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D'ex-guérilleros Farc à créateurs de mode, des vêtements pour la paix

By AFP

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Bogota - Relégués les treillis de camouflage et les bottes. Aujourd'hui, d'ex-guérilleros Farc parient sur la mode pour se réintégrer à la société civile en Colombie et créent des tenues colorées, porteuses de « messages de paix », qu'ils ont présentées à Bogota.

Démontrer l'« engagement envers la paix »

« Ce défilé vise à montrer les vêtements que nous confectionnons et à démontrer à la Colombie notre engagement envers la paix », a déclaré à l'AFP l'ancien rebelle Gonzalo Beltran, qui a déposé les armes pour la couture. Une dizaine de mannequins, étudiantes et ex-guérilleras, ont ainsi présenté mercredi devant quelque 200 spectateurs la première collection élaborée dans l'une des 26 zones de réincorporation des anciens combattants de ce qui fut la plus puissante rébellion armée du continent américain.

Sur fond de musique électronique, ces jeunes femmes ont arpenté le podium en exprimant leur confiance envers le pacte signé fin 2016 par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et le gouvernement du président et prix Nobel de la Paix, Juan Manuel Santos (2010-2018).

« Estamos cumpliendo » (Nous tenons nos promesses, ndlr), pouvait-on lire sur une pancarte brandie par une jeune femme vêtue d'un kimono jaune, et sur d'autres : « Para la paz todo » (Tout pour la paix), « Para la guerra nada » (Rien pour la guerre) et « La moda es un acto político » (La mode est un acte politique).

La créatrice et politologue Angela Maria Herrera travaille avec une trentaine d'ex-guérilleros de la zone d'Icononzo, où ils vivent depuis l'accord qui a permis leur désarmement et la transformation des Farc en parti politique.

« Nos vêtements portent des messages de paix (...) Certains ont été confectionnés par les ex-combattants, mais coupés par des victimes de la violence, donc le message de réconciliation y est intrinsèque », explique-t-elle.

Intitulé « Pazarela » (jeu de mots entre paz/paix et pasarela/podium), ce défilé a réitéré l'engagement de la majorité des ex-guérilleros envers l'accord, malgré l'annonce de l'ancien numéro deux des Farc, Ivan Marquez, et d'autres ex-commandants, de reprendre les armes en arguant de la "trahison" du pacte par le gouvernement.

« Ce sont les vêtements que nous faisons, hommes et femmes qui parions sur la paix, que avons laissé le fusil, qui avons dit non à la guerre et qui voulons continuer ainsi », a affirmé l'ancienne rebelle Milena Reyes, qui présentait une robe fleurie et arborait une pancarte « Implementación del acuerdo ya » (Application de l'accord maintenant).

Mode dans la jungle

Dans la perspective de la Journée internationale de la paix le 21 septembre, l'université privée des Andes a accueilli le défilé.

Leonardo Gonzalez, organisateur de l'évènement, a souligné que ces jeunes « ne veulent pas retourner à la guerre ».

Bien que l'« immense majorité » des quelque 13 000 anciens combattants et collaborateurs civils des Farc restent, selon l'ONU, engagés envers la paix, le réarmement de certains minent les efforts pour surmonter plus d'un demi-siècle de confrontation entre cette guérilla marxiste, apparue en 1964, et l'Etat colombien.

Cela s'ajoute l'expansion des groupes dissidents des Farc, qui se sont aussi mis en marge du processus de paix, et comptent près de 2 300 hommes armés, entre ex-guérilleros et nouvelles recrues. Sans commandement unifié, ils se dédient surtout au trafic de drogue et à l'exploitation minière clandestine, selon les services de renseignement militaires.

Mais Milena Reyes veut tourner la page. Pour elle, la mode est une opportunité de mettre en pratique un talent acquis dans la jungle pour mener une vie en paix.

« Nous étions des stylistes, des tailleurs de la guérilla », rappelle une autre ex-rebelle.

« Nous changions les vêtements qu'on nous donnait car c'était des tailles standard, certains nous étaient trop grands ou trop justes (...) Nous lancions aussi des modes dans les rangs de la guérilla », se souvient-elle en riant.(AFP)

Photo : Juancho Torres / ANADOLU AGENCY / AFP

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