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Investissements, commerce et diplomatie : l’UE parie sur l’Inde

By Diane Vanderschelden

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Tanjore Big Temple (Brihadeshwara Tempel) in Tamil Nadu, oudste en hoogste tempel in India. Credits: Pexels, Pravin Kannah Photography

La Commission européenne a effectué une visite officielle en Inde les 27 et 28 février, marquant une nouvelle étape dans le renforcement des relations diplomatiques et commerciales entre les deux puissances. Cette visite, qui réunissait plus de vingt commissaires européens, avait pour objectif de relancer un « partenariat stratégique » entre l'UE et l'Inde, notamment sur trois fronts : le commerce, la technologie et la question de l'Ukraine.

Un accord commercial en vue

Selon Mediapart, les discussions ont abouti à un engagement mutuel pour « parvenir à un accord de libre-échange d'ici à la fin 2025 ». Ce projet s'inscrit dans une stratégie plus large de l'UE visant à diversifier ses partenariats commerciaux, alors que les relations avec les États-Unis et la Chine restent tendues. En 2024, le commerce bilatéral entre l'UE et l'Inde a atteint 120 milliards d'euros, faisant de l'UE le principal partenaire commercial de l'Inde, représentant plus de 12 % de son commerce extérieur, selon Bruxelles.

Toutefois, des obstacles persistent. Un haut fonctionnaire européen, cité par Euronews, qualifie le marché indien de « relativement fermé », notamment sur des produits d'intérêt commercial clés pour l'UE, comme les voitures, le vin et les spiritueux. L'Inde impose en effet des barrières tarifaires élevées sur ces produits, un point de friction important dans les négociations.

La technologie au cœur du dialogue

Outre les aspects commerciaux, la technologie constitue un domaine de coopération stratégique. Après la reprise des discussions en 2022, l'UE et l'Inde ont créé un Conseil du commerce et de la technologie en 2023. Lors de cette visite, ce conseil s'est réuni pour la seconde fois afin de renforcer la coopération dans des secteurs critiques comme l'intelligence artificielle (IA), l'informatique quantique, les batteries de véhicules électriques et la fabrication de semi-conducteurs.

L'Inde, qui accueillera un sommet sur l'IA dans six mois, pourrait trouver un intérêt à coopérer avec l'Europe pour rattraper son retard face à la Chine, estime Anunita Chandrasekar, experte au Centre for European Reform. De plus, les tensions persistantes entre l'Inde et la Chine, illustrées par l'interdiction de TikTok en 2020, pourraient jouer en faveur d'un rapprochement technologique avec l'UE.

L'Inde et la question de l'Ukraine

L'Ukraine a également été un sujet central des discussions entre Narendra Modi et Ursula von der Leyen. Bruxelles cherche à rallier l'Inde à la cause ukrainienne dans un contexte où les Européens restent exclus des négociations de paix entre la Russie et les États-Unis. Toutefois, l'Inde maintient une position neutre, comme en témoigne son abstention lors du vote de l'ONU condamnant l'agression russe.

L'UE souhaite également s'assurer que l'Inde applique les sanctions imposées à la Russie. En novembre 2023, Bruxelles a sanctionné plusieurs entreprises indiennes ayant contourné ces mesures, soulignant l'importance de ce dossier dans les relations bilatérales.

Le corridor Inde-Europe : un lien stratégique

Un autre point clé des discussions lors du sommet UE-Inde a été le Corridor Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEEC). Comme l’a confirmé le Premier ministre indien Narendra Modi, des pourparlers approfondis ont eu lieu avec les dirigeants européens au sujet de cette ambitieuse initiative d’infrastructure.

Ce corridor, déjà en cours de développement, vise à relier l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient (Asie de l’Ouest) grâce à un réseau combinant transport maritime, ferroviaire et routier. "Je suis convaincu que le corridor IMEEC servira de moteur au commerce mondial, à la croissance durable et à la prospérité," a déclaré Narendra Modi lors de la conférence de presse conjointe, selon NDTV.

Ce projet s’inscrit dans l’initiative Global Gateway de l’UE, qui vise à développer des infrastructures sûres et durables à l’échelle mondiale. Il renforce le rôle de l’Inde dans les chaînes d’approvisionnement internationales tout en offrant à l’Europe une nouvelle route commerciale alternative dans un contexte géopolitique en plein boulversement.

Global Gateway, un levier d'investissement

Les investissements de l'UE en Inde s'inscrivent également dans le cadre du programme Global Gateway, une stratégie européenne visant à développer des infrastructures intelligentes, propres et sûres dans les secteurs du numérique, de l'énergie et des transports. Entre 2021 et 2027, Team Europe mobilisera jusqu'à 300 milliards d'euros pour financer des projets durables et de haute qualité, tout en respectant des normes élevées en matière environnementale et sociale.

Selon Le Figaro, l'Inde reproche souvent à l'UE des normes trop strictes, notamment en matière environnementale, ce qui a entraîné des tensions lors de l'adoption du règlement européen sur la déforestation.

Des négociations encore longues

Si la volonté d'avancer est réelle, les discussions entre l'UE et l'Inde restent complexes. Comme le rappelle le Financial Times, les négociations commerciales ont commencé en 2007 avant d'être mises en pause pendant près de dix ans. Parmi les obstacles restants figurent les divergences sur la protection de la propriété intellectuelle et les exigences européennes en matière environnementale, souvent perçues comme excessives par l'Inde.

Malgré ces difficultés, l'Inde et l'UE semblent déterminées à approfondir leur partenariat, dans un contexte géopolitique troublé où les alliances historiques se redessinent.

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