La maison Chantal Thomass acquise par l’entrepreneur Thierry Le Guénic
loading...
Fleuron de la lingerie française, la marque Chantal Thomass change de propriétaire et devrait revenir à ses fondamentaux.
On ne présente pas Chantal Thomass. Cette créatrice de renom, fille unique d’une mère couturière et d’un père ingénieur, fait partie de ce qu’il faut bien appeler la génération Palace : une génération de créatifs, à laquelle appartient Kenzo et Jean Paul Gaultier, et qui se signale par son aptitude à la fureur de vivre, la fantaisie, l’ambivalence et la sensualité. Une allégresse portée depuis 1975 par la marque du même nom et rendue célèbre par des collections de lingerie caractérisées par un esprit boudoir mâtiné de malice et d’espièglerie.
Un esprit, il faut le dire, largement malmené par le dernier propriétaire en date de la marque. En effet, propriété du groupe Chantelle depuis 2011, la maison Chantal Thomass avait depuis quelques années, glissé vers une nouvelle identité de marque tout en se séparant de sa fondatrice et directrice artistique éponyme. Exit l’humour qui réhabilitait la guêpière ou le porte-jarretelles, fini les teintes douces et poudrées, le feu sous la glace et le raffinement des alcôves, le groupe Chantell avait privilégié un positionnement plus sportif et acide.
Retour aux fondamentaux
Après avoir repris l’an dernier l’enseigne Orcanta au groupe Chantelle, Thierry le Guénic récidive et devient donc le nouveau propriétaire de la marque Chantal Thomass. L’entrepreneur français, ancien directeur de Smalto, est ce qu’on appelle un serial repreneur. Avec son associé Stéphane Collart, il a notamment repris Chevignon, CosmoParis, San Marina qui appartenaient à l’ancien groupe Vivarte mais aussi les maillots de bain Rasurel avant de s’aventurer depuis trois ans en solo dans la reprise d’Habitat, de Burton of London, de la maison Lejaby ou encore de Paule Ka.
Ce rachat s’inscrit dans une stratégie claire qui consiste à créer un nouveau groupe en procédant à des rachats ciblés. L’entrepreneur est reconnu pour son habileté à redresser les maisons qui se sont séparés de leur fondateur et qui traversent des difficultés. Cette expertise sera mise à profit avec cette nouvelle acquisition qui permettra au groupe constitué par Thierry le Guénic de se constituer un pôle lingerie conséquent avec des marques évoluant dans des segments différents, Paule Ka pour le luxe, Chantal Thomass pour le premium, Maison Lejaby pour l’accessible avec Orcanta comme réseau de distribution.
Le montant de la transaction n’a pas été communiqué et le groupe Chantell poursuivra la distribution de la marque Chantal Thomass jusqu’au 31 juillet. Le résultat de la reprise en main sera donc visible à partir du second semestre de cette année. Pour redorer le blason de la marque et la remettre sur la voix de la rentabilité, l’homme d’affaire qui s’appuie généralement sur trois piliers- créativité, technicité des produits et RSE- a d’ores et déjà communiqué qu’il reviendrait aux fondamentaux de la maison sans s’interdire de collaborer de nouveau avec la fondatrice : il faut savoir parfois faire appel aux compétences.
Crédit photo : Madame Chantal Thomass par Jo Zhou