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Le chausseur Minelli sauvé au prix de nombreux emplois supprimés

By AFP

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Magasin de l'enseigne Minelli à Paris. Crédits: Magali Cohen / Hans Lucas via AFP

Marseille - Minelli survit mais avec un coût social élevé. Le chausseur a évité de justesse le sort funeste d'autres marques de prêt-à-porter, secteur en pleine crise, mais va devoir réduire drastiquement le nombre de ses salariés et magasins partout en France.

Placée en redressement judiciaire fin septembre devant le tribunal de commerce de Marseille, l'enseigne va être intégrée dans une nouvelle entité, baptisée "Maison Minelli", composée de trois repreneurs: la marque de luxe "Mes Demoiselles Paris" et les investisseurs basés en France "DS Invest" et "Union Brothers".

Le sauvetage se fera toutefois au détriment de nombreux salariés: sur les quelque 600 personnes qu'employait Minelli fin 2023, seulement 213 pourront garder leur emploi en CDI car près de 400 postes seront supprimés.

Seules 47 boutiques (39 magasins et huit "corners" dans des centres commerciaux) sur les 120 seront conservées, selon une décision du tribunal de commerce de Marseille consultée mardi par l'AFP.

En outre, une autre offre portée par Modessa France a été retenue par le tribunal, cédant le magasin Minelli du centre-ville de Montpellier, avec trois salariés, qui sera exploité sous l'enseigne "Parfois".

"Saignée"

"Cette reprise doit permettre à Minelli de conserver sa place dans l'univers du savoir-faire et de la mode haut de gamme", s'est félicité le chausseur dans un communiqué.

Un enthousiasme plus mesuré du côté des syndicats qui parlent de "saignée au niveau social (...) dure à vivre", a expliqué à l'AFP Christian Macquaire, délégué syndical et vice-président de l'union syndicale nationale chaussures de la CFE-CGC qui a représenté les salariés lors de la procédure judiciaire.

"Des gens sont dans des situations psychologiques très compliquées. Pour certains, retrouver du boulot après 50 ans, ça va être très difficile", s'est de son côté alarmé auprès de l'AFP Philippe Jacques, représentant syndical FO rencontré à l'une des trois boutiques marseillaises qui vont toutes définitivement fermer.

Interpellé par une cliente, éberluée devant ce magasin à la grille demi-ouverte et aux rayons clairsemés de chaussures lui demandant si la boutique était fermée, il répond poliment mais les yeux embués: "oui madame, définitivement".

"Minelli, c'était une image de marque. Fut un temps, madame emmenait sa jeune fille pour lui offrir sa première paire de chaussures. Les clients étaient attachés à cette marque et le personnel aussi, toujours impliqué. Le fait que tout s'arrête, c'est dur à avaler", a-t-il poursuivi.

Son collègue syndicaliste Christian Macquaire se veut plus positif et estime que "Minelli s'en sort plutôt bien car on va pouvoir repartir sur de bonnes bases".

"Le prêt-à-porter est très touché, avec beaucoup d'acteurs, et on est en retard sur le digital", ajoute-t-il.

Améliorer la vente à distance est d'ailleurs l'un des axes de développement présentés par les repreneurs lors de la présentation de leur offre en décembre. Ils ont assuré vouloir travailler sur "le développement de la communication notamment digitale", la "refonte des modalités de distribution", "le renforcement des accessoires et produits phare de Minelli" et "la rénovation du parc de magasins conservés"

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Créée en 1973, Minelli, marque de chaussures destinées principalement aux femmes et d'articles de maroquinerie, échappe ainsi au sort d'autres marques de prêt-à-porter, secteur secoué depuis plusieurs mois par une violente crise.

Camaïeu, Burton of London, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don't Call Me Jennyfer, Du Pareil au Même, Sergent Major, Naf Naf... Ces marques bien connues des consommateurs français ont souffert d'un cocktail détonnant: pandémie, inflation, hausse des coûts de l'énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ou encore concurrence de la seconde main et de la"fast fashion."

Il a été fatal pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec, à la clé, le licenciement des 2.100 salariés qui avait marqué les esprits.

Certaines sont en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Burton of London.

Sans en arriver là, d'autres encore réduisent la voilure, taillant dans les effectifs et fermant des magasins, comme Princesse Tam Tam, Comptoir des Cotonniers (groupe Fast Retailing) ou Pimkie.(AFP)

Minelli