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Beaumanoir s'inspire dans le textile de Volkswagen en ciblant différentes clientèles

By AFP

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Business|Interview
Magasin Bonobo. Credits: Bonobo

Paris- Le groupe malouin Beaumanoir (Cache Cache, Bréal, Bonobo, Morgan, Caroll, Sarenza, La Halle) s'inspire du modèle de Volkswagen en ciblant des clientèles au pouvoir d'achat différent et en mutualisant les fonctions supports, explique son fondateur Roland Beaumanoir à l'AFP.

Le groupe fondé en 1981 par le Breton de 75 ans a conclu mercredi le rachat de "la gestion et la distribution des marques Quiksilver, Billabong, Roxy, DC Shoes, Element et RVCA" détenues depuis 2023 par l'entreprise américaine Authentic Brands Group, qui restera propriétaire des marques mais "le design des pièces, la production et la distribution" seront gérées par Beaumanoir.

Comment se sont achevées les négociations ?

"La signature définitive a eu lieu mardi, la licence de marque sur les six marques de Boardriders (leur maison mère, ndlr) nous a été cédée sur quinze ans. Cela nous permet d'exploiter ces marques en Europe de l'Ouest, soit dans 18 pays en comptant notamment Andorre et Monaco.

A noter que Authentic Brands Group divise le monde en trois : Asie, Australie et Amérique, Europe de l'Ouest. Sur les 700 et quelques personnes travaillant au siège (européen) de Saint-Jean-de-Luz, nous tâchons d'en sauvegarder 500, n'ayant plus que le tiers de l'activité. Cela a déjà été largement évoqué avec les CSE de Saint-Jean-de-Luz, nous allons porter le chapeau d'un plan social qui nous est financé par les Américains. C'est un événement un peu douloureux.

Notre intention est de garder les emplois et le siège à Saint-Jean-de-Luz, il ne sera pas rapatrié à Saint-Malo siège de Beaumanoir, ndlr). Et le bureau d'achat basé à Hong Kong sera réduit mais gardé."

Vous avez repris plusieurs enseignes devant la justice. Qu'est-ce qui vous distingue de Michel Ohayon, qui avait une stratégie similaire ?

"Son but premier était de financer son immobilier, nous sommes très loin de ça. Depuis 2020 et la période du Covid-19, nous avons sauvegardé au moins 4.200 emplois entre La Halle, Caroll, Sarenza, des entreprises qui étaient un peu en difficulté. La Halle est aujourd'hui redevenue bénéficiaire. Nous sommes investisseurs de long terme et notre modèle, toutes choses égales par ailleurs et avec la plus grande des modesties, c'est le modèle de Volkswagen dans l'automobile, en se diversifiant avec des marques dans les plus accessibles comme Skoda, jusqu'à Porsche.

Notre pôle central, Vib's, correspond à notre coeur de marché et rassemble les enseignes Cache Cache, Bonobo et Bréal. Il réalise environ 900 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Le pôle familial avec la Halle réalise environ 550 millions d'euros, notre pôle dit premium accessible, avec Caroll et Morgan, environ 560 millions d'euros de chiffre d'affaires. Sarenza, 130 millions d'euros, et enfin notre filiale logistique, C-Log, réalise 150 millions d'euros, dont la moitié auprès de marques extérieures."

Vous mutualisez les fonctions supports mais conservez un siège à Saint-Jean-de-Luz ?

"Nous mutualisons les services centraux, administration, ressources humaines, finance, développement, pour économiser des coûts de siège, à commencer par le commerce en ligne. Il représente aujourd'hui environ 15% de notre chiffre d'affaires, on ne se voit pas dépasser un objectif de 25% du chiffre d'affaires en ligne. Cela étant, le marketing et la création se font au niveau des enseignes."

Comment s'est constitué le groupe Beaumanoir ?

"A l'origine, je suis un commerçant indépendant qui s'est interrogé il y a un peu plus de 45 ans sur la manière de résister au succursalisme, en mutualisant le pilotage de l'offre à l'aide de l'informatique, en utilisant un entrepôt permettant de fournir nos commerçants indépendants. Nous avons aujourd'hui dix sites logistiques en France, dont un du côté d'Orléans dont la promesse pour les marques qui ont recours à ses services est que toute commande passée avant 22H00 le soir soit livrée dans un rayon de 300 kilomètres autour avant 10H00 le matin. Nous fabriquons nos propres robots."

Votre fils Thomas est directeur général délégué, l'idée est de lui transmettre l'entreprise?

"Je ne suis plus que président, plus du tout directeur général. Thomas est actionnaire de référence, entouré de deux directeurs généraux, un directeur financier très pointu, toute une garde rapprochée permettant l'échange de confiance et d'information. J'ai 75 ans, les choses se passent très bien sur le plan de la succession et de l'engagement de Thomas, cela se fait en douceur." (AFP)

Beaumanoir