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Des jambes bleu-blanc-rouge, le pari de deux manufactures textiles de l'Est

By AFP

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"On maîtrise la fabrication, autant produire chez nous!": deux manufactures textiles des Vosges, Bleuforêt, et d'Alsace, Labonal, misent sur la fabrication française de collants fins pour le premier et de chaussettes pour le second, pour se démarquer.

Depuis fin novembre, les rayons des grandes et moyennes surfaces alsaciennes, fief de Labonal (La Bonneterie d'Alsace), accueillent "La Frenchie", une toute nouvelle gamme de chaussettes "100 pour cent françaises". "Tous les fournisseurs, une dizaine, sont basés dans l'Hexagone", assure Dominique Malfait, à la tête de la PME fondée en 1924 à Dambach-la-Ville (Bas-Rhin).

La manufacture, qui emploie 90 personnes, a déniché un récolteur de lin dans le Nord, des producteurs de fil dans le Sud-Ouest et en Champagne-Ardenne, des filateurs de lin et coton et des filatures et teintureries dans les Hauts-de-France et les Vosges. "Au total, La Frenchie apporte du travail à un millier de salariés" dans le pays, a calculé M. Malfait.

Un liseret bleu-blanc-rouge sur les chaussettes et la mention "100 pour cent France" en grands caractères sur l'emballage attestent la production nationale. Deux labels, obtenus par le fabricant, légitiment son caractère bleu-blanc-rouge: "Origine France Garantie" et le très exigeant "France Terre Textiles", élaboré par les professionnels du secteur.

Différents sondages auprès des consommateurs "montrent une propension croissante au fil des années à +plutôt+ acheter français, être sensible au pays de fabrication, rechercher une marque de caractère qui se différencie", rappelle le dirigeant alsacien.

A Bleuforêt, marque de Tricotage des Vosges, installée à Vagney (Vosges), la réflexion d'une fabrication de collants fins en fils synthétiques est née après l'échec de la reprise d'un fabricant de ce produit en 2015.

L'usine vosgienne fabrique 30.000 paires par jour de chaussettes et collants en fibres naturelles, vendues en grande distribution et magasins. "On maîtrise la fabrication, autant produire chez nous", résume André Leidlinger, directeur de production de la société, qui est aussi propriétaire d'Olympia depuis 2010.

Machine équipée d'un système automatisé d'assemblage, quinze métiers à tisser, atelier aménagé à part dans l'usine, formation de techniciens, bonnetières et opératrices de confection... La marque a investi 1,5 million d'euros pour filer ses premiers collants en polyamide et lycra en mars 2017. Les paires, confectionnées en fil écru, sont ensuite teintées à Romilly (Aube).

"Notre objectif était d'atteindre les 300.000 paires. On a dépassé les 200.000 paires en 2018", détaille M. Leidlinger. "Une tendance qui va dans le bon sens, c'est un gros chantier commercial. On est partis de zéro, dans un marché où nous n'étions pas attendus et qui n'est pas extensible", ajoute-t-il.

En 2019, les six collections de collants aux "titrages, coloris et opacités différents" seront présentes dans 250 à 300 points de vente.

"Acheter français"

Le prix d'un collant Bleuforêt varie de 6 à 15 euros. "C'est un peu plus cher, mais pas deux fois plus cher", souligne le responsable vosgien. Labonal vend ses paires "La Frenchie" de 6 à 9 euros.

L'enjeu est de convaincre le consommateur moyen d'opter pour "un achat français", plutôt que de choisir une paire de chaussettes importée à 3 euros dans les hypermarchés ou sur le web.

"Le consommateur doit intégrer la notion de coûts cachés, ce qu'il fait trop peu encore", observe Catherine Aubertin, une des coordinatrices de France Terre Textiles, faisant référence aux impacts environnementaux et aux conditions de travail dans les pays "low cost".

"A partir de là, vous regardez autrement deux étiquettes aux prix très différents", insiste Mme Aubertin.

Labonal mise sur "La Frenchie" pour remonter son chiffre d'affaires - 7,5 millions d'euros - et consolider son rebond, après avoir connu un redressement judiciaire en 2017.

Bleuforêt, qui compte 168 salariés, s'appuie sur "la qualité, la réactivité pour le réassort, l'adaptation au cahier des charges des distributeurs" pour s'installer durablement parmi les collants fins. Et s'intéresse désormais aux mi-bas "pour gagner de la présence en magasin, développer notre marque et obtenir d'autres parts de marché", souligne M. Leidlinger.

Les deux manufactures sont les derniers fabricants français de chaussettes, avec Perrin à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) et Kindy à Moliens (Oise).(AFP)

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