L'industrie de la mode serait l’une des principales contributrices de l'esclavage moderne
loading...
Vos vêtements - mes vêtements - sont-ils fabriqués par des esclaves ? C’est, en substance, la question qui subsistera dans les esprits après la lecture d’un rapport, baptisé Global Slavery Index’s2018, publié par la Walk Free Foundation. Cet organisme a été fondé en 2013 par le businessman australien Andrew Forrest. Surnommé Twiggy par ses compatriotes, M.Forrest a fait fortune dans l’exploitation des minerais, il est fondateur et président de Fortescue Metals Group. C’est aussi un philanthrope très actif. En 2017, ce magnat des mines, considéré en 2008 comme la personne la plus riche d’Australie par Forbes, a fait un don de 265 millions d’euros à diverses associations soutenant l’éducation, la lutte contre le cancer, la lutte contre l’esclavage.
Selon le rapport Global Slavery Index’s 2018, l'industrie de la mode serait le deuxième plus grand secteur – après celui de la technologie - à soutenir des pratiques assimilables à de l’esclavage moderne. Cette affirmation choquante s’appuie sur une compilation de données émanant de 167 pays, ainsi que sur 42000 entretiens pratiqués en 53 langues. La définition de l’esclavage moderne est détaillée sur le site de la fondation. Elle inclut le travail forcé, la servitude pour dettes, la traite d’êtres humains, en particulier celle des femmes et des enfants. Ce concept général englobe des cas de figure très divers. La méthodologie employée est décrite à la page suivante : www.globalslaveryindex.org/2018/methodology/overview/
Les pays du G20 importent 125 milliards de dollars de vêtements issus de l’esclavage chaque année
Il ressort de cette étude que plus de 125 milliards de dollars de vêtements issus de l’esclavage moderne seraient importés chaque année dans les pays du G20. Ces pays, qui représentent 80 pour cent du commerce mondial, comprennent les États-Unis, l'Australie, le Canada, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni.
Plus de 40 millions de personnes à travers le monde- dont 70 pour cent de femmes – seraient réduites à une forme moderne d'esclavage. Les deux tiers de ces personnes sont en Asie-Pacifique. Selon le rapport, les trois premiers pays ayant le taux le plus élevé d'esclavage moderne sont la Corée du Nord (4,37 pour cent de la population) qui n’a jamais explicitement criminalisé les formes contemporaines d’esclavage, l’Ouzbékistan (3,97 pour cent de la population) et le Cambodge (1,65 pour cent). L'Erythrée et le Burundi sont également particulièrement pointé du doigt dans ce rapport. En valeur absolu, L’inde est le pays qui compte le plus de personnes soumises à l’esclavage (18,35 millions de personnes) suivi par la Chine (3,39 millions), le Pakistan (2,13 millions), le Bangladesh (1,53 million) et l’Ouzbékistan (1,23 million). Ces chiffres sont à mettre en relation avec d’autres rapports récents qui révelet les conditions de travail inhumaines pratiquées dans certaines usines de vêtements au Bangladesh, en Chine ou au Vietnam. L’Onu révèle de son côté que ces formes d’esclavages se multiplient aujourd’hui en grande partie à cause de la vulnérabilité exacerbée par la pauvreté, la discrimination et l’exclusion sociale.
Ce rapport, qui questionne nos rapports aux vêtements, à leur provenance, aux conditions dans lesquels ils sont réalisés, conclut que ce fléau ne pourra être éradiqué qu’à l’aide d’une réponse mondiale et uniforme. Les consommateurs occidentaux sont invités à soutenir les marques transparentes dans leur chaîne d’approvisionnement.
Crédit photo : www.globalslaveryindex.org, dr