Inditex : sanctionné en bourse après les résultats décevants du premier trimestre
11 juin 2025
Les résultats financiers présentés aujourd’hui par Inditex, concernant ses performances durant le premier trimestre de son exercice fiscal 2025, n’ont pas été bien accueillis par les marchés, ni par les investisseurs. À tel point que la multinationale espagnole, propriétaire de Zara, a vu son cours boursier chuter fortement mercredi, enregistrant une baisse de plus de 6 %.
Le groupe basé en Galice, dans le nord-ouest de l'Espagne, a dégagé 1,3 milliard d'euros de profits nets lors des trois premiers mois de son trimestre décalé, qui s'est achevé au 30 avril, soit 0,8% de plus que les 1,29 milliard d'euros du premier trimestre 2024.
Ce chiffre, conforme aux attentes des analystes interrogés par le fournisseur d'informations financières Factset, constitue un nouveau record pour cette période de l'année, généralement marquée par une activité plus faible qu'à l'automne ou à l'été. Il confirme cependant les difficultés auxquelles est confronté le numéro un mondial de la mode bon marché, qui avait habitué les marchés à un rythme de croissance bien supérieur ces dernières années - et notamment depuis la fin de la crise du Covid-19.
Le chiffre d'affaires du géant espagnol, propriétaire des marques Zara, Bershka, Stradivarius ou Massimo Dutti, n'a ainsi progressé que de 1,5% sur les trois premiers mois de l'année, à 8,27 milliards d'euros. C'est légèrement moins que les 8,37 milliards attendus par les analystes.
"Les ventes ont ralenti de manière plus importante que prévu", souligne dans une note Bankinter, qui qualifie de "médiocres" les résultats de début 2025. Les résultats du groupe n'ont pas "atteint les prévisions au niveau opérationnel", abonde Ivan San Felix, analyste de Renta 4.
La progression du chiffre d'affaires n'avait en effet pas été aussi faible depuis 2018, à l'exception de l'année 2020, fortement affectée par le Covid. La hausse du bénéfice n'avait pas été inférieure à 1% depuis dix ans, exception faite là encore de la période de pandémie. A la bourse de Madrid, le titre Inditex perdait près de 5% à 10h30 (08H30 GMT), dans un marché en légère baisse (-0,9%).
Concurrence croissante
Les résultats du premier trimestre sont publiés dans un contexte compliqué pour le commerce mondial, en raison des tensions générées par la hausse des droits de douane chaotique de Donald Trump et leur répercussion sur la confiance des entreprises et le marché des changes.
L'enseigne présidée par Marta Ortega, fille du multimilliardaire et fondateur d'Inditex Amancio Ortega, précise s'attendre à un effet devises négatif de l'ordre de 3% sur l'ensemble de 2025, du fait notamment de la faiblesse du dollar vis-à-vis de l'euro.
Malgré ce contexte international compliqué, le groupe aux 160.000 salariés, qui a dégagé l'an dernier un bénéfice record de 5,87 milliards d'euros, se dit optimiste pour l'ensemble de l'année 2025, disant bénéficier de "grandes opportunités de croissance".
Le géant espagnol a ainsi vu ses ventes progresser de 6% à taux de change constant au début du deuxième trimestre (entre le 1er mai et le 9 juin) par rapport au premier trimestre 2024, un chiffre qui retombe à 3% en incluant l'effet devises.
Inditex bénéficie d'un "fort potentiel" de croissance, en raison de la "flexibilité" de son modèle économique, basé sur un "approvisionnement de proximité", souligne l'entreprise, qui prévoit 1,8 milliard d'euros d'investissements cette année pour améliorer son réseau de distribution.
Le numéro un mondial du prêt-à-porter devant H&M avait déjà vu son titre chahuté après la publication mi-février de ses résultats annuels, les investisseurs craignant l'effet des droits de douane sur la consommation aux Etats-Unis, son deuxième marché après l'Espagne.
Le groupe fait également face à une concurrence de plus en plus rude avec l'essor de marques ultra low-cost, comme l'enseigne d'origine chinoise Shein ou l'irlandaise Primark, qui déstabilisent les acteurs traditionnels du prêt-à-porter.
"Les fondamentaux et le modèle d'affaires" d'Inditex "restent très solides", mais le groupe risque d'éprouver des difficultés pour "continuer d'accroître ses marges à des niveaux très élevés par rapport à ses concurrents", résume Bankinter dans sa note.