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E-commerce : quand les citadins refusent les « centres de distribution urbaine »

By Herve Dewintre

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La progression du e-commerce est constante : + 25 pour cent de chiffre d’affaires au deuxième trimestre 2021 pour les adhérents de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance-Fevad. Cette progression, galvanisée par la pandémie et les confinements successifs entraine mécaniquement un besoin accru, de la part des plateformes commerçantes, de disposer de centres de distribution au plus proche de leurs consommateurs. Ce besoin se révèle d’autant plus pressant que les plateformes promettent des livraisons de plus en plus rapides, souvent dans la journée, parfois même dans l’heure. Quelques minutes seulement s’écoulent entre l’enregistrement de la commande et le départ du livreur.

Inévitablement, pour répondre à la demande, les centres de distributions s’installent en ville, parfois au milieu des habitations. Amazon, pour pouvoir livrer ses clients premium dans l’heure à Paris et dans certaines villes de la petite couronne a installé des 2016 une plate-forme de distribution intramuros avec un entrepôt de 4 000 mètres carrés situé boulevard Ney. Une conséquence inévitable liée à l’évolution de nos modes de consommateurs depuis 2020. Cette évolution souhaitée par les consommateurs consterne dans le même temps les citoyens qui sont souvent, et c’est paradoxal, les mêmes personnes. Les consommateurs se plaignent volontiers de l’occupation erratique de la voie publique -ballet incessant de camionnettes de livraison garées sur le trottoir ou sur la piste cyclable - sans parler des nuisances liées au bruit et à la pollution.

Ainsi, à Paris, dans le quartier des Grandes-Carrières dans le XVIIIe arrondissement, le projet d’installation au 170 rue Ordener d’une plate-forme logistique de 2400 mètres carrés dédiée à la distribution urbain et plus précisément à la livraison « du dernier kilomètre » sur un site jusqu’à présent occupé par un concessionnaire automobile, soulève la colère des riverains et des co-propriétaires qui s’inquiètent de la dégradation de leurs conditions de vie en raison de la présence de véhicules utilitaires, de vélos-cargos et même de gros-porteurs. Certains redoutent un flux continu de 5 heures à 22 heures vers la rue Ordener déjà encombrée la plupart du temps.

Interrogé par le Parisien, un copropriétaire s’inquiète : « À l’heure où les ventes en ligne explosent, pourquoi pas créer une telle plate-forme. Mais pas dans une zone habitée aussi dense. Ce serait une première. » Une pétition circule. Elle stipule notamment que l’implantation de la plate-forme logistique de livraison contrevient aux intentions de la Ville de Paris en ce qui concerne la préservation du cadre de vie et des commerces de proximité, de la réduction des flux automobiles aux cœurs des quartiers d’habitation, et enfin de la préservation de la qualité de l’air.

Les entrepôts de stockages vont inévitablement rentrer dans Paris

D’un côté : demande accrue pour le e-commerce et la livraison de plus en plus rapide. De l’autre côté : crainte des citadins devant les nuisances diverses liées à la livraison. Comment résoudre cette équation ? A priori, cela sera difficile. Des 2019, Jérôme Libeskind, expert de la logistique urbaine, fondateur de Logicité et auteur de « La logistique urbaine », pointait déjà du doigt le fait que la logistique, pour être au plus près des consommateurs, avait un besoin crucial de mètres carrés dans Paris. D’autant plus que les vélos-cargos nécessitent d’avoir des produits stockés dans des centres de proximité. Le spécialiste préconise les livraisons à pied, comme au Japon, mais aussi de regarder vers les souterrains, les parkings ou les caves de bureaux et immeubles tertiaires inexploités. A condition qu’ils soient faciles d’accès. Une solution alternative, qui, on le pressent, ne résoudra pas entièrement les problèmes soulevés à l’heure où le foncier disponible se fait de plus en plus rare, et de plus en plus cher. Un grand défi en perspective.

Crédit photo : Amazon

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