Ipsos crée un pôle dédié à l’évaluation des politiques publiques : un enjeu clé pour la transparence démocratique
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Alors que les décisions publiques sont de plus en plus scrutées et que l’influence des grandes entreprises sur la réglementation suscite des débats, Ipsos annonce la création d’un département consacré à l’évaluation des politiques publiques. Une initiative stratégique qui renforce son expertise en conseil aux décideurs publics et vise à garantir une analyse indépendante des actions gouvernementales.
Selon les informations relayées par Media Dreams, Florian Richard-Dap, expert reconnu dans le domaine, prendra la direction de cette nouvelle entité.
Une approche novatrice pour l’évaluation des politiques publiques
Avec 20 ans d’expérience en conseil aux institutions publiques, Florian Richard-Dap apporte son expertise pour développer une offre d’évaluation des politiques publiques à la fois rigoureuse et différenciante. Ipsos ambitionne de conjuguer méthodologie scientifique, analyse de données et compréhension fine de l’opinion publique pour accompagner les décideurs – ministères, établissements publics et collectivités – dans l’évaluation et l’optimisation de leurs actions.
« Dans un contexte où l’évaluation des politiques publiques devient un enjeu central de la gouvernance, notre objectif est d’offrir aux acteurs publics un cadre d’analyse fiable et pertinent », explique Florian Richard-Dap.
Ancien associé chez PwC, où il conseillait les institutions publiques, et principal chez Roland Berger, il mise sur une approche mêlant expertise technique et intelligence politique.
Brice Teinturier, Directeur Général Délégué d’Ipsos en France, souligne l’importance de cette initiative :
« L’arrivée de Florian et d’une équipe dédiée à l’évaluation des politiques publiques marque une avancée majeure pour Ipsos. Cette culture de l’évaluation est déjà bien ancrée au Royaume-Uni, et nous voulons en faire un pilier de notre activité en France. »
Une évaluation neutre et indépendante : un défi démocratique
Mais une question clé demeure : à qui profite l’évaluation ? Alors que l’open data et l’accessibilité aux données ont renforcé la transparence, ces outils peuvent aussi être détournés au profit d’intérêts privés, influençant l’opinion et les décisions publiques.
Il y a cinq ans, le Conseil d’État appelait déjà à faire de l’évaluation des politiques publiques un « véritable outil de débat démocratique et de décision ». Il soulignait alors que « les avancées remarquables de l’open data et de l’accès sécurisé aux données ont permis de nombreux progrès dans la conduite des évaluations », rappelle Influencia.
Toutefois, cette dynamique repose sur un impératif fondamental : la neutralité de l’analyse. L’évaluation des politiques publiques ne saurait devenir un instrument d’influence au service d’intérêts particuliers. Or, comme le souligne France Bleu, Pierre-Édouard Stérin, milliardaire et soutien affiché de l’extrême droite, entend peser sur les élections municipales de 2026 en aidant son camp à « gagner 300 villes ». Parmi ses leviers d’action, l’acquisition d’un institut de sondage figure en bonne place, soulignant le rôle stratégique des études d’opinion dans la bataille politique.
Dans un tel contexte, le positionnement d’Ipsos sera scruté de près. La crédibilité d’un institut d’évaluation repose sur son indépendance vis-à-vis des pressions économiques et politiques. Ce nouvel axe de développement chez Ipsos pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la consolidation d’une évaluation transparente et objective des politiques publiques – un enjeu d’autant plus fondamental face aux tensions croissantes entre expertise scientifique et stratégies d’influence.
Un enjeu pour l’industrie de la mode face à la réglementation
Au-delà des enjeux politiques, cette nouvelle ligne de services pourrait jouer un rôle clé dans l’évaluation de l’impact de réglementations majeures, notamment dans l’industrie de la mode. Dernier exemple en date : la loi anti-fast fashion en discussion en France, qui vise à encadrer les pratiques des grandes enseignes et à réduire leur empreinte environnementale.
Toutefois, les débats autour de cette législation sont influencés par le lobbying de certaines entreprises du secteur, qui cherchent à influer sur les décisions politiques en mettant en avant des arguments économiques plutôt qu’environnementaux. Certaines enseignes pourraient ainsi commander des études biaisées pour légitimer des positions favorables à leur modèle économique.
Des figures politiques comme Christophe Castaner ont notamment été associées à des discussions avec des acteurs majeurs tels que Shein, soulevant des interrogations sur l’indépendance des processus décisionnels. Pour rappel : Christophe Castaner a un rôle consultatif en tant membre du Comité régional stratégique mis en place par le détaillant pour aborder les sujets de responsabilité sociale et environnementale. Dans ce contexte, une évaluation rigoureuse et indépendante des politiques publiques devient essentielle pour garantir une régulation efficace et transparente.
Vers une meilleure compréhension des impacts des politiques publiques
La création de cette ligne de services chez Ipsos intervient à un moment où les décideurs publics sont confrontés à des défis majeurs, que ce soit en matière de transition écologique, de régulation économique ou de politiques sociales, tant au niveau national qu’européen.
En apportant des données factuelles et des analyses objectives, Ipsos ambitionne d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en place de mesures efficaces et adaptées aux réalités du terrain.
Mais surtout, cette initiative pourrait redéfinir le rapport entre expertise et politique publique en France. Dans un paysage où la frontière entre analyse et influence devient de plus en plus poreuse, la capacité d’Ipsos à garantir une évaluation neutre et transparente sera déterminante. Un enjeu crucial, à l’heure où la confiance dans les institutions et la régulation publique est plus que jamais mise à l’épreuve.