Le groupe de cosmétiques Coty envisage d'intégrer la Bourse de Paris

Paris - La Bourse de Paris confirme sa suprématie quand il s'agit d'attirer les secteurs du luxe et de la beauté: le groupe américain de cosmétiques Coty, coté à New York, a indiqué vendredi y envisager une deuxième cotation pour renforcer sa présence en Europe.

"Cette démarche serait en ligne avec l'héritage centenaire de Coty en France et son empreinte commerciale conséquente en Europe", précise dans un communiqué le groupe, dirigé depuis septembre 2020 par Sue Y. Nabi. Si elle se confirme, cette décision constituera une bonne nouvelle pour la place de Paris, qui rivalise avec Londres, Francfort et Amsterdam pour attirer les entreprises internationales en Europe.

Selon les données de l'agence financière Bloomberg, la valeur des actions des entreprises cotées sur le marché de la capitale française a même dépassé celle de la capitale britannique pour la première fois en novembre dernier. L'annonce de Coty intervient également à 10 jours du sommet Choose France, au cours duquel le président Emmanuel Macron réunira des patrons de grands groupes étrangers et destiné à vanter l'attractivité de la France.

"Paris est le berceau historique de la beauté et l'industrie exerce toujours un attrait particulier sur les investisseurs", a déclaré Peter Harf, président de Coty, cité dans le texte, rappelant le rôle prépondérant du luxe et de la beauté sur la place boursière parisienne.

LVMH, Kering, Hermès et L'Oréal représentent à eux seuls près de 40 pour cent du CAC 40, l'indice vedette. Avec une double cotation, "la présence de Coty en Europe serait renforcée et représenterait une opportunité pour attirer de nouveaux investisseurs", précise-t-il.

Le groupe met en exergue les résultats de Sue Y. Nabi, une Française de 55 ans qui avait précédemment travaillé pour L'Oréal et Lancôme avant de créer sa propre marque Orveda, évoquant le "quadruplement de la capitalisation boursière de Coty" depuis sa nomination. Le parfumeur avait été introduit en Bourse à New York en juin 2013, réalisant à l'époque une des plus grosses introduction de l'année aux Etats-Unis en levant 1 milliard de dollars. L'opération valorisait le groupe à 6,6 milliards de dollars.

La capitalisation de Coty frôle aujourd'hui les 10 milliards mais, en 2020 en pleine pandémie et confinements peu propices à l'utilisation de cosmétiques, elle avait touché un plus bas à un peu plus de 2 milliards.

Un Français devenu Américain

Le groupe américain est détenteur d'un certain nombre de licences de grandes marques de parfum comme Gucci, Chloé, Marc Jacobs, Hugo Boss et Burberry, et développe aussi les marques CoverGirl, Bourjois, Max Factor ou Rimmel.

"Coty a su consolider ses positions au sein des trois principales catégories de la beauté, notamment grâce à une accélération spectaculaire du soin et une nouvelle dynamique en Chine soutenue par les succès de Gucci beauty, de Burberry beauty et de Lancaster", ajoute le groupe dans son communiqué.

Sur son exercice décalé 2021-2022 clôturé en juin 2022, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 5,3 milliards de dollars et un bénéfice net de 260 millions de dollars. Coty publiera mardi prochain ses résultats pour le troisième trimestre de son exercice 2022-2023.

Le groupe a été fondé en 1904 à Paris par le parfumeur français François Coty, qui ambitionnait de révolutionner le secteur en fabriquant des produits abordables pour un large public. Dès 1912, il ouvrait des filiales à Londres et New York. Coty a aujourd'hui pris la nationalité américaine et est basé à New York. Après la mort de François Coty en 1934, sa famille est restée au conseil d'administration jusque dans les années 1960, période où le groupe est passé sous la coupe de Pfizer.

Son principal actionnaire est, depuis les années 1990, la holding JAB de la famille austro-allemande Reimann (53 pour cent), devant les gérants d'actifs Blackrock (6 pour cent) et Vanguard (4 pour cent) et Sue Y. Nabi qui détient un peu plus de 2 pour cent du groupe. (AFP)