Faute de repreneurs, la maison Sonia Rykiel est liquidée définitivement
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Triste nouvelle : le tribunal de commerce de Paris a décidé de liquider la maison de couture fondée par Sonia Rykiel. L’entreprise était en difficulté depuis des années, avant même la disparition de sa fondatrice dont l’emprise sur la mode parisienne a pourtant été considérable durant plusieurs décennies. La créatrice qui fonda sa maison éponyme avec l’ouverture d’une boutique à Saint Germain en 1968 restera dans l’histoire comme une pionnière de la mode et une ardente partisane de la liberté des femmes.
C’est une triste nouvelle pour l’histoire de la mode parisienne mais c’est aussi une très mauvaise nouvelle pour les salaries de l’entreprise : cette liquidation décidée aujourd’hui par le tribunal, faute de repreneurs, implique en effet le licenciement des 131 salariés restants de la maison, ils étaient encore 400 salariés au début des années 2000. La société a connu une perte nette de 30 millions d’euros l’an dernier. Elle compte actuellement un réseau de six boutiques qu'elle possède en propre, ainsi que quatre « outlets ». Elle réalise un peu plus de 50 pour cent de ses ventes en France.
Un projet de reprise sur internet grace au blockchain jugé peu convaincant
Plusieurs repreneurs s’étaient manifestés avant de déclarer forfait. Parmi eux figurait Emmanuel Diemoz, ancien dirigeant de Balmain. Le seul dossier de reprise parvenu aux administrateurs judiciaires (qui avaient lancé un appel d’offres dont la date limite était le 12 juin) était porté par Nicole Levy et Julien Sedbon, entrepreneurs dans le secteur immobilier. Ils proposaient 200 000 euros pour reprendre l’entreprise qu’ils souhaitaient relancer sur internet par le biais de la blockchain. Mais leur dossier ne fournissait pas de garanties financières suffisantes aux yeux des deux administrateurs judiciaires : le cabinet d’Hélène Bourbouloux et le cabinet Abitbol & Rousselet.
Avant même sa disparition en 2016, la célèbre créatrice aux cheveux flamboyants sentait le danger venir. En 2009, elle avait ainsi déclaré : « On est obligé de faire terriblement attention parce qu'autour de nous il y a des groupes énormes ». Nathalie, la fille de Sonia Rykiel avait progressivement pris les commandes de l’entreprise familiale à partir de 2012. Mais il manquait la fantaisie, l’aplomb et le charisme de celle que les américains avaient surnommé : la reine du tricot. Le chiffre d’affaires, de 110 millions d’euros aux débuts des années 2000 a fondu d’années en années pour atteindre 35 millions aujourd’hui.
Malade depuis quelques années, la créatrice avait cédé l’entreprise au groupe hongkongais First heritage Brands – qui possède également Delvaux et Clergerie -, quatre ans avant sa disparition. Les actionnaires injectèrent alors 200 millions d’euros dans la société. La société était placée en redressement judiciaire depuis le 18 avril.Lors de la mise en redressement judiciaire de la société, le comité d’entreprise de Sonia Rykiel avait souligné « la gestion hasardeuse et dispendieuse » de son actionnaire. Interrogée par l’AFP, une salariée indique : « Le problème c'est que les nouveaux propriétaires n'ont pas gardé les codes et les bases de la maison, comme la maille et les rayures, ils ont dilué ce qui faisait l'identité de la marque et se sont lancés dans une course au luxe alors qu'on faisait du prêt-à-porter, il y a eu une erreur de positionnement, le produit n'a pas suivi ».Thomas Hollande (fils de l’ancien président de la république François Hollande), avocat des salariés veut désormais trouver un accord dans les prochains jours pour dégager une enveloppe financière au profit des salariés de la part des actionnaires hongkongais. A l’AFP, l’avocat précise : « La liquidation va aussi donner lieu à la vente des actifs, dont le principal est la marque, mais aussi le stock et les fonds de commerce. Nous avons demandé à ce qu'une partie de cet argent puisse servir aux salariés ».
Photo : Sonia Rykiel Facebook