Covid-19, vente en ligne, inflation... Nombreuses incertitudes avant les soldes d'hiver
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Paris - À peine les courses de Noël terminées, c’est déjà l’heure des soldes d’hiver qui débutent mercredi. La période reste attendue par les commerçants mais perd chaque année de son importance face à la concurrence des promotions en ligne, a fortiori en plein “raz-de-marée” de contagion Covid-19.
Le poids du contexte sanitaire
Cette année encore, c’est la plus grosse interrogation pour les commerçants : dans quelle mesure le Covid-19 va-t-il peser sur les ventes ? “Compte tenu de la situation sanitaire qualifiée de raz-de-marée par le ministre de la Santé Olivier Véran, nous nous préparons pour une éventuelle édition digitale pour les soldes 2022”, explique le directeur général de Relais Colis, Jean-Sébastien Leridon.
Dans la semaine précédant le coup d’envoi des soldes, la pandémie de Covid-19 a en effet poursuivi sa flambée dans le monde et en France, et si les décès restent orientés à la baisse, ça ne donne pas forcément envie d’aller faire du lèche-vitrine, même au sens figuré.
“L’inquiétude est forte, on voit que la décision de mettre tout le monde au télétravail” pour endiguer la propagation du Covid-19 “a déjà eu un impact non négligeable sur l’afflux en boutiques, avec dans certains cas une fréquentation en baisse de 50 pour cent par rapport à l’année dernière”, alerte auprès de l’AFP Florence Bonnet-Touré, la secrétaire générale de la fédération nationale de l’habillement (FNH), qui représente les commerces indépendants du secteur.
Comment faire face aux ventes privées ?
Mais ce “climat anxiogène” n’est pas le seul nuage à l’horizon de la période des soldes. Les consommateurs à l’affût des bonnes affaires ont bien remarqué que les ventes privées avaient déjà commencé, notamment sur internet. Plus largement, les opérations promotionnelles ont fleuri ces dernières années, “ce qui perturbe nos repères puisqu’à force de voir des produits soldés en permanence, le consommateur se dit que c’est en réalité le prix non barré qui est trop cher”, observe Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut Français de la Mode (IFM).
En juin dernier, Amazon avait ainsi organisé sa gigantesque opération promotionnelle du Prime Day les 21 et 22 juin, une semaine avant le coup d’envoi des soldes en France. Une date fixée internationalement mais vécue comme une “déclaration de guerre” par certains commerçants français. Quelle marge de manœuvre pour les commerçants, alors que certains sites, non domiciliés en France, ne sont pas soumis à la législation des soldes ? L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a proposé au chef de l’État Emmanuel Macron de profiter de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui “permet d’influer sur l’agenda européen”, pour mieux légiférer sur le commerce en ligne.
L’inflation… dans la mode aussi ?
Autre incertitude importante, souligne Gildas Minvielle : la façon dont l’inflation pèsera sur le secteur de la mode en 2022. Elle ne l’épargnera pas, selon lui. “Habituellement, la mode est un marché où les prix progressent assez faiblement par rapport à d’autres produits de l’économie, mais là on va sans doute observer une hausse.”
“Les cours des matières premières comme le coton, le pétrole, la laine ont progressé, ce à quoi s’ajoutent les problématiques posées par l’approvisionnement, comme le coût du fret, qui pèse énormément sur les prix”, et encourage à produire moins loin qu’auparavant, poursuit le spécialiste du secteur.
Le contexte d’inflation risque en tout cas de peser sur les ventes lors de la période des soldes, car quand les autres postes de dépenses sont plus importants, les consommateurs diminuent le budget alloué aux dépenses de mode. En Europe, c’est notamment la flambée des prix de l’énergie qui explique un taux d’inflation à 5 pour cent sur un an en décembre, selon Eurostat, soit un plus haut en 25 ans.
De quoi inquiéter les commerçants, au point que, selon un sondage sur le terrain conduit par la FNH à paraître prochainement, 8 commerçants indépendants sur 10 se disent inquiets pour la pérennité de leur activité commerciale en 2022, selon Florence Bonnet-Touré. (AFP)