Gap France : Spodis (JD Sports) retenue pour le rachat, 214 emplois sauvegardés
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Grenoble - La société Spodis, appartenant au groupe coté à Londres JD Sports, a été retenue par le tribunal de commerce de Grenoble pour reprendre au prix de 300.000 euros une grande partie de l'activité de la société Wilsam, filiale du groupe Ohayon détentrice des magasins GAP en France.
"Avec des prévisions d'exploitation et financières réalistes, une capacité à soutenir le fonds de roulement et des investissements sur fonds propres, Spodis sauvegarde 214 emplois sur 336, avec l'engagement de ne procéder à aucun licenciement économique pendant 2 ans", a annoncé jeudi le parquet de Grenoble dans un communiqué.
« Les emplois repris proviennent de 19 magasins, du siège et de deux "corners", mais seuls neuf magasins sont repris en intégralité », a encore indiqué le parquet, précisant que le tribunal avait « retenu la proximité des activités de Gap (commerce de détail et habillement) et de JD Sports (commerce de détail de vêtements) et le respect de la poursuite d'activité », alors que l'offre ne faisait pas l'unanimité parmi les employés, inquiets de voir disparaître la marque Gap en France.
Ce rachat pour 300.000 euros, qui inclut la reprise de près de deux tiers des emplois, prévoit en revanche de ne reprendre aucun employé du siège et des enseignes d'Aix-en-Provence et Montpellier. Selon le parquet de Grenoble, « la solution de reprise par Spodis donne les meilleures garanties de maintien de l'activité et de l'emploi ».
La société lilloise Spodis restait le seul candidat en lice puisque Hema France et Shopinvest, qui avaient déposé une offre dans un premier temps, se sont finalement désistés. Le groupe Intersport avait quant à lui renoncé dès début avril.
Le tribunal a par ailleurs écarté la possibilité d'un plan de redressement, en l'absence de « document écrit étayant le projet » de sauvetage envisagé par la société Wilsam - propriétaire de Gap France -, dont le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire, permettant la vente des magasins restants à d'autres acquéreurs.
Après Go Sport et Camaïeu
Filiale via Wilsam de la holding Hermione, Brands & People (HPB) du groupe de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon, l'enseigne Gap France avait été placée en redressement judiciaire début mars, avec à l'époque un passif de près de 6 millions d'euros. Ce passif est passé à plus de 34 millions au jour de l'audience du 26 avril.
Gap France avait été acquis en 2021 pour un euro symbolique par M. Ohayon, dont le groupe est en pleine tourmente depuis plusieurs mois : après la liquidation de son enseigne Camaïeu (2.600 salariés) en septembre, sa holding de tête, la Financière immobilière bordelaise (FIB) s'est déclarée en cessation de paiements et 25 magasins Galeries Lafayette ont été mis en procédure de sauvegarde.
Et en avril, le tribunal de Grenoble avait désigné Intersport pour le rachat de Go Sport - alors en redressement judiciaire - et la reprise de 72 magasins correspondant à 90 pour cent des emplois, au grand soulagement de ses salariés qui redoutaient à leur tour la liquidation. Comme pour Go Sports, la filiale détentrice de Gap France n'a pas été en mesure de présenter un plan de redressement.
Sa proposition de redressement à périmètre restreint (2 magasins, les corners et le site internet) a été rejetée « en considération du montant très important du passif » auprès de la maison mère américaine, Gap Inc., selon le jugement du tribunal de commerce.
Outre ses problèmes financiers, la galaxie Oyahon fait l'objet d'une enquête judiciaire pour « escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien social », après « plusieurs révélations de faits délictueux » signalés par les commissaires aux comptes de Go Sport. La société Spodis, qui exploite en France les enseignes d'articles de sport JD Sports, Size et Footpatrol, « emploie près de 2.500 salariés » et « exploite plus de cent boutiques en France », selon l'offre de reprise consultée par l'AFP.
JD Sports, groupe valorisé à quelque 10 milliards d'euros, réalise 30 pour cent de son chiffre d'affaires au Royaume-uni, 30 pour cent aux Etats-Unis et 30 pour cent en Europe. Il emploie environ 70.000 personnes. (AFP)