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Chine: les patrons de la tech font profil bas face à Pékin

By AFP

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Crédit : Unsplash, Solen Feyissa

Pékin - Dans une lettre pleine de candeur, Zhang Yiming, à qui l’on doit l’application TikTok, annonce sa démission : en Chine les patrons de la tech se mettent en retrait au moment où Pékin renforce sa mainmise sur le secteur.

M. Zhang, 38 ans, a fondé en 2012 ByteDance, le groupe qui possède notamment en Chine la populaire application de vidéos Douyin (ainsi que son équivalent TikTok à l’international).

La semaine dernière, il est devenu le dernier homme d’affaires chinois à démissionner de la tête d’une entreprise du numérique.

En mars déjà, Colin Huang, 40 ans, avait quitté Pinduoduo pour se concentrer sur la philanthropie, alors que sa plateforme de e-commerce devenait la première de Chine en termes d’utilisateurs annuels.

Quant à Jack Ma, 56 ans, l’extravagant fondateur d’Alibaba et pionnier de la vente en ligne, il n’a quasiment plus été vu en public depuis ses critiques à l’encontre des régulateurs financiers, accusés de saper l’innovation.

Des propos qui lui ont coûté cher.

Dans la foulée, les autorités de régulation avaient annulé en novembre la colossale entrée en Bourse à 34 milliards de dollars de Ant Group, la filiale de paiements en ligne d’Alibaba.

Et le mois dernier, Alibaba s’est vue infliger une amende de 2,3 milliards d’euros pour abus de position dominante.

Dernière étape de cette reprise en main par Pékin: Jack Ma, symbole de réussite, va démissionner de l’école de commerce qu’il a créée à Hanghzou (est), où siège Alibaba, selon le Financial Times. L’établissement forme l’élite des hommes d’affaires chinois.

Peur de perte d’emprise

Le destin d’Alibaba reflète le contexte tendu dans lequel les géants de la tech évoluent désormais.

Après avoir longtemps profité d’un environnement propice à l’esprit entrepreneurial, les dirigeants du numérique subissent désormais la surveillance accrue du pouvoir chinois.

“La répression n’est pas motivée par le charisme et la popularité grandissante de ces patrons, mais plutôt par la peur du Parti (communiste chinois, au pouvoir) de perdre son emprise sur ces géants de la tech”, affirme Xin Sun, maître de conférences au King’s College de Londres.

“Leur influence dans l’économie et la politique est croissante”, relève M. Sun.

Le départ du fondateur de ByteDance, maison-mère de TikTok, intervient alors que la start-up la plus valorisée du monde de la tech s’apprêterait à se coter en Bourse.

Les patrons de la tech “doivent à tout moment faire attention au climat politique du pays, à la position de la classe dirigeante sur tel ou tel sujet”, affirme Paul Triolo, analyste au cabinet Eurasia Group. Du coup, “beaucoup préfèrent faire profil bas”.

Pris pour cible

Pour autant, “être considéré comme trop proche de Pékin peut représenter un handicap pour des entreprises aux ambitions mondiales”, selon lui.

Aux Etats-Unis, TikTok a ainsi été accusée d’être un outil chinois d’espionnage par l’ex-administration Trump qui voulait l’interdire.

Résultat, son patron Zhang Yiming s’est retrouvé dans une position délicate, coincé entre le souci de préserver ses intérêts en Chine et le développement de son groupe à l’international.

“Beaucoup (de patrons) ont décidé de partir plus tôt à la retraite ou de revendre des parts pour ne pas être pris pour cible par le régime”, estime Xin Sun. Zhang Yiming va passer la main, et la pression qui va avec, à son ancien camarade d’université, Liang Rubo, avec qui il a co-fondé ByteDance.

M. Zhang compte se consacrer à la “stratégie à long terme” du groupe. Mais il va surtout pouvoir s’adonner à ce qu’il préfère: “lire, écouter de la musique et rêvasser”, comme il l’a écrit dans la note adressée à ses employés. (AFP)

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