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Comment LVMH concilie créativité et durabilité ?

By Herve Dewintre

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L’industrie du luxe mène depuis plusieurs années une réflexion ambitieuse sur tous les sujets environnementaux, sociétaux et plus globalement éthiques. Un groupe domine cette réflexion. LVMH se positionne en effet depuis sa fondation, et sous l’impulsion de son président et actionnaire principal Bernard Arnault, comme le leader de la réflexion destinée à concilier l’indispensable création qui exalte la valeur des produits de luxe avec la nécessité de renforcer un nécessaire engagement en matière d’intégration des critères ESG.

Paru en novembre 2000, « Bernard Arnault La passion créative », atteste de la longévité de ces réflexions. Dans ce livre d’entretiens avec Yves Messarovitch, le président de LVMH y prophétise le retour du sens et des valeurs au sein de la jeunesse au détriment de l’ostentation et du show-off, pointe du doigt la montée des emballages éco-responsable et l’attention portée à la composition des produits, insiste vigoureusement sur les règles d’éthiques qui caractérise la production européenne et française en particulier, éclaire l’importance du mécénat et de l’engagement comme pilier fondamental de l’identité de LVMH et fait enfin cette déclaration qui peut surprendre : « Les marques vont devoir prendre en compte l’importance que leurs clients accordent à la spiritualité par rapport au frivole et à la simple apparence. »

Vingt ans plus tard, cette prédiction prend une vigueur nouvelle avec l’annonce par LVMH de programmes concrets qui impressionnent par leur ambition tout en mettant en lumière la solidité des engagements (trop nombreux pour être énumérés) de la part d’un groupe constitué de maisons dont les racines sont irriguées depuis longtemps par l’idée d’une croissance durable et respectueuse. Ce projet phare prouvant l’importance accrue accordée par LVMH à la protection de la biodiversité, à la lutte contre le dérèglement climatique, à l’économie circulaire et à la transparence est le développement sur le plateau de Saclay dans l’Essonne d’un centre de recherche et d’innovation mondial dédié au luxe durable et digital.

Bernard Arnault : « le sens de l’intérêt général n’est pas un vain mot. Il est un fait fondamental»

Le choix du lieu est significatif. Tout d’abord il valide l’importance du plateau de Saclay, auprès des entreprises françaises puisque Danone s’y est récemment implanté et que l’Etat lui-même poursuit son projet d’y établir une Silicon Valley à la française : « Ce choix traduit la volonté du groupe de s’implanter au cœur d’un écosystème de recherche particulièrement riche et dynamique rassemblant les meilleures expertises tout en entretenant un lien étroit avec le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche », fait valoir le géant français du luxe. A titre personnel, le dirigeant attend de ce nouveau centre un « leadership créatif aussi significatif que celui des studios de design de nos maisons. »

Ensuite, tout aussi significatif, ce choix révèle l’importance pour Bernard Arnault de l’ancrage européen de son groupe : « L'Europe, où prévaut le droit de l'environnement et du travail le plus avancé, a toute légitimité pour formuler les références mondiales qui serviront à comparer objectivement les efforts de chacun et à distinguer les actions véritables - que conduisent la majorité des entreprises - de discours abstraits ou militants qui brouillent le jugement. Il est désormais nécessaire que les critères de cette grande évaluation soient universels, c'est-à-dire chiffrables et robustes. Qui mieux que l'Europe, avec les entreprises européennes, pour se charger de ce travail urgent ? » déclare le dirigeant dans une tribune publiée dans le journal Les Echos (propriété de LVMH).

D’un point de vue général, cette annonce confirme un aspect méconnu de la personnalité de Bernard Arnault : sa croyance farouche dans le bien fondé des solidarités constructives et son attention portée sur ce qu’il convient d’appeler l’intérêt général et le « bien public ». Une croyance forgée de longue date puisqu’en 2000, le dirigeant répondait ainsi à une question du journaliste Yves Messarovitch concernant l’importance du mécénat au sein de LVMH : « Une entreprise, pour réussir, doit marquer sa responsabilité face à certaines problématiques majeures de son environnement humain et naturel. Le sens de l’intérêt général n’est pas un vain mot, il est un fait fondamental. Si la création de richesses est la mission du monde des affaires, indissociable de la prospérité d’un pays et de ses habitants, je pense que le « bien public » ne doit pas être laissé à la seule responsabilité des Etats et des gouvernements. »

« Des actions qui revêtent un caractère concret et enraciné et ne soient jamais des professions de foi hors-sol ».

Dernier exemple en date de l’importance accordée aux maisons du groupe LVMH aux questions liées à la durabilité, l’annonce dans le communiqué révélant la collaboration entre le joaillier Tiffany & Co et le couple Carters, formé par les deux superstars Beyoncé et Jay Z, d’un don de deux millions de dollars destinés à favoriser un programme de bourses et de stages pour les Historically Black Colleges and Universities (HBCUs). Cet engagement, indique le communiqué, reflète le soutien continu de Tiffany & Co aux communautés sous-représentées : une problématique qui fait écho à l’histoire spécifique des Etats-Unis et à son actualité brulante. Un engagement également conforme à la vision de Bernard Arnault détaillée cet été dans Les Echos : le soutien sincère à l’ensemble des propositions environnementales et inclusives qui émanent des maisons du groupe à condition que celles-ci revêtent « ce même caractère concret et enraciné et ne soient jamais des professions de foi hors-sol ».

Crédit photo : Tiffany & Co.

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