Le groupe IKKS est repris mais beaucoup d'emplois vont être supprimés
Placé en redressement judiciaire, le groupe de prêt-à-porter français IKKS a trouvé repreneur mais voit ses effectifs réduits de moitié, avec la perte d'environ 500 emplois, selon l'offre de reprise validée par le tribunal des activités économiques de Paris vendredi.
546 emplois directs sur les 1 094
Maintien de 546 emplois directs sur les 1 094 en France et de 119 points de vente: voilà ce que propose l'offre de Santiago Cucci, actuel président de la holding HoldIKKS et dirigeant expérimenté de l'industrie textile, et Michaël Benabou, cofondateur de Veepee (ex-Vente-privée), validée par le tribunal, selon un jugement consulté par l'AFP.
Avec l'offre acceptée, 92 magasins en propre sont repris, représentant 341 emplois. S'y ajoutent 27 corners aux Galeries Lafayette (44 emplois) et 161 emplois au siège. Par ailleurs, 100 points de vente d'affiliés sont repris, soit 300 emplois indirects.
C'est un "coup sur l'emploi terrible" mais le choix de la "meilleure" offre parmi celles déposées, selon Sébastien Hervé, secrétaire général du syndicat CFDT dans le Maine-et-Loire, où se trouve le siège d'IKKS, marque haut de gamme pour femmes, hommes et enfants fondée en 1987.
Le prix de cession est de 700 000 euros et les repreneurs s'engagent à un apport à court terme de 16 millions d'euros. S'y ajoute 700 000 euros d'abondement au plan de sauvegarde de l'emploi pour les salariés non repris, pour notamment des aides à la création d'entreprises ou à la mobilité.
L'échec d’un modèle économique
Comme l'expliquait en octobre 2025 Vincent Redrado, fondateur de DNG – The Consumer Consulting Firm, à FashionUnited, le cas IKKS n’est pas un simple revers conjoncturel lié à l’inflation ou à la concurrence de Shein et Temu. Il révèle l’échec d’un modèle économique qui n’a pas su arbitrer entre ses coûts fixes et sa désirabilité.
Vincent Redrado, dont le cabinet DNG accompagne des marques comme Fusalp, Eric Bompard et Zadig et Voltaire, identifie trois problématiques structurelles qui mènent inévitablement à la cessation de paiements : la dépendance fatale au retail physique, la dégradation de l'image de marque et l'impact accélérateur de la logique LBO. (Lire l'article dans son intégralité)
"Cette offre a le mérite d'exister"
Plombé par la concurrence de la seconde main et de la mode ultra-éphémère venue d'Asie, l'habillement français peine à subsister et, dans ce contexte, l'existence d'une offre de reprise sérieuse était déjà un soulagement face au risque de liquidation judiciaire, funeste couperet tombé sur le groupe d'électroménager Brandt jeudi.
"Cette offre a le mérite d'exister et de maintenir plusieurs centaines d'emplois", explique à l'AFP Hélène Signoret, avocate du Comité social et économique (CSE) représentant des salariés, qui a rendu un avis favorable sur cette offre devant le tribunal.
"Évidemment, ce n'est pas une offre parfaite, elle va s'accompagner de beaucoup de licenciements, notamment sur le siège de Saint-Macaire-en-Auge (Maine-et-Loire, NDLR) et de beaucoup de fermetures de boutiques", regrette-t-elle.
Elle s'inquiète en particulier du sort des salariés du siège, où un poste sur trois seulement serait maintenu, une restructuration pouvant déboucher sur des "difficultés opérationnelles", selon elle. Dans les magasins repris, il n'y a pas de réduction d'effectifs : soit il est repris avec tous ses salariés, soit il est fermé.
L'entreprise possédait fin août 473 points de vente en France et dans 11 autres pays, et employait 1.287 salariés dans le monde, dont 1.094 en France, selon les administrateurs judiciaires.
IKKS a rejoint la longue liste des entreprises françaises de prêt-à-porter en difficulté : Camaïeu, Kookaï, Gap France, Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Kaporal...
Après le difficile passage à la vente en ligne, le Covid-19, l'inflation et désormais la concurrence de la seconde main et de la mode ultra-éphémère, le secteur habillement/textile recule de 1,3% en 2025 et de 8,5% depuis 2019, selon l'Institut français de la mode (IFM).
Cette dépêche AFP a été éditée par la rédaction de FashionUnited.
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