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Dior et Armani : nouvelle enquête et réponses au scandale de la sous-traitance chinoise

By Jaime Martinez

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Boutique Dior rue Saint-Honoré Credits: Dior

La griffe française Dior et la marque italienne Armani ont répondu à la nouvelle enquête ouverte à leur encontre par l’autorité de la concurrence italienne (l'Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato - AGCM). Cette procédure, lancée à la fin du mois de juillet, fait suite à la polémique selon laquelle les maisons de luxe entretiendraient des liens avec un réseau de sous-traitants basé en Italie qui emploie des travailleurs chinois dans des conditions proches de l'esclavage.

Pour replacer les faits dans leur contexte, il est d'abord nécessaire de revenir sur l'enquête menée en début d'année par le parquet et le tribunal de Milan concernant les entreprises italiennes Manifatture Lombarde et Minoronzoni, respectivement basées dans la région de Milan et à Bergame. Ces entreprises, intégrées dans la chaîne d'approvisionnement du Groupe Armani via sa filiale Giorgio Armani Operations, ont fait l'objet d'une enquête au début du mois d'avril, qui a conduit à la mise sous administration judiciaire de la filiale de production du Groupe Armani. Une situation similaire s'est produite quelques mois plus tard pour la filiale de production italienne du Groupe Dior, Manufactures Dior Srl, à la suite d'une enquête du même type. Celle-ci a mis en lumière un certain nombre d’irrégularités au sein des ateliers des entreprises Pelletteria Elisabetta Yang, New Leather Italy, et Davide Albertario Milano, toutes liées à la chaîne d'approvisionnement de Dior. Ces entreprises, tant celles liées à la chaîne de valeur d'Armani que celles de Dior, auraient, selon les enquêtes du parquet et du tribunal de Milan, employé des travailleurs chinois dans des conditions de travail et de salaire précaires.

Face aux révélations de ces enquêtes et au scandale qu'elles ont suscité dans l'opinion publique, l'AGCM a annoncé, fin juillet, l'ouverture d'une enquête formelle visant à déterminer si Armani et Dior avaient adopté des pratiques anticoncurrentielles. L'AGCM a procédé à des perquisitions dans les bureaux des entreprises liées au Groupe Armani (notamment Giorgio Armani et Giorgio Armani Operations), ainsi que dans ceux de Christian Dior Italia, Christian Dior Couture et Manufactures Dior, toutes trois concernées par cette enquête.

Selon l’autorité, les entreprises auraient utilisé des matériaux provenant d'ateliers où les travailleurs étaient payés de manière inadéquate, travaillaient au-delà des limites légales et dans des conditions de sécurité et d'hygiène insuffisantes, en contradiction avec les normes de production de haute qualité qu'elles revendiquent. Par conséquent, et à la lumière de l'enquête menée par le parquet et le tribunal de Milan, largement relayée par la presse, une enquête a été ouverte contre plusieurs entreprises du Groupe Armani et du Groupe Dior pour de possibles pratiques déloyales dans la promotion et la vente de vêtements et d'accessoires, en violation du Code du Consommateur italien.

Les réponses d’Armani et de Dior

En réponse à ces nouvelles accusations concernant leurs réseaux de production en Italie, Armani et Dior ont toutes deux souhaité se défendre face aux soupçons et à l'enquête ouverte contre elles par l'AGCM. Cette enquête, par sa simple ouverture, a déjà porté un coup à la réputation des deux entreprises, lesquelles ont décidé de répondre en proclamant leur innocence face aux accusations de l'AGCM et en soulignant que les cas mis en lumière par l'enquête du parquet et du tribunal de Milan étaient isolés et ne représentaient aucunement leurs opérations globales. Dans le cas de Dior, la société a également nié les accusations selon lesquelles certains de leurs sacs auraient été produits à des prix « ridiculement bas ».

Du côté d'Armani, l'entreprise a déclaré dans un communiqué repris par le média WWD que face à « l'ouverture d'une enquête pour des pratiques déloyales présumées concernant notre communication institutionnelle en matière de responsabilité sociale d'entreprise », les entreprises « concernées sont pleinement engagées à coopérer avec les autorités » italiennes. Toutefois, cette coopération ne signifie pas la reconnaissance des accusations émises, bien au contraire, les entreprises liées au Groupe Armani affirmant que « les accusations sont infondées » et qu'elles « ont confiance en un résultat positif » de l'enquête.

La société Dior a quant à elle déclaré « condamner fermement ces actes indignes, qui contredisent ses valeurs et le code de conduite signé par ces fournisseurs », ajoutant qu'ils « ne reflètent pas la réalité du travail de ses artisans ni les liens durables qu'elle entretient avec l'Italie. » Ces fournisseurs « ne recevront plus aucune commande à l'avenir », tandis que « les équipes de Dior travaillent intensément pour continuer à renforcer leurs processus de production existants. » La maison reconnaît que « malgré les audits réguliers » réalisés, « ces deux fournisseurs ont manifestement réussi à dissimuler ces pratiques. »

La maison française, qui a partiellement reconnu sa responsabilité tout en insistant sur le caractère isolé des irrégularités au sein de leur chaîne de valeur, a également voulu clarifier les informations diffusées au cours des derniers mois. Elle a notamment souligné que « certains articles mentionnent des faits complètement faux, en indiquant en premier lieu que les fournisseurs en question produisaient des sacs à main, alors qu'ils ne participaient qu'à l'assemblage partiel d'articles en cuir pour hommes. » En outre, la maison a contesté les affirmations selon lesquelles « les coûts de production de ces sacs sont ridiculement bas », en soutenant que « la marge bénéficiaire de la maison Dior est totalement alignée avec celle de l'industrie du luxe, et en aucun cas conforme aux commentaires erronés. »

En réponse à la polémique, Dior conclut en affirmant qu'elle « suivra de près l'évolution de ses produits artisanaux, en mettant un accent particulier sur l'intégration de la production dans ses propres ateliers, tout en continuant à offrir les meilleures conditions de travail à tous ceux qui contribuent, avec un immense engagement et un savoir-faire remarquable, à créer les articles Dior de la plus haute qualité. »

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.es. Il a été traduit et édité en français par Aéris Fontaine.

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