Le Conseil des Entreprises, nouvel outil de "co-construction" de Bercy, salué par le patronat

By AFP

16 avr. 2025

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Business
Bercy (Paris), le ministère de l'Économie et des Finances. Credits: Unsplash.

Paris - Le premier "Conseil des Entreprises" s'est tenu lundi à Bercy, les organisations patronales saluant ce nouvel outil de "co-construction" déployé par le ministre de l'Economie Eric Lombard, autour de sujets comme les droits de douanes ou le prochain budget.

M. Lombard les a reçues avec la ministre des PME Véronique Louwagie et a indiqué vouloir "co-construire avec les entreprises" sur les sujets les concernant.

Une méthode qui est celle du gouvernement Bayrou: le Premier ministre réunira mardi une conférence sur les finances publiques très en amont du budget qui sera présenté en septembre, et en y associant des parlementaires, des organismes de sécurité sociale et les collectivités locales.

Elle a bien fonctionné en début d'année à Bercy. M. Lombard, homme de gauche et ouvertement ami du Premier secrétaire du PS Olivier Faure, avait reçu en janvier tous les groupes parlementaires pour discuter avec eux du budget, qui avait finalement échappé à la censure.

Après la rencontre qui a duré deux heures lundi, mais doit se reproduire toutes les six semaines, les invités ont loué la méthode. "Une initiative opportune", selon le président du Medef Patrick Martin, qui a estimé que ce type de discussion "ouverte, confiante", est "exactement ce dont notre pays a besoin".

"Bêtise"

Un "format très positif" pour Amir Reza-Tofighi, le président de la CPME, tandis que celui de l'U2P (entreprises de proximité) Michel Picon a jugé la rencontre "très intéressante", saluant "le travail sérieux" effectué à Bercy.

Autre invitée, Patricia Barbizet, présidente de l'Afep, le lobby des grandes entreprises, a évité la presse. L'Afep était notamment là pour évoquer les droits de douane que souhaite imposer Donald Trump, car elle représente de très grandes entreprises exportatrices.

Sur ces droits de douane, Patrick Martin a relevé qu'on "se doit d'être extrêmement attentifs au bon équilibre de nos relations commerciales avec la Chine", en guerre commerciale ouverte avec les Etats-Unis, tandis que Michel Picon a évoqué aussi une "crainte de l'envahissement par des produits chinois qui ont déjà mis à mal beaucoup de nos petits commerces".

M. Picon s'est montré sceptique sur l'éventuelle imposition de fortes taxes aux "Gafam" - Google, Microsoft, Amazon, Apple ou Facebook -, remarquant que "toutes les entreprises sont complètement dépendantes de ces outils". Il a appelé à "prendre son temps" sur les droits de douanes, "et à ne pas répondre par la bêtise à la bêtise du président américain".

Amir Reza-Tofighi a insisté également sur la nécessité de simplification pour les entreprises et sur le financement du modèle social, qui devrait basculer "du travail vers d'autres assiettes".

"Très légèrement"

Les 40 milliards d'euros d'efforts à trouver l'an prochain, annoncés dimanche par Eric Lombard pour faire passer le déficit public sous les 5% du PIB, et à répartir sur l'Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales, ont également été un thème central de la discussion. Le patronat est généralement favorable à la baisse des dépenses publiques.

Lundi, M. Lombard a relativisé le montant des économies à trouver : "Quarante milliards d'euros, c'est l'écart par rapport à la trajectoire naturelle du budget tel qu'il est issu de la façon habituelle de travailler". Pour lui, cela équivaut à "légèrement baisser la dépense publique, très légèrement, par rapport à son niveau de 2025". Un peu plus tard, il a comparé cet effort à "stabiliser, voire légèrement baisser la dépense publique".

Du "dialogue avec toutes les parties prenantes", M. Lombard espère voir émerger le "consensus". Pour lui, faire revenir le déficit public sous 3% du PIB - en 2029, selon les prévisions du gouvernement -, est "une cause nationale".

Vendredi, Eric Lombard réunira les organisations syndicales à Bercy, en compagnie de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, pour évoquer l'impact qu'auraient de fortes hausses des droits de douane.

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