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L’Annus horribilis d’Alibaba

By Herve Dewintre

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Alibaba Media Library

Le géant chinois cumule les déboires et multiplie les coups du sort. Le dernier en date est un quiproquo qui a fait fondre en une matinée la capitalisation du groupe de 26 milliards de dollars (24,5 millards d'euros).

Alibaba a décidement le mauvais œil. La valeur du groupe a chuté de 42 pour cent selon les données présentées par tradingplatform.com au premier trimestre. Une perte sans équivalent cette année. Plusieurs raisons : le retour à la vie normale tout d’abord et la reprise des vols internationaux ont visiblement donné envie aux clients de se tourner de nouveau vers le commerce physique. Parallèlement, la stratégie drastique de « Zero Covid » pratiquée par la Chine, pour l’instant à Shanghai - entrainant la fermeture des usines et la mise au point mort d’une ville de 25 millions d’habitants au désespoir – impacte brutalement l’économie du groupe.

Autre raison, toute aussi décisive : le groupe fondé par Jack Ma n’a jamais tout à fait retrouvé les faveurs de Pékin qui juge sévèrement les ambitions de la société dans le cloud (il s’agissait d’utiliser les ressources informatiques des sites de e-commerce pour les proposer à des clients). Le parti qui n’a guère gouté les critiques énoncées par M.Ma l’année dernière, empêche coute que coute Alibaba de suivre la stratégie d’Amazon qui connaît un grand succès avec Amazon Web Services. Le gouvernement chinois préfère financer (à hauteur de 1 400 milliards de dollars tout de même) une infrastructure de cloud pour les usines, les banques et les institutions publiques tout en multipliant les vexations envers Alibaba et Alibaba Cloud, infligeant au passage une amende de 2,3 milliards d’euros à l’entreprise.

Un quiproquo provoque un krash éclair

Cette malchance inquiète les investisseurs décidément très nerveux, comme le prouve la succession de « flash crash » qui se produit depuis quelques jours. Alibaba a une fois encore fait les frais de cette nervosité ce mardi 3 mai. La raison ? Un reportage diffusé à la télévision chinoise évoquant l’arrestation de Monsieur Ma. Or il ne s’agissait pas de Jack Ma, le fondateur d’Alibaba mais d’un homonyme. Le mal néanmoins était fait : le géant chinois de l’e-commerce a plongé aussitôt de 9 pour cent peu après l’ouverture de la Bourse de Hong Kong, effaçant du même coup 26 milliards de capitalisation.

Il faut dire que le quiproquo avait toute l’apparence de la vraisemblance : le Monsieur Ma avait été arreté dans la ville de Hangzhou, où Alibaba est basé, et avait été placé en détention pour avoir menacé la sécurité nationale via internet. Le radiodiffuseur d’État chinois CCTV précisait que le suspect avait été arrêté le 25 avril, car il était soupçonné de « collusion avec des forces hostiles antichinoises à l’étranger », d’«incitation à la sécession» et d’«incitation à la subversion du pouvoir de l’État». Si le titre Alibaba a récupéré la majorité de ses pertes en fin de journée, le Vaudeville avait clairement valeur d’avertissement : tant que le gouvernement chinois continuera sa répression réglementaire, l’inquiétude (confinant parfois à la panique) des investisseurs à l’égard du secteur technologie chinois va perdurer.

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