Dentelles des Hauts de France : une filière d’excellence qui croit en son avenir

La ville de Caudry bénéficie d’un glorieux passé dans l’univers du tissage. Située dans les Hauts de France, à proximité de Valenciennes et surtout de Cambrai, cette petite commune se caractérisait sous l’Ancien Régime comme l’un des centres d’une industrie prospère: l’industrie des “toilettes”, ou si vous préférez : des “batistes”. A l’époque, le tissage à domicile était même l’activité principale de l’ensemble des villages du Cambrésis. Cette activité périclita dès le règne de Louis XIV mais elle trouva dès lors un substitut remarquable avec l’implantation dans la région, au xixe siècle, de industrie des tulles et dentelles mécaniques qui bénéficia de facto d’une main d’œuvre déjà formée.

Globalement, l’industrie textile reste bien représentée à Caudry avec une trentaine de petites entreprises dont le cœur d’activité est l’ennoblissement textile, la fabrication d’étoffes à mailles, le linge de maison, les articles d’ameublement. Mais on peut dire sans schématiser outre mesure que la dentelle demeure encore aujourd’hui le fondement du tissu industriel local. Douze dentelliers emploient environ 800 personnes dans la commune. On pourrait même ajouter que Caudry est avec Calais le centre mondial de la dentelle mécanique « Leavers » : les entreprises locales exportent plus de 80 pour cent de leurs produits - des produits d’un grand raffinement portés par exemple par Kate Middelton en 2011, par la nouvelle Madame Clooney lors de son mariage en 2014, ou par Michelle Obama en 2009.

Cette tradition de qualité, voir même d’excellence, contribue naturellement à la renommée de la mode française en vertu d’un principe bien connu : le style se copie toujours, mais le savoir-faire lui, ne se copie pas. Certaines entreprises de mode (on pense à Chanel tout particulièrement et à sa politique d’investissement chez les façonniers) ont bien compris tout ce que la réputation d’élégance française et parisienne doit à ces entreprises locales qui luttent parfois avec de nombreuses difficultés pour être préservées. La récente reprise de Desseilles Laces par le groupe chinois Hangzou Yongshen en constitue une preuve assez frappante.

Sophie Hallette prend les rênes de Dentelles MC

Romain Lescroart, président de la Fédération française des dentelles et broderies, par ailleurs PDG de Sophie Hallette, connaît mieux que personne les difficultés croissantes liées à la préservation d’un savoir-faire apprécié mais fragile. Le PDG n’avait pas caché à l’époque de la reprise de Desseilles Laces son amertume face à la décision du tribunal de commerce qui avait écarté, au profit des investisseurs chinois, l’offre de reprise du dentellier caudrésien tout comme l’offre commune des sociétés Bracq et Solstiss. Le jeune dirigeant s’était alors tourné avec énergie sur le dossier Codentel. Avec succès cette fois-ci. Succès d’autant plus appréciable que Chanel devenait dans le même temps actionnaire de Sophie Hallette, détenue par le groupe familiale français Holesco.

Pour consolider cet engagement en faveur de la filière dentelle des Hauts de France, Sophie Hallette, via le groupe Holesco, a annoncé cette semaine avoir pris l’entier contrôle de la société Dentelles MC dont elle détenait jusqu’à maintenant 50 pour cent. Cette entreprise emploie 20 salariés avec une large part de son chiffre d’affaires au grand export. Spécialiste de la dentelle Leavers destinée aux marchés de l'habillement bénéficie pour ses fabrications du label Dentelle de Calais-Caudry. Edith Mery, actuelle dirigeante de Dentelles MC s’en réjouit : "*Dentelles MC que j'ai eu énormément de plaisir à diriger pendant plus de 5 ans est le fruit d'un partenariat avec Holesco depuis son origine. C'est dans la continuation de cet esprit fondateur que je confie l'avenir de la maison Dentelles MC à Romain Lescroart, un jeune dirigeant de sociétés déjà très implantées dans notre secteur. *" Le président du groupe Holesco n’a désormais qu’une obsession : l’avenir. La filière représente encore 1200 emplois sur Calais et Caudry. L’horizon sera certes semé de difficultés mais il n’est pas bouché, le PDG en est persuadé : la dentelle française a encore un long avenir devant elle.

Crédit photo : capture d’écran www.sophiehallette.com