La droite brésilienne appelle au boycott des tongs Havaianas

La célèbre marque de tongs Havaianas est au cœur d'une vive polémique au Brésil. Des personnalités de droite appellent au boycott de l'enseigne nationale après une publicité jugée politiquement marquée, à l'approche de l'élection présidentielle de 2026.

L'élément déclencheur est une vidéo promotionnelle mettant en scène l'actrice Fernanda Torres, star du film « Ainda Estou Aqui » (récemment oscarisé). Dans ce clip, l'actrice invite le public à « ne pas commencer l'année 2026 du bon pied », mais plutôt « des deux pieds ». Ce jeu de mots a été immédiatement interprété par le camp conservateur comme un message subliminal contre la droite et un soutien aux forces progressistes.

Une mobilisation virale du clan Bolsonaro

La réaction la plus virulente est venue d'Eduardo Bolsonaro. Le fils de l'ancien président — ce dernier purgeant actuellement une peine de prison pour tentative de coup d'État — a publié une vidéo sur Instagram où il jette une paire de Havaianas à la poubelle. « Havaianas était un symbole national. J'ai vu de nombreux étrangers porter ce drapeau brésilien à leurs pieds (...), mais désormais, je jette ces tongs », a-t-il déclaré.

Cette offensive a été relayée sur les réseaux sociaux par plusieurs élus, dont le député Rodrigo Valadares, affirmant que « la droite a choisi le boycott ». Des influenceurs influents, comme Thiago Asmar, ont emboîté le pas, jurant de ne plus jamais porter la marque.

Inquiétudes pour l'emploi et crispations historiques

Face à cette fronde, la gauche brésilienne dénonce des « attaques idiotes ». La députée Duda Salabert a notamment alerté sur les risques que ce boycott fait peser sur l'emploi, particulièrement dans le Minas Gerais où la marque possède d'importantes unités de production.

Le groupe Alpargatas, propriétaire de Havaianas et employeur de 10 000 personnes, n'a pas souhaité commenter la polémique. En 2024, l'entreprise a vendu plus de 226 millions de paires de tongs, confirmant son statut de pilier de l'économie brésilienne.

Le conflit dépasse le simple cadre publicitaire : le film de Fernanda Torres, qui traite de la dictature militaire (1964-1985), touche une corde sensible au Brésil. Cette période historique reste un point de fracture majeur entre les sympathisants de gauche et les partisans de Jair Bolsonaro, ces derniers exprimant régulièrement une certaine nostalgie pour le régime militaire de l'époque.

Note De La Rédaction

En portugais, l'expression « commencer du bon pied » se dit « entrar com o pé direito » (littéralement : entrer du pied droit). En disant qu'il ne faut pas commencer 2026 du "pied droit" mais des "deux pieds", l'actrice Fernanda Torres est accusée par les Bolsonaristes de faire un jeu de mots pour dire : « Ne commencez pas l'année avec la Droite (le pied droit), mais avec autre chose. »

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