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Baromètre du jour : 8,7x EBITDA, la valorisation des PME au plus bas depuis la crise de 2017

Le marché des fusions-acquisitions (M&A) en zone euro est confronté à une contraction. Selon le dernier Argos Index, l'indice de référence pour la valorisation des PME non cotées, le prix d'acquisition a chuté à 8,7 fois l'EBITDA au troisième trimestre 2025. Ce niveau est le plus bas enregistré depuis 2017. Cette correction des multiples est le signal d'une prudence grandissante des acquéreurs et d'une incertitude persistante sur les marchés financiers.

Cette érosion des valorisations, bien qu'analysée depuis 2021 (où les multiples atteignaient plus de 11 fois l'EBITDA), s'est accélérée. L'incertitude macroéconomique, la hausse des taux longs et la difficulté des fonds d'investissement à lever de nouveaux capitaux expliquent cette dévaluation.

Une prime de risque qui redistribue les cartes

La chute de l'Argos Index est le symptôme d'un déséquilibre de marché, mais elle marque surtout un retour à la discipline des acquéreurs. Le président d’Argos, Louis Godron, souligne que cette érosion des valorisations favorise paradoxalement une reprise des transactions : « L’incertitude, la hausse des taux longs mais aussi les collectes plus difficiles pour les fonds d’investissement expliquent l’érosion constatée depuis 2021 », affirme Louis Godron.

La pression à la baisse des valorisations se traduit par des indicateurs clairs. La part des transactions réalisées pour un multiple inférieur à 7 fois l'EBITDA progresse, pour atteindre 28 % du marché, selon l'Argos Index (publié par Epsilon Research et Argos Wityu). À l’inverse, les acquisitions valorisées plus de 15 fois l'EBITDA sont en net recul et représentent un plus bas historique, à seulement 7 % des transactions.

Ce phénomène est interprété comme un signe que l'écart de valorisation entre les attentes des vendeurs (souvent basées sur les multiples post-Covid) et les offres des acheteurs se resserre.

Le dilemme des acquéreurs : stratégiques vs fonds

Le marché des M&A se divise désormais en deux camps, avec des stratégies de valorisation distinctes.

Les acquéreurs clés (Corporates)

Ces derniers sont plus prudents et achètent à des multiples plus bas, s'établissant à 7,7 fois l'EBITDA (un niveau inférieur à leur moyenne historique). Leur objectif est d'acquérir des synergies et des actifs qui complètent leur chaîne de valeur.

Les fonds d'investissement (Private Equity)

Les fonds paient encore des primes, avec des multiples à 9 fois l'EBITDA. Ils ciblent les actifs de qualité et à forte croissance, notamment dans la Tech et la Santé (secteurs qui résistent mieux aux incertitudes). Leur rôle est devenu clé pour réanimer le marché sur le segment mid-market.

L'hétérogénéité des secteurs : où se situe la mode ?

L'étude montre une forte hétérogénéité des valorisations selon les secteurs d'activité, le risque étant directement intégré dans le multiple payé.

Les secteurs technologiques, logiciels et santé maintiennent les multiples les plus élevés. À l'inverse, l'industrie, la distribution et les secteurs cycliques affichent des multiples plus modestes. Le secteur des biens de consommation durables et de l'habillement se situe dans cette fourchette basse à moyenne. Selon les données de marché, il se négocie en moyenne autour de 8,5 fois l'EBITDA. Ce multiple, proche de la moyenne globale actuelle, démontre la prudence des acquéreurs face à la volatilité du retail et à l'inflation des coûts.

Conséquences pour les entrepreneurs du textile

Pour les dirigeants de PME et ETI dans le textile et l'habillement qui envisagent une cession, l'analyse de l'Argos Index impose une stratégie claire.

Réduction des attentes

Les multiples de valorisation sont désormais calculés sur des bases plus modestes. Les vendeurs doivent ajuster leurs attentes en fonction de la réalité des multiples de 8,7x.

Mise en place de Earn-Outs

L'incertitude croissante favorise les mécanismes de paiement différé, ou earn-outs, qui permettent à l'acheteur de lier une partie du prix aux performances futures de l'entreprise.

Valorisation des actifs immatériels

Pour obtenir une prime de valorisation au-dessus de la moyenne (multiplier de 10x ou 12x), il est capital de valoriser les actifs qui ne figurent pas dans l'EBITDA traditionnel, tels que la Propriété Intellectuelle, la valeur de la base de données clients (CRM), et les actifs ESG (conformité, traçabilité).

La baisse des valorisations du mid-market est le prix à payer pour un marché qui cherche à se stabiliser après les excès de la période post-Covid. Pour le secteur textile, elle représente une opportunité pour les acteurs agiles de réaliser des acquisitions stratégiques à des prix plus raisonnables.

Le multiple de 8,7x l'EBITDA est le thermomètre de la confiance des acquéreurs en zone euro. Il signale aux dirigeants que l'ère des valorisations faciles est révolue, et que la prime sera désormais accordée à la maîtrise du risque et à la croissance démontrable, même dans un contexte de crise.


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