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Blanchiment en bande organisée entre l'Europe et la Chine: jusqu'à 7 ans de prison requis à Bobigny

By AFP

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Quartier d'Aubervilliers (France). Credits: Johann Walter Bantz, Unsplash.

Bobigny (France) - Jusqu'à sept ans de prison: le parquet de Bobigny a requis vendredi de lourdes peines à l'encontre de 19 hommes pour leur participation à des degrés divers à de nébuleux systèmes de blanchiment, organisés entre des grossistes chinois d'Aubervilliers, l'Europe et la Chine.

En avril 2021, Tracfin met les enquêteurs sur la piste de deux réseaux liant une myriade de sociétés-écrans qui, entre l'Italie, la région parisienne et l'Allemagne, auraient blanchi plus de 60 millions d'euros via des banques chinoises et hongkongaises.

A l'audience vendredi, le ministère public a sèchement critiqué la ligne de défense de nombre des prévenus arguant que la pandémie de coronavirus avait provoqué leur glissement vers ces magouilles où de fausses factures s'échangent contre des colis d'espèces.

Le procureur a également peu goûté entendre Keqiang Z., 37 ans, qu'il considère être "le véritable architecte de ces systèmes de blanchiment", reporter une large part de sa responsabilité sur un grand absent du procès: Djamal C., natif de Villiers-le-Bel (Val d'Oise) et décédé du Covid en septembre 2021.

"On ne va pas nous faire croire que Djamal avait les contacts en Chine pour faire les compensations entre Aubervilliers" et l'Asie, a tancé le procureur Adrien Jourdain, en regardant Keqiang Z., commerçant du Centre international de commerce en gros France-Asie (Cifa) et qui a émigré de Chine à l'âge de 12 ans.

Regroupant plus de 250 boutiques et sociétés, le Cifa d'Aubervilliers est réputé dans les services d'enquête comme l'une des plaques tournantes du blanchiment d'argent en Île-de-France.

Se disant inquiet "de la capacité (du prévenu), sous couvert d'une vitrine de légalité, à complètement cadenasser l'activité économique," le procureur a requis sept ans de prison assortis d'une peine de sûreté de quatre ans contre Keqiang, Z., en détention provisoire depuis 17 mois.

Il a également réclamé à son égard une amende de 2,5 millions d'euros et une interdiction de quitter le territoire français pendant cinq ans.

Argent caché à Dubaï ?

Contre Chérif H., l'autre prévenu détenu dans le cadre de cette affaire et identifié comme "l'héritier" des montages financiers frauduleux de Djamal C., le procureur a demandé une condamnation à six ans de prison dont trois ans de sûreté, une amende de 1,8 millions d'euros et la même obligation de rester cinq ans en France à l'issue de sa détention.

"Je ne veux pas qu'à l'issue de sa peine, il aille profiter de l'argent qu'il a pu cacher à Dubaï", s'est expliqué Adrien Jourdain.

La justice soupçonne Chérif H., 45 ans, d'avoir, avec Mehdi B, animé une officine qui aurait blanchi 37,6 millions d'euros entre janvier 2020 et avril 2023.

Contre Mehdi B., en fuite "probablement au Maroc", le procureur a requis six ans de prison.

Des peines de deux et trois ans ferme, avec mandat de dépôt à la barre, ont été demandées à l'encontre de deux hommes accusés d'être du "premier cercle des animateurs français du réseau".

Quant au jeune patron d'une société de recyclage qui a contribué au blanchiment de six millions d'euros, permettant au trentenaire de financer "un train de vie somptuaire", le ministère public a demandé 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis, avec mandat de dépôt à délai différé.

Une réquisition quasi similaire - cinq ans de prison dont deux avec sursis, et mandat de dépôt à délai différé - a été réclamée à l'encontre du prévenu atypique au sein des 19 hommes poursuivis, Rémi P., qui était banquier à mi-temps pour la BRED au moment des faits.

"Quand on commet des faits de blanchiment en tant que banquier, qui est le fer de lance, la vigie de la lutte contre le blanchiment, c'est inacceptable", s'est indigné le procureur.

Entre autres amendes et confiscations d'avoirs, le ministère public a requis une interdiction définitive de gérer une entreprise contre tous les prévenus.

Après plus de quatre heures de réquisitions, Adrien Jourdain s'est assis en citant Zola, outré de la motivation première des 19 hommes poursuivis: "l'argent roi, l'argent Dieu, au-dessus du sang, au-dessus des larmes".

Le procès est prévu jusqu'au 27 septembre.(AFP)

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