux politiques qui nous imposent des charges inutiles », affirme-t-il.

Noboru n’a pas communiqué sur son chiffre d’affaires, mais reconnaît qu’une grande partie de ses revenus est réalisée sur Etsy. Le créateur estime que sa présence sur les réseaux sociaux - il totalise plus de 97 000 abonnés sur Instagram - contribue fortement à asseoir sa notoriété. 

« Nous étions à Bruxelles pour montrer que derrière l'adoption des lois, il y a des personnes qui peuvent être réellement touchées par ces décisions politiques. »

Rendez-vous dans la capitale exécutive de l’Union européenne

Le 3 juin dernier, Noboru était à Bruxelles, aux côtés des dirigeants d’Etsy, à l’occasion de la « Journée européenne des artisans ». L’occasion pour la plateforme de défendre son modèle commercial et d’inviter les décideurs du Parlement européen à adopter des politiques qui favorisent un environnement plus propice aux micro-entreprises. 

À l'issue de la rencontre, Josh Silverman, CEO d’Etsy, s’est exprimé sur son compte Linkedin : « Les artisans stimulent l'innovation, préservent la culture et dynamisent les économies. C'est particulièrement vrai dans l'Union européenne qui compte plus de 860 000 vendeurs Etsy. La semaine dernière, j'ai rejoint un groupe remarquable de vendeurs Etsy à Bruxelles pour la Journée européenne de l'artisanat d'Etsy, afin de défendre les besoins uniques des entrepreneurs créatifs. Les discussions politiques se concentrent souvent sur les plus grands acteurs et ne prennent pas en compte les micro et petites entreprises, y compris les nombreux entrepreneurs individuels qui gèrent des boutiques Etsy à partir de leur domicile. Même si leurs entreprises sont petites, leur impact collectif est considérable. Il est essentiel que leur voix soit entendue.

Je suis fier de ce que nous avons accompli sur le terrain : Nous avons réuni des vendeurs Etsy de toute l'Europe, des décideurs politiques et des leaders de l'industrie pour une table ronde au Parlement afin de plaider en faveur de réglementations adaptées aux besoins spécifiques des micro-entreprises. Nous avons également publié notre dernière proposition de politique afin d'indiquer clairement comment les décideurs politiques peuvent soutenir plus efficacement la communauté artisanale européenne », a-t-il déclaré. 

Un moment important pour Noboru qui indique que son « rôle était celui d'un artiste/artisan venu partager son quotidien et les difficultés qu'il rencontrait dans la gestion de sa petite entreprise », explique-t-il. « Nous étions également là pour montrer que derrière l'adoption des lois, il y a des personnes qui peuvent être fortement touchées par ces décisions politiques. »

Noboru estime que ce travail de sensibilisation des décideurs est important. Le créateur se dit satisfait de la taille et de l’évolution de son entreprise qui lui permettent de valoriser l’artisanat et la créativité. À l’avenir, il espère continuer à développer une clientèle internationale grâce à Etsy, sans trop s'étendre, afin de pouvoir conserver un travail artisanal qu’il pourra réaliser lui-même.