Le luxe et l'inflation : les riches devront-ils bientôt se serrer la ceinture ?

Au troisième trimestre 2022, Hermès a réalisé un chiffre d’affaires de 3,14 milliards d'euros, soit un bond de 32,5 pour cent sur un an, porté par l'ensemble des métiers. Pourtant, la maison de luxe a déclaré qu'elle continuerait d'augmenter ses prix en raison de la hausse des coûts, mais combien de temps ce boom des ventes va-t-il encore durer avant que les riches ne décident de se serrer la ceinture ?

« L'activité d’Hermès a été stimulée par le retour des américains en Europe et en Asie, profitant de la force du dollar. La Chine continentale a également connu un fort rebond pour Hermès après la levée des restrictions liées au Covid-19, bien que certaines restrictions aient depuis été réimposées. Toutefois, les perturbations sur le marché chinois par les confinements liés au Covid ont pesé plus lourdement sur d’autres groupes de luxe comme Kering et L'Oréal, notamment sur les ventes de la marque star de Kering, Gucci, en baisse au cours du trimestre », indique Reuters.

Aujourd’hui, les analystes financiers recherchent des signes indiquant que le boom des dépenses post-pandémiques pourrait s'atténuer après des mois de forte consommation axée sur des marques de créateurs et de luxe.

Le luxe, à l’abri des crises ?

"Le luxe est une industrie qui a l'expérience des situations d'incertitude, mais nous avons beaucoup de ressources... Quels que soient les facteurs qui pèsent à court et moyen terme, les perspectives à long terme restent solides", a déclaré Jean-Marc Duplaix, le directeur financier de Kering dans un communiqué. Il a ajouté que si les affaires avec les grands dépensiers américains étaient fortes, certains produits moins chers appréciés par les consommateurs dits "aspirationnels" se portaient moins bien.

D’après les prévisions, certains analystes s'attendent à ce que la croissance des ventes de l'industrie du luxe commence à ralentir au quatrième trimestre ou à partir de l'année prochaine. Les marques les plus fortes étant susceptibles de conquérir des parts de marché puisque les consommateurs affluent vers les noms les plus connus.

Flavio Cereda, analyste chez Jefferies, a prédit que des marques fortes comme Chanel, Hermès, Louis Vuitton et Dior, ainsi que certaines marques plus petites comme Moncler accéléreront les gains de parts de marché dans la dernière partie de l'année. D’autre part, Sophie Lund-Yates, analyste en chef des actions chez Hargreaves Lansdown, a déclaré que ces labels haut-de-gamme sont bien plus attractifs pour les consommateurs à valeur nette élevée moins susceptibles d’être touchés par des conditions économiques difficiles.

Hermès va augmenter ses prix de 5 à 10 pour cent l’année prochaine

Hermès, qui a depuis toujours des listes d'attente notamment pour ses précieux sacs à main Kelly et Birkin de plus de 10 000 euros, prévoit d'augmenter fortement ses prix l'année prochaine, de 5 à 10 pour cent. Le sellier-maroquinier va donc ainsi suivre les pas des géants du luxe rivaux qui ont augmenté leurs prix tout au long de la pandémie. Cette action s’inscrit dans la suite logique de la conjoncture puisque les groupes Hermès et Kering ont tous deux signalé que les fournisseurs étaient sous la pression de la flambée de l'inflation, notamment des matières premières et des coûts énergétiques.

Malgré tout, Hermès a confirmé un objectif de progression du chiffre d'affaires à taux constants "ambitieux" à moyen terme, sans le chiffrer, et ce "malgré les incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde".