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L'industrie textile regagne des salariés, mais doit gérer les recrutements

By AFP

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L'industrie textile française a vu ses effectifs croître en 2017 pour la première fois depuis 40 ans, a annoncé mercredi l'Union des industries textiles (UIT), et les recrutements et la transmission des compétences restent un enjeu majeur.

Les effectifs du textile en France ont gagné un peu plus 2.000 salariés l'an dernier à 60.531 salariés, dont les deux tiers dans trois régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Grand-Est).

"C'est une très bonne nouvelle. Cela fait 40 ans qu'on avait pas connu des chiffres d'effectifs en augmentation, on était à chaque fois en décroissance très forte", a déclaré à l'AFP le président de l'UIT, Yves Dubief.

La hausse des effectifs a été favorisée par le meilleur contexte économique, et le secteur textile a vu sa production augmenter de 1,4 pourcent l'an dernier.

M. Dubief, président du groupe Thenthorey basé dans les Vosges, note que "le secteur recrute, attire", mais "peut-être n'attire pas suffisament". "On doit encore travailler sur l'image, anticiper les départs, voir que le monde se numérise, qu'il faut attirer des talents et accompagner les nouvelles recrues dans les entreprises", a-t-il poursuivi.

"Comme beaucoup d'entreprises historiques, nous avons à peu près 20 pourcent du personnel qui partira en retraite dans les cinq ans", a constaté Dominique Seau, président du groupe Eminence, lors d'une table ronde organisée par l'UIT, en disant avoir "beaucoup de mal pour recruter" des salariés qui ne sont "pas Bac+2 ou Bac+5".

"L'enjeu de transmission est très fort", alors que certaines formations n'existent plus, a-t-il souligné. Mais parallèlement, le secteur textile doit aussi "répondre aux nouveaux métiers" dans les textiles techniques ou connectés.

Séduire les candidats

Autant de défis auxquels sont confronté la plupart des entreprises textiles, à l'instar de groupe familial de lingerie Chantelle: "de plus en plus aujourd'hui, nous devons séduire les candidats", résume Catherine Pereda, en charge des ressources humaines, qui recrute 200 personnes par an.

En outre, "dans les CV, je n'ai que des Bac+5, et ce n'est pas toujours ce qu'il faut", dit-elle, préférant miser sur un "parcours d'intégration en interne" pour favoriser l'apprentissage des nouveaux salariés.

La vague de départs en retraite de la génération baby boom impose d'anticiper les remplacements, notamment dans les métiers techniques, comme les mécaniciens.

"On forme nos anciens à transmettre aux nouveaux. La transmission est très importante. Il faut être agile et trouver des solutions en interne", explique Mme Pereda.

Mais pour Bruno Nahan, PDG de Bugis, un fabricant de tissus haut de gamme, "les dirigeants n'anticipent pas assez les difficultés de transmission des savoir-faire". Il faut intégrer un remplaçant "au moins un an avant", assure-t-il.

"En douze mois, on a recruté 13 personnes, à 80 pourcent pour compenser des départs en retraite ou en anticiper", raconte Yves Dubief. "On a des binômes, donc ça coûte un peu d'argent, mais on ne peut pas faire autrement".

La question des qualifications techniques est au centre des préoccupations de La Fabrique, un centre de formation aux métiers du textile qui doit "se rapprocher des entreprises" pour faire "un peu plus de sur-mesure". La Fabrique prépare par exemple une formation à la programmation sur machines textiles, en réponse à des demandes.

"En cinq ans, on a vu la production de maroquinerie, de textile, avec l'arrivée du luxe, transformer fondamentalement tout ce qu'on savait", constate Nicolas Philippe, en charge des relations entreprises à La Fabrique.

Initialement prévue pour des jeunes qui débutent, la formation en maroquinerie a aujourd'hui "complètement explosé" avec une demande de cycles de formation plus courts.

L'autre tendance est l'apparition "de plus en plus, sur les sites de production, des centres de formation", avec des entreprises qui développent des formations diplômantes en interne comme Hermès, indique M. Philippe.

"Le luxe cherche à consolider sa filière en prenant le contrôle du +sourcing+ (l'approvisionnement, ndlr) et à créer leur propres structures de formation pour dès le début intégrer ces jeunes dans leurs entreprises", observe le président de l'UIT Yves Dubief. (AFP)

Photo: Pixabay

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