Des députés britanniques "horrifiés" par le manque de transparence de Shein

Londres - Le président d'une commission parlementaire britannique s'est dit mardi "horrifié" par le manque de transparence d'une représentante du géant asiatique de la fast fashion en ligne Shein sur l'origine de ses produits, alors que le marché guette une possible cotation de cette société à Londres.

"Pour une entreprise qui vend (plus d')un milliard de livres (de marchandises par an) aux consommateurs britanniques et qui cherche à entrer en Bourse à Londres", la commission des Entreprises et du Commerce "a été assez horrifiée par le manque de données fournies", a déclaré le député travailliste Liam Byrne lors d'une audition publique.

Shein, entreprise fondée en Chine en 2012 et basée à Singapour, n'a encore rien annoncé officiellement, mais le marché attend une possible introduction à la Bourse de Londres cette année.

Une source proche du dossier a confirmé en juin 2024 à l'AFP un projet en ce sens du géant des vêtements ultra low cost, valorisé par plusieurs médias britanniques à quelque 50 milliards de livres (60 milliards d'euros). Sa seule filiale britannique a publié un chiffre d'affaires de près d'1,6 milliard de livres (1,9 milliard d'euros) en 2023. La commission des Entreprises et du Commerce de la chambre des Communes avait convoqué mardi après-midi Yinan Zhu, directrice juridique de Shein pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Interrogée à plusieurs reprises sur des allégations impliquant que des produits en coton vendus par l'entreprise pourraient provenir de "travail forcé" de membres de la minorité ouïghoure au Xinjiang (nord-ouest de la Chine), Mme Zhu s'est dite dans l'impossibilité de répondre. "Nous respectons évidemment les lois et les réglementations partout où nous exerçons nos activités dans le monde", a-t-elle toutefois insisté, proposant de revenir par écrit vers la commission au sujet des questions restées sans réponse.

Sans convaincre: l'audition "nous a donné une confiance quasi nulle dans l'intégrité de vos chaînes d'approvisionnement", a asséné M. Byrne. Shein avait à l'origine envisagé une cotation à New York, avant d'y renoncer face à l'accueil mitigé des régulateurs américains à cause des dissensions entre Washington et Pékin.

Accusée de travail forcé, de plagiat de modèles de ses concurrents, d'incitation à la surconsommation, montrée du doigt pour l'impact environnemental de ses produits et peu transparente sur sa production, la marque s'est attirée les foudres des défenseurs de l'environnement et des droits humains.

Shein a annoncé en décembre la mise en place de comités stratégiques pour l'accompagner dans sa démarche de responsabilité sociétale. (AFP)