Gaspillage alimentaire, "fast fashion": les eurodéputés votent pour durcir les règles
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Strasbourg - Les eurodéputés ont voté mercredi pour réduire de 40% d'ici à 2030 les déchets alimentaires des commerces, restaurants et ménages dans l'UE, tout en durcissant les règles s'appliquant aux producteurs textiles pour limiter les déchets issus de la "fast fashion".
Ce projet législatif du "Pacte vert", adopté en séance plénière (514 voix pour, 20 contre, 91 abstentions) sera désormais négocié avec les 27 Etats membres.
L'objectif premier est de s'attaquer au gaspillage alimentaire afin de réduire d'autant l'usage inutile d'eau, d'engrais et d'énergie pour produire, transformer et conserver ces aliments qui finissent dans les poubelles.
D'après Eurostat, l'UE a généré en 2020 environ 131 kg de déchets alimentaires par habitant (ménages, restaurants, etc.), soit une perte totale estimée à 132 milliards d'euros. Environ un dixième de la nourriture dans les ménages, restaurants et commerces finit par être jetée.
Selon le texte voté, chaque État membre devrait réduire d'ici à 2030 son volume global de déchets alimentaires générés dans les commerces, restaurants, services de restauration et ménages de 40% par rapport au volume enregistré en 2020 (en tenant compte des évolutions démographiques).
Cet objectif est plus ambitieux que la réduction de 30% proposée initialement par la Commission européenne. Le Parlement demande qu'un objectif de -50% soit ensuite envisagé à horizon 2035.
De même, les eurodéputés ont relevé à 20% (contre 10% dans le projet initial) l'objectif de baisse des déchets dans l'industrie agroalimentaire (production et transformation) pour qu'elle valorise davantage les sous-produits.
En revanche, aucun objectif n'est assigné au secteur agricole, soumis aux aléas des cultures et susceptible d'utiliser ses déchets comme engrais ou pour produire du biogaz.
En vue d'atteindre ces objectifs contraignants, les États pourront recourir aux programmes de prévention du gaspillage de leur choix, selon leurs systèmes agroalimentaires et gastronomies.
"L'idée est d'adopter des solutions ciblées (...) mettre en valeur les fruits et légumes 'moches', clarifier l'étiquetage des dates, donner (aux associations) les invendus encore consommables", explique l'eurodéputée polonaise Anna Zalewska (ECR, droite nationaliste), rapporteure du texte.
En 2020, plus de la moitié des déchets alimentaires générés dans l'UE était dû aux ménages (70 kg par habitant) et 20% à l'industrie agroalimentaire (26 kg). Suivaient le secteur agricole (14 kg), les restaurants et services de restauration (12 kg) et les commerces et distributeurs (9 kg).
Les eurodéputés étendent par ailleurs le champ du texte aux déchets textiles, dont les producteurs du secteur devraient assumer les coûts de collecte, de tri et de recyclage. Charge aux Etats d'établir des systèmes pour y veiller.
Seraient concernés par ces nouvelles règles les vêtements et accessoires, couvertures, linge de lit, rideaux, chapeaux, chaussures, matelas et tapis, produits en cuir... Les ventes via les plateformes en ligne seraient aussi ciblées. (AFP)