Brunello Cucinelli, Kering, Swatch : faut-il craindre pour le luxe ?
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Business
Des nuages s'amoncellent au-dessus du luxe
Le ciel s'assombrit pour le secteur du luxe, et les investisseurs sont de plus en plus préoccupés par plusieurs menaces majeures.
La Chine, ce géant chancelant. Autrefois moteur de la croissance du luxe, la Chine montre des signes d'essoufflement. Les politiques de "zéro Covid" et le ralentissement du marché immobilier pénalisent le pouvoir d'achat des consommateurs chinois, fragilisant ainsi les ventes des grandes maisons de luxe.
L'inflation continue de freiner la croissance. La hausse des prix des matières premières et des coûts de transport met la pression sur les marges des entreprises du luxe. De plus, l'inflation croissante réduit le pouvoir d'achat des consommateurs, les incitant à limiter leurs dépenses, y compris pour les articles de luxe.
La guerre en Ukraine et ses répercussions sur l'économie mondiale fragilisent également le sentiment des investisseurs, les poussant à se tourner vers des valeurs refuge plus stables. Le luxe, considéré comme un investissement plus risqué, en pâtit.
Certaines voix s'élèvent pour critiquer les stratégies marketing trop agressives de certaines marques, qui pourraient diluer l'image du luxe.
Des résultats décevants qui se généralisent
Les difficultés de Kering ne sont pas un cas isolé. D'autres acteurs majeurs du luxe ont également publié des résultats décevants ces derniers mois.
Swatch Group, le groupe horloger suisse a enregistré une baisse de ses ventes de plus de 10% au premier semestre 2024.
Burberry, la marque britannique a annoncé un chiffre d'affaires trimestriel inférieur aux attentes et a dû suspendre son dividende.
Brunello Cucinelli, un cas d'école
Même les maisons de luxe les plus solides ne sont pas épargnées par ce ralentissement. Brunello Cucinelli, maison italienne réputée pour son cachemire de haute qualité, en est un parfait exemple. Malgré des résultats solides au deuxième trimestre, avec des commandes prometteuses pour l'automne-hiver, l'absence de nouvelles prévisions a suffi à décevoir les investisseurs, comme le souligne FashionNetwork.
Des signes de faiblesse chez les leaders
Même les leaders du marché, comme Hermès, ne sont pas à l'abri d'un ralentissement. Si leur exposition aux grandes fortunes leur confère une certaine résilience, leurs perspectives de croissance sont désormais revues à la baisse par les analystes. Citigroup a notamment réduit son objectif de prix pour l'action Hermès, craignant un ralentissement de la demande en Chine et en Europe.
Vers une correction du marché du luxe ?
L'accumulation de mauvaises nouvelles et le contexte économique défavorable font craindre aux analystes une correction du marché du luxe. Les prix des actions pourraient continuer à baisser dans les prochains mois, jusqu'à ce que les perspectives du secteur s'améliorent.
Des points de lumière dans le paysage ?
Malgré ce contexte difficile, certains analystes se montrent plus optimistes et identifient des points de lumière, citant notamment la résilience du marché américain. Le marché américain du luxe reste relativement dynamique, soutenu par la forte consommation des ménages aisés.
Le boom touristique au Japon, stimulé par un yen ayant atteint son plus bas niveau face au dollar depuis près de 40 ans, nourrit un climat de confiance. Attirés par un pouvoir d'achat décuplé, les touristes étrangers, notamment en provenance des États-Unis et d'Europe, affluent dans les boutiques nippones. Ce boom profite avant tout aux acteurs du luxe, à l'image de LVMH et Hermès, qui enregistrent une fréquentation record dans leurs magasins japonais.
Enfin, l'attrait du durable: les consommateurs du luxe sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité et d'éthique. Les marques qui s'engagent sur ces thématiques pourraient tirer leur épingle du jeu.