La mode dans les médias : la Chine part en guerre contre les marques de luxe
2 mai 2025
FashionUnited revient, chaque vendredi, sur un fait marquant de l’actualité mode. Entre la Chine et les États-Unis, le torchon brûle depuis quelques mois. En avril dernier, l’administration Trump annonçait une surtaxe de 145% sur de nombreux produits en provenance de Chine. En réponse, Pékin répliquait avec des droits de douane de 125%.
Dans ce bras de fer, les commerçants et les consommateurs sont les plus impactés. Une situation « insoutenable » pour les fournisseurs chinois qui ont décidé de se défendre, en s’attaquant … à l’univers du luxe. C’est en tout cas la version présentée sur les réseaux sociaux, principalement TikTok.
« Des vidéos vues plusieurs millions de fois prétendent que les marques de luxe fabriqueraient presque tous leurs produits en Chine », explique TF1 Info. « Exemple avec l'une des vidéos les plus visionnées : un homme y montre ce qu'il présente comme un sac Hermès vendu 38.000 dollars alors qu'il ne coûterait que 1.395 dollars après sa fabrication en Chine. »
« D'après certaines de ces vidéos, "80% des sacs de luxe dans le monde seraient produits en Chine (...) Louis Vuitton est-il plutôt français ou chinois ? », détaille FranceInfo.
Quel est l’intérêt d’une telle démarche ?
Pour TF1 Info, cette déferlante de vidéos ciblées pourrait être le résultat d’une campagne de déstabilisation orchestrée par la Chine : « Si l'on parle "d'offensive coordonnée" sur ce thème, c'est parce que les vidéos reprenant cette fausse information ont quasiment toutes été publiées en même temps et par dizaines, à compter du 10 avril. Ensuite s'il s'agissait de simples contenus d’influenceurs chinois, elles seraient en mandarin ou cantonnais, or, elles sont toutes en anglais. D’ailleurs les prix sont donnés en dollars. Autant d'indices qui montrent qu'elles s'adressent avant tout à un public américain et européen », indique le site.
Selon le site belge RTBF, cette stratégie « que l’on imagine soutenue, ou pour le moins approuvée par le pouvoir chinois (...) rappelle une vague de boycott en 2021. Cette année-là, plusieurs marques de prêt-à-porter de luxe faisaient l’objet d’un bashing soutenu sur les réseaux sociaux tels que Weibo, le Facebook chinois ».
Afin de mieux comprendre la réalité derrière ces rumeurs, Elle précise : « Si certaines étapes de production ont effectivement lieu en Chine, l’assemblage final des produits de luxe se fait majoritairement en Europe. Les articles dits “de luxe” promus par certains fabricants chinois sont en réalité des pingti — des dupes haut de gamme revendiquant une qualité comparable à celle des grandes marques, grâce à l’utilisation de matériaux similaires à ceux des maisons prestigieuses. Toutefois, ils ne bénéficient ni du savoir-faire artisanal propre aux grandes maisons, ni bien sûr de leur logo. »
La démarche a plutôt bien fonctionné puisque « en 24h, cette vague des tiktokeurs chinois a été vue plus de 2 milliards de fois, d’après l’agence Bloom », rapporte FranceInfo.
Que disent les principales marques concernées ?
« Contactés pour réagir officiellement, les groupes Hermès ou LVMH refusent de commenter et nous disent en off "surveiller le sujet mais ne pas prendre la parole dessus" », explique France Info. Du côté de TF1 Info, le groupe Hermès a déclaré que : « 100% de [leur] maroquinerie est fabriquée en France. »
En off, pourtant, France info a « posé la question à un vendeur [chez Louis Vuitton] entre deux essayages de sacs. “Il faut savoir que les rumeurs sont fausses. On reçoit des matières mais pas des sacs produits directement en Chine". »
Selon Jacques Carles, président du centre du Luxe et de la Création, « le savoir-faire est très technique, il y a beaucoup de sous-traitants mais en France. Et pourquoi est-ce qu'il y a beaucoup de sous-traitants en France ? Parce que les différentes activités du luxe sont des activités qui remontent souvent à deux ou trois siècles. Quand il y a une telle accumulation de savoir-faire, vous n'allez pas pour le plaisir tout délocaliser à l'autre bout de la terre », a-t-il indiqué à France Info. De quoi clore le débat.
Pendant ce temps, les discussions entre les États-Unis et la Chine, qui semblaient être dans l’impasse, pourraient avoir une issue favorable. Le président Trump a affirmé mercredi dernier que les deux pays pourraient parvenir à un accord, tandis que le ministère chinois du Commerce a indiqué, ce 2 mai, étudier les propositions de négociations faites par les États-Unis.